Last Updated: Friday, 07 October 2022, 16:32 GMT

Venezuela : information indiquant si les employés du gouvernement sont obligés de participer à des activités visant à promouvoir les politiques étatiques ou des politiciens, y compris celles organisées par les groupes progouvernementaux (aussi connus sous le nom de colectivos et de circulos bolivarianos); traitement réservé aux personnes qui refusent d'y participer; information sur la présence et les activités des groupes progouvernementaux dans des régions autres que Caracas, y compris à Maracaibo et Valencia; protection offerte par l'État (juin-décembre 2017)

Publisher Canada: Immigration and Refugee Board of Canada
Publication Date 19 December 2017
Citation / Document Symbol VEN106030.F
Cite as Canada: Immigration and Refugee Board of Canada, Venezuela : information indiquant si les employés du gouvernement sont obligés de participer à des activités visant à promouvoir les politiques étatiques ou des politiciens, y compris celles organisées par les groupes progouvernementaux (aussi connus sous le nom de colectivos et de circulos bolivarianos); traitement réservé aux personnes qui refusent d'y participer; information sur la présence et les activités des groupes progouvernementaux dans des régions autres que Caracas, y compris à Maracaibo et Valencia; protection offerte par l'État (juin-décembre 2017), 19 December 2017, VEN106030.F, available at: https://www.refworld.org/docid/5b2bb63f4.html [accessed 9 October 2022]
DisclaimerThis is not a UNHCR publication. UNHCR is not responsible for, nor does it necessarily endorse, its content. Any views expressed are solely those of the author or publisher and do not necessarily reflect those of UNHCR, the United Nations or its Member States.
19 décembre 2017
VEN106030.F
Venezuela : information indiquant si les employés du gouvernement sont obligés de participer à des activités visant à promouvoir les politiques étatiques ou des politiciens, y compris celles organisées par les groupes progouvernementaux (aussi connus sous le nom de colectivos et de circulos bolivarianos); traitement réservé aux personnes qui refusent d'y participer; information sur la présence et les activités des groupes progouvernementaux dans des régions autres que Caracas, y compris à Maracaibo et Valencia; protection offerte par l'État (juin-décembre 2017)

Direction des recherches, Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada, Ottawa

1. Groupes progouvernementaux
1.1 colectivos armés

Pour obtenir des renseignements sur les colectivos armés, y compris leurs zones d'activités, objectifs, activités et relations avec le gouvernement, ainsi que sur les manifestations de 2014, veuillez consulter la Réponse à la demande d'information VEN105785 de mai 2017.

Au cours d'un entretien téléphonique avec la Direction des recherches, un professeur adjoint à l'Université La Trobe à Melbourne en Australie, dont les recherches portent sur le droit et la politique au Venezuela, a signalé que les colectivos opèrent d'une manière comparable à un « gang », en raison de leur caractère informel (professeur adjoint 30 nov. 2017). Au cours d'un entretien téléphonique avec la Direction des recherches, un analyste principal de l'International Crisis Group a signalé que « para-policier » est un meilleur terme que « para-militaire » pour décrire les colectivos armés parce qu'ils sont plus intégrés dans les organisations policières et de renseignements que dans les forces militaires (International Crisis Group 1er déc. 2017).

