Tous les maux du Mexique réunis au Veracruz
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Tous les maux du Mexique réunis au Veracruz

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Reportage

Tous les maux du Mexique réunis au Veracruz

LE MONDE |

Le 1er juillet, 89 millions de Mexicains sont appelés à élire leur président, mais aussi 3 400 autres mandats législatifs et municipaux. Des postes de gouverneur sont aussi en jeu, dont celui de l’Etat de Veracruz, seconde région la plus peuplée du pays (8 millions d’habitants).

Le bilan du gouverneur de cet Etat ,Miguel Angel Yunes, qui avait promis d’éradiquer l’insécurité et la corruption galopantes, est critiqué. Les homicides se sont démultipliés : selon les chiffres officiels, le Veracruz est la cinquième région la plus meurtrière du pays, alors que l’année 2017 s’est révélée la plus violente en vingt ans, avec 25 339 morts, soit 20,5 pour 100 000 habitants. Et 2018 bat déjà de nouveaux records, avec 13 298 assassinats entre janvier et mai, soit 21 % de plus que sur la même période l’année dernière.

Un reportage du photographe James Rodriguez.

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Marcela "Mia" Zurita, 59 ans. Elle est mère célibataire de trois enfants et cherche désespérément son fils aîné depuis octobre 2012. Comme lui, plus de 34 000 Mexicains sont portés disparus aux quatre coins du pays. ici, elle observe un puits dans lequel pourraietnt être cachés des cadavres.
Marcos Contreras Roman, membre de l’association, El Solecito. Avec plus de 200 membres dans le Veracruz, l’association décroche la triste palme nationale des disparus (3 600). Leur collectif est devenu célèbre après avoir localisé, en 2017, la plus grande fosse clandestine d’Amérique latine (295 crânes et des milliers de restes humains), au nord de la ville éponyme de Veracruz qui borde le Golfe du Mexique.
Après avoir enfoncé un pieu dans le sol, il faut retirer la longue tige en acier, avant de sentir son extrémité. « Si ça sent le cadavre, on creuse ». ici, Carlos Francisco Quintana Zurita, membre d’El Solecito.
Des vêtements et chaussures sont retrouvés près d’une tombe clandestine.
Ilaria Arzaba Medran, 57 ans. Elle cherche aussi au sein de l’association son fils, disparu en 2011, à l’age de 19 ans.
Marcos Contreras Roman, membre d’El Solecito, participe aux recherches, « Nous voilà enquêteur, légistes et piocheurs, car les autorités ne recherchent pas nos enfants ».
La photo du fils de de Marcela, Dorian Javier Rivera Zurita, disparu en 2012. Comme lui, plus de 34 000 Mexicains sont portés disparus aux quatre coins d’un pays submergé par la violence des cartels de la drogue, dépassé par la corruption et l’impunité, englouti par la perte d’autorité morale du gouvernement.
Amelia Hernandez Namorado demande que la police recherche son fils Pablo Dario Miguel Hernandez, porté disparu.
« Malicon », la promenade sur la jetée de Veracruz.
Des adolescents échangent leurs numéros de téléphone. Les garçons traquent les touristes sur le port.
Une nonne sur la jetée à Veracruz.
Jorge Sanchez est dubitatif sur l’avenir du Mexique. « C’est le pays du no pasa nada (rien ne change) ». La vie de ce trentenaire au regard sombre a basculé, le 2 janvier 2015, après l’enlèvement de son père journaliste, Moïses Sanchez, dont le corps a été retrouvé démembré.
La maison défraîchie de Jorge Sanchez Ordoñez est entourée de barbelés. Père de deux enfants, il critique le mécanisme de protection des journalistes, mis en place par le gouvernement : « C’est moi qui suis enfermé, alors que les assassins de mon père sont libres » Une patrouille de la police surveille sa maison, équipée de neuf caméras de surveillance. Un garde du corps l’accompagne dans ses trajets quotidiens.
Ulises Ponce, le directeur de Xalapa demande aux policiers de reculer pour faire place au maire qui veut s’entretenir avec les employés municipaux qui réclament le paiement de leur salaire.
Felipe Parra est allé chercher son petit-fils à l’école : «  Oui, l’insécurité rend la vie difficile, mais ici notre communauté est heureusement très organisée, même si tu ne sais jamais ce qui peut arriver.  »
Des centaines d’impacts de balles tapissent les maisons du quartier Villa Rica. Dans la nuit du 27 au 28 février 2017, les échanges de tirs entre des narcotrafiquants et la marine ont duré trois heures, faisant deux morts et un blessé.
Jason Ramirez Lopez, 28 ans. Il est originaire de San Pedro Sula au Honduras, et vit à Cordoba (Etat du Veracruz) depuis dix ans. Il espère retourner très vite dans son pays.
Juan Carlos Julian est originaire du Guatemala. Il se prépare à partir vers le nord après avoir passé la nuit au refuge de Las Patronas, tenu par les sœurs Romero, avant de reprendre cette traversée de tous les dangers.
Bernarda Romero Vásquez, 55 ans, fondatrice et bénévole du refuge Las Patronas qui accueille les migrants.
Carla Maria Aguilar Romero prépare des sacs de nourriture. Les bénévoles de Las Patronas sont des femmes qui tendent des sacs de nourriture et des bouteilles d’eau aux migrants centraméricains qui s’agrippent à la « Bête », surnom donné aux trains qui remontent jusqu’à la frontière américaine.
« Un ami a perdu un pied en tombant du train », raconte Josue Palancia, au refuge de Las Patronas, tenu par les sœurs Romero. « Des policiers m’ont pris mon argent, soupire ce Hondurien de 20 ans. Mais j’ai pu éviter de justesse les barrages des agents de l’immigration qui nous renvoient chez nous, et les narcos qui nous volent, nous recrutent de force ou nous tuent. »
Pour Bernarda Romero, 54 ans, « les autorités ferment les yeux sur les trafics et les crimes contre les migrants, en exécutant le sale boulot des États-Unis ». En 2014, Mexico a lancé, en collaboration avec Washington, le plan « Frontera Sur » (Frontière sud). Officiellement, le programme vise à empêcher les clandestins de monter sur les trains pour éviter les accidents et les violences mafieuses. « En réalité, les arrestations se sont multipliées le long des voies ferrées », dénonce Mme Romero. En 2017, le Mexique a même expulsé davantage de Centraméricains (147 000), que les États-Unis (96 000)…
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Marcela "Mia" Zurita, 59 ans. Elle est mère célibataire de trois enfants et cherche désespérément son fils aîné depuis octobre 2012. Comme lui, plus de 34 000 Mexicains sont portés disparus aux quatre coins du pays. ici, elle observe un puits dans lequel pourraietnt être cachés des cadavres.

James Rodríguez / MiMundo.org pour Le Monde