Centrafrique : au moins 25 000 nouveaux déplacés dans le nord-ouest
Le Monde, 09 Jan 2018
Depuis la fin du mois de décembre 2017, des affrontements ont lieu entre deux groupes armés autour de la ville de Paoua.
Le Monde.fr avec AFP Le 09.01.2018 à 12h13 • Mis à jour le 09.01.2018 à 14h20
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Le « général » autoproclamé Ahamat Bahar du Mouvement national pour la libération de la Centrafrique (MNLC), le 27 décembre 2017, à Betoko, dans le nord-ouest de la République centrafricaine.
Entre 25 000 et 30 000 personnes ont fui les combats entre groupes armés qui ont lieu depuis le 27 décembre 2017 autour de la ville de Paoua, dans le nord-ouest de la Centrafrique, a appris l’AFP lundi 8 janvier de sources concordantes. Les affrontements opposent depuis cette date le groupe armé Mouvement national pour la libération de la Centrafrique (MNLC) créé en octobre par le « général » autoproclamé Ahamat Bahar, au groupe armé Révolution et justice (RJ).
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Nombre de déplacés ont été pris en charge dans des familles d’accueil à Paoua, selon une source au bureau humanitaire de l’ONU (Ocha). « Les humanitaires sont en train de voir où installer un site de déplacés car les familles d’accueil ont atteint la limite de leur capacité », a expliqué cette source à l’AFP, indiquant qu’Ocha avait dénombré 25 000 déplacés à Paoua.
« Ils sont souvent plus de 40 déplacés par famille, ce qui va créer très rapidement des problèmes d’approvisionnement en eau et nourriture », a déclaré, de son côté, Médecins sans frontières (MSF) dans un communiqué. L’ONG estime que 30 000 personnes se sont réfugiées à Paoua.
Villages brûlés, exactions et attaques
« Beaucoup [de déplacés] parlent d’hommes à chevaux qui tirent sur tout ce qui bouge, de personnes décédées ou blessées laissées en brousse », explique dans le communiqué Gwenola François, cheffe de mission MSF. Les personnes fuyant les combats ont fait état, selon MSF, de villages brûlés, d’exactions et d’attaques contre tous ceux qui se trouvaient dans la zone.
La Mission de l’ONU en Centrafrique (Minusca) comptabilisait au 3 janvier deux morts et quatre blessés, indiquant toutefois que les casques bleus avaient ramené le calme en ville. Les affrontements dans cette zone ont violemment repris fin novembre après qu’un chef de RJ, Clément Bélanga, accusé de nombreuses exactions contre la population, a été tué par des membres du MNLC, selon des sources concordantes.
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Face à la violence des combats, MSF a dû fermer progressivement ses sept centres de santé situés autour de Paoua, et estime que trois parmi eux ont été pillés depuis.
La Centrafrique est embourbée dans un conflit meurtrier depuis 2013. L’Etat n’a de contrôle que sur une maigre partie du territoire national, tandis que les groupes armés s’affrontent dans les provinces pour le contrôle du diamant, de l’or et du bétail dans ce pays qui est l’un des plus pauvres du monde.