1.2 circulos bolivarianos

Selon des sources, le terme « circulos bolivarianos » n'est pas équivalent à celui de « colectivos armés » (International Crisis Group 1er déc. 2017; professeur adjoint 30 nov. 2017; chercheur invité 4 déc. 2017). Selon des sources, les circulos bolivarianos datent des débuts de l'ère Chavez, vers le début des années 2000 (professeur adjoint 30 nov. 2017; International Crisis Group 1er déc. 2017). Au cours d'un entretien téléphonique avec la Direction des recherches, un chercheur invité à l'École des relations industrielles et de travail (Industrial and Labor Relations, ILR) de l'Université Cornell, qui a publié plusieurs livres et articles au sujet des mouvements sociaux au Venezuela, a signalé que les circulos bolivarianos ont été mis sur pied en tant que structures civiles de quartier afin de participer à l'exécution de programmes civils au niveau des quartiers comme, par exemple, des campagnes de vaccinations (chercheur invité 4 déc. 2017). Selon des sources, il existe aussi des circulos bolivarianos en dehors du Venezuela (chercheur invité 4 déc. 2017; professeur adjoint 30 nov. 2017). D'après le chercheur invité, il n'y a pas de recoupement entre les circulos bolivarianos et les groupes armés (chercheur invité 4 déc. 2017). L'analyste principal d'International Crisis Group a décrit les circulos bolivarianos comme [traduction] « une version antérieure des colectivos » et a signalé que certains membres des circulos sont devenus membres de colectivos (International Crisis Group 1er déc. 2017). Le professeur adjoint fait état de craintes au Venezuela, surtout à partir de 2002, que certains groupes aient accès à des armes et que ceux-ci se mobilisent pour défendre la révolution (professeur adjoint 30 nov. 2017). D'après l'analyste principal, plusieurs circulos bolivarianos étaient des groupes pacifiques qui appuyaient le gouvernement, mais qui, dès leur début, comprenaient des éléments armés (International Crisis Group 1er déc. 2017). Selon des sources, les circulos bolivarianos n'existent plus (chargé de cours 30 nov. 2017) ou ne jouent plus un rôle important (International Crisis Group 1er déc. 2017; chercheur invité 4 déc. 2017). Au cours d'un entretien téléphonique avec la Direction des recherches, un chargé de cours en science politique et en études latino-américaines à l'Université de Toronto, dont les recherches portent sur la politique vénézuélienne et qui a publié plusieurs articles sur le sujet, a signalé que les circulos bolivarianos ont commencé à se dissoudre à partir de 2004 à 2006 et sont devenus des conseils communautaires (community councils) (chargé de cours 30 nov. 2017). De même, le chercheur invité a signalé que les ciculos ont été remplacés par des conseils communautaires élus ou par d'autres groupes de la société civile (chercheur invité 4 déc. 2017).

2. Liens entre les colectivos armés et le gouvernement

D'après le professeur adjoint, les colectivos entretiennent divers liens informels avec le gouvernement, mais la situation est [traduction] « très compliquée » (professeur adjoint 30 nov. 2017). Dans un rapport conjoint publié en novembre 2017 par Human Rights Watch et Foro Penal, une ONG vénézuélienne de défense des droits humains qui s'appuie sur un réseau de 200 avocats bénévoles et offre de l'aide, entre autres, aux personnes victimes de détention arbitraire et de torture, les colectivos sont définis comme des [traduction] « gangs armés pro-gouvernement » responsables « [d']attaques violentes ou de détentions qui semblent être motivées par leur loyauté envers le gouvernement » (Human Rights Watch et Foro Penal nov. 2017, 20).

L'information contenue dans le paragraphe suivant a été fournie par le chercheur invité :

La position officielle du gouvernement est qu'aucun groupe n'a le droit de s'armer, ni de rendre justice soi-même. L'opposition accuse parfois le gouvernement d'avoir des liens avec des colectivos armés, alors que les colectivos font valoir parfois qu'ils sont attaqués par le gouvernement. Il n'y a pas de rapport institutionnel, ni de liens formels entre le gouvernement et les colectivos armés, ni de liens informels officiels. La même source a affirmé ne pas pouvoir confirmer ou nier l'existence possible de liens personnels entre certains individus dans les institutions gouvernementales et des membres de colectivos (chercheur invité 4 déc. 2017).

Le chargé de cours a souligné que, pour l'opposition, le terme « colectivo » est devenu un terme polyvalent désignant les militants chavistes et que, quand des confrontations ont lieu, les médias d'opposition ont tendance à tenir les colectivos responsables de toute agression. Selon la même source, le degré de coordination, de discipline et de subordination au contrôle du gouvernement n'est pas aussi élevé que les médias le laissent croire (chargé de cours 1er déc. 2017). Toujours selon la même source, les gens ont peur des colectivos, mais il existe peu de preuves qu'ils opèrent [traduction] « à la hauteur de leur réputation » (chargé de cours 1er déc. 2017).

