Au Kenya, il faut venir en aide aux réfugiés somaliens et aux communautés hôtes
Filippo Grandi exprime sa gratitude au Kenya qui a accueilli un demi-million de réfugiés et a gardé ses frontières ouvertes aux personnes qui fuient la guerre.
NAIROBI, Kenya - Filippo Grandi, le chef du HCR, exprime sa gratitude au Kenya qui a continué à accueillir presque un demi-million de réfugiés, et a conservé ses frontières ouvertes aux personnes qui fuient la guerre.
Au cours d’une rencontre avec le président Uhuru Kenyatta mercredi (20 décembre), Filippo Grandi a reçu l'assurance qu'au fur et à mesure de la mise en œuvre du programme de rapatriement des réfugiés somaliens, aucun réfugié ne serait renvoyé contre son gré.
« Alors que beaucoup d'autres pays ferment leurs frontières et adoptent des mesures restrictives, le Kenya continue à accueillir des réfugiés », a souligné Filippo Grandi. « La communauté internationale doit accompagner le Kenya dans sa détermination, avec un financement humanitaire et de développement, ainsi qu’un accroissement des places de réinstallation, des bourses d'études universitaires et autres opportunités. »
“La communauté internationale doit accompagner le Kenya dans sa détermination.”
La crise des réfugiés somaliens entre maintenant dans sa 27ème année et Filippo Grandi a observé que tant que la Somalie reste fragile, de nombreux réfugiés auront peur de rentrer chez eux. Néanmoins, il a noté qu'un nombre important de réfugiés avait décidé de rentrer.
Pour le moment cette année, plus de 35 000 réfugiés du camp de réfugiés de Dadaab sont retournés en Somalie, dans le cadre du programme de rapatriement du HCR, et 18 000 se sont inscrits pour partir. Depuis décembre 2014, plus de 73 000 réfugiés de Dadaab sont retournés volontairement en Somalie.
« Ces réfugiés sont pleins d’espoir, et ont fait des choix éclairés », a déclaré Filippo Grandi, s’engageant à poursuivre le soutien assuré par le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, en les aidant à se réinstaller, à leur retour en Somalie.
President @UKenyatta confirmed Kenya’s hospitality to refugees & said that faster+bigger development support must be given to Kenyan communities hosting them. pic.twitter.com/zWG9eQ063y
— Filippo Grandi (@RefugeesChief) December 20, 2017
Lundi, à Kismayo, en Somalie, là où la plupart des réfugiés de Dadaab se sont réinstallés, Filippo Grandi a rencontré des familles qui avaient vécu dans des camps de réfugiés au Kenya et à Djibouti pendant deux décennies. Bien que les familles aient des inquiétudes liées à la sécurité, elles ont exprimé leur joie de se défaire de leur statut de réfugié et leur détermination à contribuer à la reconstruction de leur pays. Le HCR, avec le Comité américain pour les réfugiés, construit des logements pour les rapatriés qui en ont grand besoin, et fournit une formation professionnelle pour les aider à trouver du travail ou à créer des entreprises.
Au cours d’une visite à Dadaab, avec Ahmed Hussen, ministre canadien de l'Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté, Filippo Grandi s’est entretenu avec des réfugiés qui réfléchissaient sur les alternatives de rester à Dadaab ou de retourner en Somalie. Filippo Grandi et Ahmed Hussen ont tous deux visité le bureau de l’aide au rapatriement où le HCR vérifie soigneusement le caractère librement consenti des décisions de retour. Alors qu’il rencontrait les réfugiés, Filippo Grandi a appelé à renforcer les efforts internationaux pour stabiliser la situation.
« La Somalie a toujours besoin des efforts internationaux pour l’aider à reconstruire ses infrastructures et pour créer des conditions sécuritaires, permettant aux réfugiés de revenir », a-t-il indiqué.
Au cours de sa visite, il s’est entretenu avec des réfugiés somaliens sur les défis qu’ils affrontent et leurs espoirs pour l’avenir. Il a également rencontré les autorités locales et les responsables communautaires.
