Un couple passe du temps à lire et sculpter avec un hôte érythréen
Les Parle accueillent Yonasskindis, 72 ans, qui risquait de se retrouver sans toit après le rejet de sa première demande d'asile.
BIRMINGHAM, Angleterre - Hilary et Jim Parle ont décidé d'accueillir des réfugiés après avoir appris l’histoire tragique d'Alan Kurdi, un réfugié syrien de trois ans, dont le corps inanimé a été retrouvé sur une plage turque en 2015.
« Nous avons vu la photo de ce petit enfant face contre terre sur la plage et notre sang n’a fait qu’un tour », raconte Hilary. « On devait faire quelque chose pour venir en aide. »
Hilary, âgée de 63 ans, a exercé en tant que médecin de famille et elle est aujourd’hui retraitée. Son mari Jim, 62 ans, enseigne la médecine à l'Université de Birmingham. Après le départ de leurs trois enfants, ils avaient de la place dans leur maison qui comprend quatre chambres à coucher.
Sur Internet, Hilary a trouvé le Birch Network, une association qui apporte soutien et solutions d’hébergement aux réfugiés, et le couple a rapidement commencé à accueillir des migrants. Après avoir hébergé quatre personnes, ils ont accueilli en janvier Yonasskindis*, un Érythréen de 72 ans ayant fui son pays d'origine suite à des menaces de mort.
Anciennement comptable et propriétaire d’un bar, Yonasskindis a milité pour le Front de libération de l'Érythrée, le principal mouvement indépendantiste du pays. Il est au Royaume-Uni depuis huit ans.
« Ils sont comme mon frère et ma sœur. Ce sont de des personnes d’une grande gentillesse. »
Sa demande d'asile a été rejetée, mais il fait appel et est autorisé à rester au Royaume-Uni en attendant une décision.
Il dit ne pas pouvoir retourner en Érythrée, le parti au pouvoir (le Front populaire de libération de l'Érythrée) ayant menacé sa vie ainsi que celle de sa famille et de ses amis. Son fils est en prison depuis 2009.
Lorsque sa demande d'asile a été rejetée, Yonasskindis a été expulsé du logement qu’on lui avait octroyé et risquait de se retrouver sans toit, si Hilary et Jim n’étaient pas intervenus.
« Ils sont comme mon frère et ma sœur », dit-il. « Ce sont de personnes d’une grande gentillesse. Je suis diabétique avec de l'hypertension artérielle et un cholestérol élevé. Je dois prendre cinq comprimés par jour. Sans eux, je serais à la rue. »
Hilary et Yonasskindis passent beaucoup de temps ensemble, à sculpter, faire du shopping, cuisiner et partager des repas.
« C’est très simple, on s'assoit l’un à côté de l’autre, on boit du thé et on lit. »
«Tout s’est passé de façon très naturelle », raconte Jim. « Je suis surpris de voir à quel point ça a été facile. Quand les gens nous disent que ce que nous faisons est très courageux, nous leur disons qu’il n’en est rien, que c'est assez facile. Comme moi, il est un lecteur insatiable, nous nous asseyons l’un à côté de l’autre, buvons du thé et lisons. »
Yonasskindis a une mauvaise ouïe, mais les Parle affirment que ça n'a pas été un problème.
« Il aime l'histoire et connait beaucoup de choses », dit Hilary. « Son anglais est excellent, mais il est dur d’oreille, il suffit de parler fort. »
« Je dis aux gens que c’est Jim avec 10 années de plus, ils restent assis tous les deux et lisent le journal ensemble. C’est comme si vous aviez un ami à la maison. Il propose aussi toujours de donner un coup de main. »
Jim ajoute : « On peut avoir une opinion sur l'immigration en général, mais lorsque vous êtes face à une personne c’est autre chose. »
Cette histoire fait partie d'une série intitulée No Stranger Place, un projet conçu et réalisé par la photographe Aubrey Wade en partenariat avec le HCR, consistant en une série de portraits de réfugiés avec leurs hôtes à travers l'Europe. Plus d'un an après la noyade d’Alan Kurdi, un réfugié syrien âgé de trois ans, des milliers de personnes ont uni leurs forces pour surmonter les barrières culturelles et linguistiques, avec compassion, espoir et humanité - alors même que certains gouvernements européens continuent d'ériger des obstacles. Leur générosité est un exemple pour le monde.
*Nom modifié pour des raisons de protection