Sécurité et confiance, des prérequis pour le retour des Rohingyas selon Volker Türk
Le Haut Commissaire assistant du HCR en charge de la protection internationale a rassuré les Rohingyas réfugiés au Bangladesh sur le fait que leur retour ne peut être que librement consenti et s'effectuer dans la sécurité et la dignité.
DHAKA, Bangladesh – Le Haut Commissaire assistant du HCR en charge de la protection internationale, Volker Türk, a conclu ce jour sa visite au Bangladesh par un appel à l'atténuation de l'impact des réfugiés sur les communautés d'accueil et au respect du droit des Rohingyas à retourner vers ce qu'ils considèrent comme leur patrie.
Durant sa visite de cinq jours, Volker Türk a rencontré certains des 600 000 réfugiés qui ont fui l'État de Rakhine dans le nord du Myanmar depuis l'explosion des violences à la fin du mois d'août. Il a constaté de visu la relation entre apatridie et déplacements forcés.
« La situation actuelle est la résultante d'une longue série de discriminations sur de nombreuses années, notamment l’absence de papiers d'identité, de liberté de mouvement et d'accès aux moyens de subsistance », a déclaré le Haut Commissaire assistant. « Les réfugiés m'ont dit avoir le sentiment de ne pas être à leur place. »
« Nous avons dû gravir 11 montagnes et passer 12 jours cachés. »
Dans une extension du camp de Kutupalong dans le district de Cox’s Bazar, M. Türk a rencontré Abdul Salam, presque centenaire, qui a fui Buthidaung avec sa femme et leurs deux filles au début du mois de septembre.
« En tout, je me suis réfugié au Bangladesh à quatre occasions, » se souvient Abdul Salam. « En 1942 quand les Japonais sont arrivés, puis de nouveau en 1978. La troisième fois, je n’arrive pas à me rappeler quand c'était [probablement 1991]. Mais cette fois-ci, ça été la plus dure. Nous avons dû gravir 11 montagnes et passer 12 jours cachés dans la forêt. Comme je ne pouvais plus ni voir ni marcher, ils ont dû me porter. »
Sa femme de 60 ans, Mostaba Khatun, se retrouve réfugiée pour la troisième fois : « en 1978, on m'a dit : ‘ montre-nous tes papiers, tu n'as rien à faire ici.’ Alors, nous avons été obligés de partir. »
Husson Ali, 38 ans, a raconté comment son village de Rathedaung a été rasé à la mi-septembre. « Il y a tellement de gens qui sont morts piégés dans leur maison en feu. Ceux qui ont pu prendre la fuite se sont réfugiés dans la forêt. Il n'y a plus personne dans notre village. »
Aujourd'hui logé dans une tente du HCR à Kutupalong Extension, il n'a pas la moindre idée de ce que le futur lui réserve. Sa priorité du moment est de nourrir sa femme enceinte et leurs quatre enfants sur les rations alimentaires qui leur sont distribuées.
Le gouvernement travaille avec le Gouvernement bangladais et ses partenaires pour apporter une aide et une protection vitale aux réfugiés, notamment de la nourriture, de l'eau potable, un abri et des soins de santé ainsi qu'une prise en charge des traumatismes et des services de regroupement des familles séparées.
Le HCR est également conscient de l'impact de cet afflux de réfugiés sur les communautés d'accueil qui vivent elles aussi dans le dénuement.
Voir également : Selon les premiers résultats du recensement des familles au Bangladesh, un ménage réfugié sur trois est vulnérable
Le HCR travaille avec le Gouvernement bangladais et ses partenaires pour apporter une aide et une protection vitale aux réfugiés, notamment de la nourriture, de l’eau potable, un abri et des soins de santé ainsi qu’une prise en charge des traumatismes et des services de regroupement des familles séparées.
Depuis 1992, le HCR a investi des millions de dollars dans la construction ou l'amélioration de ces projets communautaires. Plus récemment, l'Agence a apporté une contribution de 2 millions de dollars en vue de la construction d'une route d'accès à Kutupalong Extension et a fait don de matériel médical à plusieurs hôpitaux locaux pour leur permettre d'absorber l'augmentation du nombre de cas. Il a également financé les besoins de personnel pour prolonger les heures de consultation jusqu'à 20 h 00 au principal hôpital de Cox’s Bazar.
« Il faut que la sécurité règne et qu'il y ait des garanties de protection. »
Interrogé sur ses projets, Husson Ali, l'un des récents arrivants, a déclaré sans détour : « Si les choses s'améliorent et que nous sommes acceptés en tant que Rohingyas au Myanmar, nous pouvons y retourner et vivre avec les autres communautés. »
S'exprimant au nom du HCR, Volker Türk est allé dans son sens : « Pour qu’un retour soit envisageable, il faut que la sécurité règne et qu'il y ait des garanties de protection. Il faut un engagement extrêmement fort en vue de l'application immédiate des recommandations du rapport de la Commission consultative sur l'État de Rakhine qui a été publié et avalisé par la Conseillère d'État. Il nous faut vraiment constater d'urgence la mise en œuvre de mesures contribuant à rebâtir la confiance des différentes communautés. Elles devront trouver le moyen de vivre de nouveau côte à côte, comme elles l'ont fait dans le passé. »
Il a exhorté Abdul Salam à jouer son rôle d'ancien pour contribuer à rassembler les communautés à l'avenir. D'un signe de tête, le vieillard a convenu que « oui, nous devons faire la paix. »
Le Haut Commissaire assistant a conclu sa visite au Bangladesh par des rencontres avec les partenaires des Nations Unies et des ONG et des représentants du Bureau du Premier ministre et d'autres ministères compétents.
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