Selon le professeur adjoint, le mode de fonctionnement des colectivos varie selon leur niveau de puissance ou leur localisation (professeur adjoint 30 nov. 2017). D'après la même source, les colectivos ne travaillent pas toujours en lien avec le gouvernement et l'appareil de sécurité, mais ils entretiennent différents liens formels et informels avec le gouvernement (professeur adjoint 30 nov. 2017). Certains opèrent de façon plus autonome, alors que d'autres ont des liens ou des ententes avec la police, des tribunaux ou des avocats (professeur adjoint 30 nov. 2017). D'après le professeur adjoint, ces liens sont difficiles à étudier parce qu'ils sont basés sur des relations interpersonnelles entre ces groupes et la police (professeur adjoint 30 nov. 2017).

Le site d'information argentin Infobae note que des membres de colectivos opèrent comme gardes du corps de fonctionnaires du Parti socialiste unifié du Venezuela (Partido Socialista Unido de Venezuela, PSUV) (Infobae 23 avr. 2017). D'après un reportage de BBC, un entretien avec un leader d'un colectivo signale que certains colectivos agissent [traduction] « en toute impunité » et que le gouvernement respecte les actions de certains groupes parce que ceux-ci sont ou étaient membres de la police et sont en contact avec elle » (BBC 7 juill. 2017).

D'après le professeur adjoint, des colectivos armés ont aussi des liens avec des gangs et des activités criminelles (professeur adjoint 30 nov. 2017). De même, InfoBae cite les propos du coordinateur général du Programme vénézuélien de l'éducation Action sur les droits de l'homme (Programa Venezolano de Educación Acción en Derechos Humanos, Provea), une ONG vénézuélienne qui documente et communique les cas de violations des droits de la personne au Venezuela, selon lesquels un grand nombre de colectivos se financent par des activités illégales (Infobae 23 avr. 2017).

D'après le chargé de cours, bien que des individus dans des organisations gouvernementales comme la Garde nationale bolivarienne (Guardia Nacional Bolivariana) puissent parfois fournir un soutien tactique aux colectivos, il est peu probable qu'il y ait une politique explicite au niveau gouvernemental pour les activités des colectivos armés (chargé de cours 30 nov. 2017).

L'information contenue dans le paragraphe suivant a été fournie par l'analyste principal d'International Crisis Group:

Les colectivos armés sont des groupes qui sont politiquement loyaux envers le gouvernement et agissent parfois pour faire appliquer sa politique. Cependant, différents groupes sont impliqués, et tous les groupes n'ont pas nécessairement des liens formels avec le gouvernement. Les liens entre les colectivos armés et le gouvernement sont devenus plus formels depuis les manifestations de 2017, mais les colectivos ne sont pas formellement intégrés dans les forces de sécurité et n'apparaissent pas dans leurs organigrammes. Les membres des colectivos portent souvent une sorte « [d']uniforme » comme, par exemple, une tenue noire avec le visage couvert. Des indices suggèrent qu'ils ont accès à des communications radio et à des contacts avec les forces de sécurité. Le gouvernement tente de passer sous silence ses liens avec les colectivos, mais un nombre croissant de données donnent à penser que ce ne sont pas que des groupes spontanés qui émergent pour appuyer le gouvernement. Par exemple, il semble qu'ils reçoivent certains avantages, dont des motocyclettes et des vêtements. Les colectivos agissent [traduction] « clairement » de concert avec les forces de sécurité, par exemple, lorsque les rues sont bloquées par la police ou la Garde nationale et que les membres de colectivos peuvent tout de même entrer et sortir et lorsqu'ils ne sont pas arrêtés quand ils commettent des actes violents. Il y a beaucoup d'enregistrements vidéo mettant en évidence ce genre de pratique lors des manifestations de 2014 et de 2017, y compris des conversations entre des membres de colectivos et des membres des forces de sécurité (International Crisis Group 1er déc. 2017).

