Réfugiés en Equateur : Des cartes d'identité pour mieux redémarrer
Une récente loi permet aux réfugiés d'obtenir les mêmes cartes d'identité que les Equatoriens, ce qui leur facilite l'accès aux emplois, aux opérations bancaires et à d'autres services.
QUITO, Equateur – Après avoir fui le conflit en Côte d’Ivoire, Aiswarya a trouvé qu’il était très difficile pour une réfugiée en Equateur de louer une maison ou de postuler à un emploi sans avoir de pièce d’identité équatorienne.
« Les gens ne font pas confiance à quelqu’un qui ne peut prouver son identité avec une carte d’identité », explique Aiswarya, qui est arrivée en 1999 avec sa mère à Quito, la capitale de ce pays andin.
Reconnue en tant que réfugiée, elle était en possession d’un document attestant de son statut mais tout le monde ne reconnaissait pas forcément ce document comme étant une pièce d’identité.
Elle a pu surmonter cet obstacle en novembre 2017, lorsque le Service d’état civil de la ville de Quito lui a délivré une carte d’identité, à la suite de l’entrée en vigueur d’une loi offrant un certain nombre de garanties aux personnes déplacées comme elle.
Parmi ses principes, la loi sur la mobilité humaine garantit notamment une égalité de traitement pour les réfugiés et les demandeurs d’asile, en leur octroyant un statut de résident, ce qui favorise leur pleine intégration dans la vie du pays.
Le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, a travaillé en étroite collaboration avec le Ministère des affaires étrangères et de la mobilité humaine, ainsi que le Service d’état civil, pour faire en sorte que des cartes d’identité équatoriennes soient délivrées aux réfugiés. Ce fut l’une des grandes étapes de la mise en œuvre de ces changements.
Bien que la Constitution du pays garantisse des droits égaux aux réfugiés et aux demandeurs d’asile, notamment en matière d’accès à des services publics clés tels que la santé ou l’éducation, l’absence de carte nationale d’identité compliquait parfois les contacts avec les organismes tant publics que privés.
« Après avoir travaillé tant d’années en Equateur, je vais enfin pouvoir demander un prêt et construire une maison ».
Ouvrir un compte en banque ou obtenir un prêt restait compliqué. Sans carte d’identité, quelqu’un pouvait aussi difficilement contribuer au système de sécurité sociale ou être inscrit à la sécurité sociale, ce qui est pourtant une étape indispensable pour décrocher un emploi formel et bénéficier d’avantages comme, par exemple, une pension de retraite.
L’Equateur est le pays d’Amérique latine qui accueille le plus grand nombre de refugiés. Fin mars, le pays avait accordé le statut de réfugié à 61 114 personnes, dont la plupart d’entre elles (97 pour cent) ont été déplacées à cause de la violence qui sévit dans la Colombie voisine.
Comme Aiswarya, près de 1 100 refugiés ont obtenu leur carte nationale d’identité depuis le mois de novembre 2017. Ils peuvent ainsi pleinement participer à la vie du pays et contribuer au développement de l’Equateur.
María Clara Martín, Représentante du HCR en Équateur, estime que délivrer aux réfugiés des cartes d'identité semblables à celles des Équatoriens est une avancée majeure. « C'est une mesure novatrice, qui confirme l'engagement international du pays en faveur de l'intégration des réfugiés ».
Le service est aujourd’hui disponible dans la ville de Quito, dans la ville portuaire de Guayaquil, ainsi qu’à Cuenca, dans la chaîne de la Cordillère des Andes. Comme de nombreux réfugiés vivent dans des zones reculées, le HCR aide ceux-ci à se rendre dans les villes pour recevoir leurs cartes, avec l’appui de son partenaire local, l’organisation HIAS (Hebrew Immigrant Aid Society). Jusqu'à présent, plus de 220 réfugiés ont pu obtenir leur carte d'identité grâce à ce soutien.
De son côté, Aiswayra est convaincue que ces cartes d'identité offriront davantage de possibilités aux réfugiés en leur permettant de construire leur vie dans une nouvelle maison et en leur facilitant l’accès à une éducation ou à un emploi. « Après tant d'années à travailler en Equateur, je vais enfin pouvoir demander un prêt et construire une maison », dit-elle.