« C’est très instructif pour moi d’être ici pour vous entendre et mieux comprendre, alors même que nous continuons à faire de notre mieux pour vous aider », a-t-il déclaré, au cours d’une rencontre au camp Hagadera, à Dadaab avec des femmes et des jeunes filles victimes de violences sexuelles et sexistes.
Les femmes et les jeunes filles ont exposé leurs créations artistiques, réalisées après avoir suivi un programme de formation financé par le HCR et géré par le Comité international de secours, qui prête assistance aux femmes vulnérables. Les femmes, qui reçoivent une aide psychologique au centre, ont exprimé leur gratitude pour le soutien reçu, mais ont demandé davantage de matériel de couture pour pouvoir vendre leurs travaux, indiquant un manque d'activités génératrices de revenu dans le camp. « Je peux vous assurer que le HCR et ses partenaires font tout leur possible, avec de maigres ressources, pour satisfaire les besoins les plus élémentaires », a expliqué Filippo Grandi. Il a exprimé son regret que les dons diminuent, à un moment où les réfugiés ici ont encore besoin d'une aide continue.
Recevant Filippo Grandi dans son modeste abri au toit de tôle et au plancher en terre battue, Ladan, une mère de cinq enfants, lui a avoué que les conditions étaient difficiles. Elle a été réinstallée après la fermeture de sa section de camp, à la suite du retour des réfugiés en Somalie. « Trouver assez de nourriture pour mes enfants est une lutte, car l’aide alimentaire a été réduite de moitié », dit-elle, faisant référence au rationnement du programme alimentaire mondial en raison de la réduction des dons financiers.
In Dadaab, some refugees choose to return to Somalia but many others wait for security to improve. Donor support continues to be critical for their survival. pic.twitter.com/v8lkM90FSW
— Filippo Grandi (@RefugeesChief) December 20, 2017
Ses malheurs trouvent un écho parmi les autres réfugiés, y compris les chefs de communauté qui se sont entretenus avec Filippo Grandi et ont expliqué les défis auxquels ils se heurtent dans les camps. Parmi les difficultés citées par les responsables: un taux d’abandon scolaire élevé et l’absence d’éducation supérieure, qui rendent improbables les chances de pouvoir se réinstaller dans d’autres pays, et le manque de services spécialisés pour les personnes qui ont des difficultés d’apprentissage.
Filippo Grandi a écouté attentivement leurs doléances, en particulier les besoins en bourses d’éducation supérieure et de formation professionnelle. Il a rencontré avec Ahmed Hussen, 16 étudiants talentueux à qui ont été accordées des bourses d'études universitaires au titre de l’Entraide universitaire mondiale du Canada, un moment qui a été une source d’inspiration, mais il a déploré le fait que des centaines d'autres diplômés du secondaire ne pourraient pas continuer leurs études.
- Voir aussi: Somalie : Instabilité et sécheresse persistantes, mais aussi une lueur d’espoir, selon le chef du HCR
Le Haut-Commissaire a indiqué qu'il continuerait à faire appel à des donateurs internationaux en leur nom, et à collaborer avec le gouvernement du Kenya dans la réalisation de l’engagement du président Kenyatta à établir un centre d'éducation professionnelle pour les réfugiés de Dadaab et les populations hôtes.
« Notre appel aux donateurs et aux pays d'accueil est pour ne pas abandonner les réfugiés somaliens », a déclaré Filippo Grandi, notant que la Banque mondiale avait alloué 100 millions de dollars en prêts au Kenya, le reconnaissant comme l'un des principaux pays d'accueil des réfugiés. La plus grande partie de cet investissement est prévue pour le développement de l'infrastructure et les programmes de remise en état de l’environnement à Dadaab.
Filippo Grandi a appelé abandonner le modèle de dépendance dans des camps enclavés comme Dadaab. Il a dit avoir trouvé encourageant le fait que le Kenya ait accepté d’être l’un des 13 pays qui ont adopté le Cadre d’action global pour les réfugiés du HCR. « Dans l’avenir », a-t-il déclaré, « nous nous efforcerons d'adopter une approche qui fournit, aux réfugiés et aux communauté d'accueil, l’accès aux services, tout en favorisant l'autonomie et les opportunités économiques, pour améliorer leurs conditions de vie et éviter de créer une dépendance à l’aide internationale. »