D'après un rapport publié par le Haut-Commissariat aux droits de l'homme des Nations Unies en août 2017, entre avril et juillet 2017, des témoins et des sources ont signalé que des colectivos armés ont opéré avec le consentement, et parfois en coordination avec, les forces de sécurité et les autorités locales (Nations Unies août 2017, iii). D'après le professeur adjoint, il semble y avoir des ententes selon lesquelles les colectivos s'occupent de la sécurité dans certains endroits, ou de menacer des manifestants de l'opposition ou de maintenir l'ordre, comme lors des événements d'avril à juin 2017; ce rôle est joué par les colectivos depuis longtemps (professeur adjoint 30 nov. 2017). Selon la même source, les activés des colectivos peuvent être utiles pour le gouvernement dans la mesure où ils exercent des fonctions qui poseraient des problèmes au gouvernement s'il devait s'en charger, le gouvernement ne pouvant pas commettre d'abus sans être tenu responsable (professeur adjoint 30 nov. 2017). D'après la même source, il est possible que des colectivos prennent en main certaines responsabilités et que les relations avec le gouvernement émergent par la suite (professeur adjoint 30 nov. 2017).

De même, Human Rights Watch et Foro Penal signalent que des colectivos ont parfois [traduction] « travaillé avec les forces de sécurité vénézuéliennes pour réprimer des manifestations » (Human Rights Watch et Foro Penal nov. 2017, 5). D'après la même source, ils ont attaqué des manifestants, des passants ou des personnes qu'ils croient opposées au gouvernement, [traduction] « souvent sous le regard des forces de sécurité vénézuéliennes » (Human Rights Watch et Foro Penal nov. 2017, 20). Selon des sources, un membre de Provea a été détenu par des colectivos armés en 2014, après une journée de manifestations touchées par des violences (Infobae 23 avr. 2017; International Crisis Group 1er déc. 2017).

Human Rights Watch et Foro Penal affirment n'avoir trouvé aucun indice signalant que des hauts fonctionnaires qui étaient au courant ou qui auraient dû être au courant de mauvais traitements commis par des colectivos ont pris des mesures pour les prévenir et les punir; ceux-ci ont minimisé les mauvais traitements ou les ont niées de façon [traduction] « invraisemblable » (Human Rights Watch et Foro Penal nov. 2017, 2). D'après la même source, ces hauts fonctionnaires portent donc la responsabilité des [traduction] « cas graves de mauvais traitements généralisés commis sous leur surveillance » (Human Rights Watch et Foro Penal nov. 2017, 2).

2.1 Manifestations de 2017

Pour des renseignements sur les activités des colectivos avant avril 2017, veuillez consulter la Réponse à la demande d'information VEN105785 de mai 2017.

Le chargé de cours a noté que les colectivos armés n'organisent pas de rassemblements, mais y participent (chargé de cours 30 nov. 2017).

