François Chatillon : « Le patrimoine du XXe siècle meurt de la normalisation »
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Architecture
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François Chatillon : « Le patrimoine du XXe siècle meurt de la normalisation »

L’ architecte en chef des Monuments historiques estime que l’on est peu outillé pour s’occuper des édifices récents.

Le Monde | | Par

La cité HLM Pablo-Picasso de Nanterre.

François Chatillon est architecte en chef des Monuments historiques. Son équipe a restauré des joyaux du XXe siècle : les halles du Boulingrin de Freyssinet à Reims, l’appartement-atelier de Le Corbusier à Boulogne-Billancourt (Hauts-deSeine) et sa Cité de refuge à Paris, ainsi que la ­piscine des Amiraux, de Sauvage ou la Maison des sciences, de l’homme de Lods, Depondt et Beauclair.

Quelles sont les difficultés qui freinent les interventions sur des constructions contemporaines ?

Le problème est l’apparente proximité des architectes avec le patrimoine récent. On croit le connaître parce que les techniques paraissent similaires. Bien que l’on soit souvent dans un mode analogue, de type industriel, les choses ont beaucoup changé. Les constructions d’il y a trente ans semblent simples au niveau conceptuel, mais elles sont très complexes dans le ­détail. La proximité historique laisse croire aux architectes qu’ils peuvent facilement intervenir, c’est faux. Il y a cette fausse idée que tout le monde peut maîtriser ce patrimoine.

Les choses ne sont-elles pas en train de changer ?

Il y a un intérêt récent pour ce patrimoine. Il faut s’en réjouir, mais nous n’avons pas encore les outils pour bien s’en occuper. Le travail est assez simple, mais long. Avant tout programme, il faut faire des études préliminaires pour ce que l’on appelle la valorisation : par l’analyse, par les coûts, par le regard, par l’étude scientifique. Il faut arriver à se poser la question : est-ce que ça a une ­valeur, et laquelle ?

La présence d’un architecte du patrimoine dans les équipes offre-t-elle une garantie légale ?

L’architecte du patrimoine n’est pas un représentant de l’Etat. Il a fait le plus souvent une formation à l’école de Chaillot. Pour un ­projet de type « greffe contemporaine » où se pose un problème patrimonial, on l’intègre dans l’équipe. Il se crée, aussitôt,...