Un système d'assurance-maladie innovant pour les réfugiés en Iran
La République islamique est l'un des rares pays à faire bénéficier les réfugiés d'une assurance médicale aux mêmes conditions que ses propres citoyens.
Une réfugiée afghane passe un test de l'audition dans un centre médical situé à Mashhad. Le régime d'assurance maladie iranien couvre les réfugiés de la même manière que les ressortissants iraniens.
© HCR/M. H. Salehiara
Najaf Ali Akhoondi, un maçon, a craint le pire lorsqu’il a appris le diagnostic de sa fille Morsal, âgée de 16 ans, atteinte d’une grave maladie des reins. Pour cette famille réfugiée, qui vit dans la banlieue de Téhéran, il était certain que le traitement serait cher et que les maigres revenus du ménage ne permettraient pas de couvrir son coût.
Le médecin qui a examiné Morsal avait expliqué qu'elle était née avec un seul rein et que celui-ci avait cessé de fonctionner à cause d'une grave infection. Son état nécessitait trois séances de dialyse par semaine mais la famille ne pouvait en payer que deux.
« J’étais en train de perdre ma fille », dit Najaf Ali. « Je la voyais souffrir ».
Il s’est alors adressé au bureau local à Téhéran du HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, afin d’obtenir de l’aide face aux dépenses médicales de sa fille, et la famille a pu s’affilier à un régime innovant d’assurance maladie mis en place en 2015 par le gouvernement iranien.
« Elle se sent beaucoup mieux et, donc, nous sommes tous soulagés ».
Morsal a pu bénéficier de séances de dialyse trois fois par semaine, dans un centre médical situé à proximité de chez elle. « Elle se sent beaucoup mieux et, donc, nous sommes tous soulagés », explique son père.
Le système d’assurance maladie publique et universelle (UPHI) permet aux réfugiés afghans et iraquiens en Iran de bénéficier d’une prise en charge identique à celle dont jouissent les ressortissants iraniens, notamment en ce qui concerne les soins hospitaliers, les soins ambulatoires comme les radiographies, ou les coûts des médicaments.
Appuyée par le HCR, cette initiative est gérée grâce à un accord conclu entre l’Agence pour les réfugiés, le Bureau des étrangers et de l’immigration du Ministère de l’intérieur, ainsi que le Ministère de la santé et la Caisse d’assurance maladie en Iran.
Ce programme est le fruit d’un long partenariat entre le HCR et le gouvernement iranien visant à appuyer les efforts entrepris par ce dernier pour permettre aux réfugiés de bénéficier de soins de santé à un coût abordable.
Le système est financé par plusieurs donateurs, dont la Direction générale pour la protection civile et les opérations d’aide humanitaire de la Commission européenne, connu sous l’acronyme ECHO.
Tous les réfugiés enregistrés en Iran peuvent s'affilier à l'UPHI dans les bureaux du gouvernement local appelés « centres Pishkhan », où ils recevront un carnet d'assurance qui leur permettra d’avoir accès à un large réseau d'hôpitaux gouvernementaux ou de cliniques publiques, ce qui leur permettra de bénéficier de soins à un coût abordable.
L’aide du HCR vient compléter la part prise en charge par le gouvernement et couvrait, en 2017, le coût des primes de 110 000 personnes, qui font partie des réfugiés les plus vulnérables et les membres de leur famille, notamment des patients souffrants de maladies graves comme l'hémophilie et des insuffisances rénales.
« Cette initiative mise en œuvre par le gouvernement iranien est particulièrement exemplaire ».
Tous les autres réfugiés peuvent également s’affilier à ce système d’assurance-maladie en payant eux-mêmes les primes.
Iryna Korenyak, responsable du HCR en Iran, salue le gouvernement iranien, qui aide près d’un million de réfugiés vivant dans le pays. « Cette initiative mise en œuvre par le gouvernement iranien est particulièrement exemplaire car elle a permis d’inclure les réfugiés dans son système national de santé », dit-elle.
La République islamique d’Iran est l’un des rares pays au monde à offrir un tel système. L’UPHI a été mise en place pour la première fois en 2014 et l’ensemble des Iraniens en bénéficient. Ensuite, un an plus tard, l’Iran a joué un rôle de précurseur au niveau mondial en permettant à tous les réfugiés de bénéficier d’une assurance-maladie, et le système perdure depuis quatre ans.
Cet exemple, qui consiste à inclure les réfugiés dans les services de santé nationaux – plutôt que de la traiter dans des services de santé parallèles – est une pratique que les HCR souhaite voir appliquer à l’ensemble des situations des réfugiés au niveau mondial.
Cette approche fait partie intégrante de celle nouvellement définie dans la Déclaration de New York pour les réfugiés et les migrants, adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies en 2016, et qui constituera le fondement d’un nouveau Pacte mondial pour les réfugiés. Le pacte vise également à faire en sorte que les pays d'accueil qui se sont dotés de politiques progressistes comme l'Iran soient mieux soutenus par la communauté internationale.