Selon des sources, des manifestations importantes ont eu lieu au Venezuela en 2017 et elles ont entrainé une réponse violente de la part du gouvernement (Human Rights Watch et Foro Penal nov. 2017, 1; New York Times 8 août 2017; Nations Unies août 2017). D'après le rapport de Human Rights Watch et Foro Penal, en avril 2017, des dizaines de milliers de personnes ont manifesté au Venezuela et, depuis avril, plus de 5 400 personnes ont été détenues, dont certaines par des colectivos armés (Human Rights Watch et Foro Penal nov. 2017, 1, 4). D'après le rapport du Haut-Commissariat aux droits de l'homme sur les manifestations entre le 1er avril et le 31 juillet 2017, des colectivos armés se sont introduits à motocyclettes dans des manifestations, ils ont [traduction] « harcelé, attaqué et tiré sur des manifestants, des représentants des médias et des passants » et ont « arrêté des manifestants et participé à des rafles violentes dans des maisons » (Nations Unies août 2017, iii). D'après la même source, les [traduction] « colectivos armés sont présumés responsables d'au moins 27 meurtres » lors de ces manifestations (Nations Unis août 2017, iii). D'après Human Rights Watch, la réponse du gouvernement aux manifestations de 2017 s'est caractérisée par l'utilisation répandue de la violence contre les manifestants anti-gouvernementaux et les détenus; l'étendue et la sévérité de la [traduction] « répression » atteignant des « niveaux inédits » dans l'histoire récente du pays (Human Rights Watch et Foro Penal nov. 2017, 1). D'après la même source, en 2017, les forces de sécurité et des groupes progouvernementaux ont attaqué des manifestants [traduction] « en faisant usage d'une force extrême et parfois meurtrière qui a fait des dizaines de morts et des centaines de blessés » (Human Rights Watch et Foro Penal nov. 2017, 1).

2.2 Pressions pour participer aux activités des colectivos armés et traitement réservé aux personnes qui refusent d'y participer

Pour obtenir des renseignements sur le traitement réservé par le gouvernement ou les groupes progouvernementaux aux personnes soupçonnées de dénonciation ou aux anciens employés du gouvernement, y compris les mesures de protection pour les dénonciateurs, veuillez consulter la Réponse à la demande d'information VEN105784 de mai 2017.

Sans fournir de détails, le professeur adjoint a affirmé que les employés du gouvernement peuvent subir des pressions pour participer à des activités des colectivos pour promouvoir des politiques étatiques ou des candidats politiques (professeur adjoint 30 nov. 2017).

D'après l'analyste principal, il est généralement admis au sein de la population que, pour un individu qui est [traduction] « censé participer à un rassemblement », le fait de ne pas y participer peut avoir des conséquences graves; cet individu pourrait être perçu comme un dissident (International Crisis Group 1er déc. 2017). D'après la même source, un employé du secteur public qui refuse de participer aux activités de soutien au gouvernement pourrait être renvoyé, rétrogradé ou [traduction] « en subir les conséquences » (International Crisis Group 1er déc. 2017).

Selon des sources, l'accès à la l'aide alimentaire offerte par le gouvernement est réglementé par la [traduction] « carte de la patrie » (Carnet de la patria) (chargé de cours, 30 nov. 2017; International Crisis Group 1er déc. 2017). D'après le chargé de cours, dans une situation de pénurie alimentaire, les gens n'ont pas tendance à se plaindre, et il existe une crainte que la délivrance des cartes soit limitée à ceux qui appuient le gouvernement (chargé de cours 30 nov. 2017). Selon des sources, quelqu'un qui refuse de participer à des activités des colectivos pourrait perdre accès à certains avantages, comme l'accès à l'aide alimentaire du gouvernement (professeur adjoint 30 nov. 2017; International Crisis Group 1er déc. 2017). L'analyste principal a signalé que des personnes qui habitent dans des logements sociaux pourraient être expulsées de leur domicile (International Crisis Group 1er déc. 2017). Le professeur adjoint a noté que des colectivos sont impliqués dans des quartiers à logements sociaux, par exemple pour en assurer la sécurité (professeur adjoint 30 nov. 2017). D'après le rapport du Haut-Commissariat aux droits de l'homme, [traduction] « des colectivos contrôlent les activités dans des zones urbaines défavorisées »; par exemple, « ils décident qui reçoit l'aide gouvernementale et réalisent des activités de surveillance et de renseignement pour les autorités » (Nations Unies août 2017, 29).

3. Présence et activités des groupes progouvernementaux en dehors de Caracas

D'après l'analyste principal, en général, les colectivos armés sont présents dans toutes les grandes villes et certaines petites villes du Venezuela (International Crisis Group 1er déc. 2017). Human Rights Watch et Foro Penal ont documenté 88 cas comprenant au moins 314 personnes qui, entre avril et septembre 2017, ont été victimes de [traductions] « violations graves des droits de la personne » de la part des forces de sécurité et colectivos, à Caracas et à travers 13 autres états (Human Rights Watch et Foro Penal nov. 2017, 1).

3.1 Maracaibo

Parmi les incidents documentés par Human Rights Watch et Foro Penal dans le rapport publié en novembre 2017, certains concernent des violations commises dans l'État de Zulia [dont Maracaibo est la capitale] (Human Rights Watch et Foro Penal nov. 2017, 1). D'après le professeur adjoint, des colectivos sont présents à Maracaibo et, pendant les manifestations d'avril à juin 2017, des colectivos venaient aux manifestations et harcelaient les manifestants (professeur adjoint 30 nov. 2017). D'après la même source, le maire de San Francisco, au sud de Maracaibo, est soupçonné d'entretenir des liens forts avec les colectivos (professeur adjoint 30 nov. 2017). En juin 2017, sur son site Internet, la branche de Zulia de Primero Justicia, un parti politique vénézuélien d'opposition (PHW 2015, 1624), rapporte que, selon des manifestants, les colectivos auraient été envoyés dans les rues par le maire de San Francisco, Omar Prieto (Primero Justicia Zulia 20 juin 2017).

3.2 Valencia

Parmi les incidents documentés par Human Rights Watch et Foro Penal dans le rapport publié en novembre 2017, certains concernent des violations commises dans l'État de Carabobo [dont Valencia est la capitale] (Human Rights Watch et Foro Penal nov. 2017, 1). D'après l'analyste principal, la présence et les activités des colectivos armés à Valencia sont [traduction] « évidentes » (International Crisis Group 1er déc. 2017). Par exemple, d'après la même source, un ancien gouverneur de l'État de Carabobo était souvent accusé de diriger des colectivos, y compris à partir d'un tweet dans lequel il semblait leur donner des instructions (International Crisis Group 1er déc. 2017). Selon l'analyste principal, on peut voir, sur un enregistrement vidéo datant des manifestations de 2014, des motocyclettes entrer et sortir d'une installation militaire à Valencia, ce qui laisse penser que les individus concernés sont entrés pour recevoir des instructions (International Crisis Group 1er déc. 2017). Selon des sources, plusieurs manifestants sont morts lors des manifestations à Valencia en 2014 lorsque des personnes à motocyclette ont tiré sur des manifestants (International Crisis Group 1er déc. 2017; Latin Times 19 fév. 2014).

4. Protection offerte par l'État

Selon des sources, il n'y a pas de protection étatique disponible pour les personnes qui refuseraient de participer à des activités des colectivos (International Crisis Group 1er déc. 2017; professeur adjoint 30 nov. 2017). Selon l'analyste principal, l'État de droit n'existe pas actuellement au Venezuela et, en dépit de l'existence de protections constitutionnelles contre la discrimination et d'institutions progressives comme le protecteur du citoyen (Ombudsman), il n'y a pas de recours, à part au niveau international (International Crisis Group 1er déc. 2017). Selon la même source, le gouvernement a signalé que ces recours, tels que les tribunaux internationaux, n'ont pas de juridiction au Venezuela (International Crisis Group 1er déc. 2017). D'après le professeur adjoint, toute protection disponible serait une protection informelle, par exemple utiliser ses connexions avec quelqu'un de plus puissant ou dire [traduction] « ce qu'il faut dire » pour éviter de participer à l'événement (professeur adjoint 30 nov. 2017). Selon la même source, quelqu'un sans accès à de tels liens ou ressources serait vulnérable (professeur adjoint 30 nov. 2017). Selon l'analyste principal, même des personnes avec une position élevée dans la hiérarchie politique peuvent être affectées et quelqu'un qui se situerait plus bas dans la hiérarchie aurait très peu de protection (International Crisis Group 1er déc. 2017). D'après le chargé de cours, il n'existe pas beaucoup de recours pour quelqu'un qui refuse de participer à un rassemblement en période d'élections (chargé de cours 30 nov. 2017). D'après la même source, si un individu travaille pour une entreprise d'État et refuse de participer à un rassemblement alors que le patron veut qu'il y participe, il sera accusé d'être du côté de l'opposition (chargé de cours 30 nov. 2017). D'après le chargé de cours, dans un contexte caractérisé par de vraies pénuries, une liberté d'expression et de dissidence limitées, ainsi que des pressions sociales, la population s'autocensure (chargé de cours 30 nov. 2017). Ainsi, même si le patron ne dit pas explicitement qu'ils pourraient être renvoyés pour ne pas avoir participé à un rassemblement, les employés ont peur des représailles (chargé de cours 30 nov. 2017). D'après la même source, il est rare que les gens contactent la police volontairement pour déposer une plainte parce que la police au Venezuela a une mauvaise réputation et est connue pour commettre elle-même des vols (chargé de cours 30 nov. 2017).

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l'aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais fixés. Cette réponse n'apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile. Veuillez trouver ci-dessous les sources consultées pour la réponse à cette demande d'information.

Références

British Broadcasting Corporation (BBC). 7 juillet 2017. Daniel García Marco. « Qué son los colectivos y cómo operan para "defender la revolución bolivariana" en Venezuela ». [Date de consultation : 29 nov. 2017]

Chargé de cours, University of Toronto. 1er décembre 2017. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.

Chargé de cours, University of Toronto. 30 novembre 2017. Entretien téléphonique avec la Direction des recherches.

Chercheur invité, ILR School, Cornell University. 4 décembre 2017. Entretien téléphonique avec la Direction des recherches.

Human Rights Watch et Foro Penal. Novembre 2017. Crackdown on Dissent: Brutality, Torture, and Political Persecution in Venezuela. [Date de consultation : 29 nov. 2017]

Infobae. 23 avril 2017. Fernanda Kobelinsky. « Quiénes son y cómo operan los colectivos chavistas, el grupo de choque de Nicolás Maduro ». [Date de consultation : 5 déc. 2017]

International Crisis Group. 1er décembre 2017. Entretien téléphonique avec un analyste principal.

Latin Times. 19 février 2014. David Iaconangelo. « Venezuela Protests 2014: 8 Shot, Beauty Queen Génesis Carmona Killed in Valencia ». [Date de consultation : 5 déc. 2017]

Nations Unies. Août 2017. Haut-Commissariat aux droits de l'homme. Human Rights Violations and Abuses in the Context of Protests in the Bolivarian Republic of Venezuela from 1 April to 31 July 2017. [Date de consultation : 5 déc. 2017]

The New York Times. 8 août 2017. Nicholas Casey et Ana Vanessa Herrero. « As Maduro's Venezuela Rips Apart, So Does His Military ». [Date de consultation : 5 déc. 2017]

Political Handbook of the World 2015 (PHW). 2015. « Venezuela ». Sous la direction de Tom Lansford. Washington, DC : CQ Press. [Date de consultation : 15 déc. 2017]

Primero Justicia Zulia. 20 juin 2017. « "Sin Temor a colectivos" de San Francisco la Unidad seguirá en la calle ». [Date de consultation : 5 déc. 2017]

Professeur adjoint, La Trobe University. 30 novembre 2017. Entretien téléphonique avec la Direction des recherches.

Autres sources consultées

Sources orales : avocats en droit du travail au Venezuela; chercheurs en politique vénézuélienne.

Sites Internet, y compris : Associated Press; El Nacional; El Nuevo Herald; El País; Latin American Perspectives; venezuelanalysis.com.

Copyright notice: This document is published with the permission of the copyright holder and producer Immigration and Refugee Board of Canada (IRB). The original version of this document may be found on the offical website of the IRB at http://www.irb-cisr.gc.ca/en/. Documents earlier than 2003 may be found only on Refworld.

Search Refworld

Countries