Le Chef du HCR appelle à un soutien accru pour les réfugiés congolais
Au cours de sa visite d'une semaine dans la région des Grands Lacs en Afrique, Filippo Grandi appelle à redoubler d'efforts pour trouver des solutions pour les réfugiés.
MUSASA, Burundi – Filippo Grandi, le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, a engagé la communauté internationale à renforcer son soutien à la République démocratique du Congo, au Rwanda et au Burundi, alors que ces pays redoublent d'efforts pour mettre en place des solutions durables aux situations de réfugiés prolongées dans la région des Grands Lacs.
Filippo Grandi en a appelé à ces pays voisins d'Afrique centrale, qui accueillent chacun un nombre important de réfugiés des autres pays, pour qu’ils collaborent de façon plus étroite et redoublent d'efforts afin de mettre un terme aux conséquences de plus de deux décennies de conflits étroitement liés et imbriqués.
Louant la générosité de ces pays, Filippo Grandi a assuré toutes les parties que le HCR, l'agence des Nations Unies pour les réfugiés, est toujours prêt à soutenir le dialogue et il s'est engagé à aborder la question de l'augmentation du financement à l'occasion de la Conférence sur la situation humanitaire en RDC et sur les Congolais réfugiés et déplacés internes, qui se tiendra à Genève ce vendredi.
Le Chef du HCR plaide en faveur d'un soutien aux réfugiés de RD Congo (production, Dana Hughes / caméra-édition, Arnold Temple)
« Plusieurs pays de la région continuent d'accueillir un grand nombre de réfugiés. Ils sont 700 000 au total et je pense que cet effort, qui dure depuis de nombreuses années, mérite davantage de reconnaissance », a déclaré le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés à la fin de sa visite d'une semaine dans la région.
Humanitarian conference on DRC in Geneva today is an important opportunity to mobilize resources in support of Congolese people including the 750,000 who are refugees abroad. pic.twitter.com/lK8wYVXJwP
— Filippo Grandi (@RefugeesChief) April 13, 2018
« Nous devons reconnaître la générosité de ces pays hôtes et des communautés qui les accueillent et partagent leurs maigres ressources. Il ne faut pas considérer comme acquise cette générosité. Ces pays ont besoin de soutien. Ce que j'ai constaté ici, c'est que les besoins les plus élémentaires ne sont que partiellement couverts », a-t-il ajouté.
Au cours de sa visite, Filippo Grandi a rencontré des réfugiés congolais au Rwanda et au Burundi, des réfugiés burundais en RDC et au Rwanda, ainsi que des réfugiés rwandais qui se préparent à rentrer chez eux après avoir passé plus de 20 ans au Congo. Tous leurs témoignages sont similaires. Ils veulent la paix et la sécurité pour pouvoir travailler et offrir une éducation à leurs enfants.
De nombreux réfugiés ont évoqué les difficultés qui résultent des grands mouvements de population et de l'insécurité — les abris de fortune, la pénurie alimentaire, les infrastructures d'éducation et de santé dépassées. La plupart d'entre eux disaient vouloir simplement travailler et être autosuffisants.
Au Burundi, il a rencontré un groupe de jeunes réfugiés qui l'ont appelé ‘Papa’ et lui ont demandé d'essayer de leur donner davantage d'opportunités.
Filippo Grandi a expliqué que leurs préoccupations soulignent la nécessité d’une approche plus inclusive. Toute forme de soutien devra à l’avenir intégrer la dimension des réfugiés jusqu'à ce que des solutions pérennes soient trouvées.
« C'est à eux de construire l'avenir. Et nous devons les y aider, et pas simplement leur fournir des articles de première nécessité et de la nourriture. Nous devons les aider aussi à apprendre un métier, à accéder à une meilleure éducation, les aider à se déplacer plus facilement dans le pays pour qu'ils puissent aller chercher du travail », a-t-il dit.
Il a également ajouté qu'il est impératif d’adopter une approche globale et de veiller au développement des communautés d’accueil.
Congolese refugee women in Musasa, Burundi, refuse to depend on aid alone, and start small businesses thanks to a microfinance project run by @theIRC. pic.twitter.com/n9umQeoPKO
— Filippo Grandi (@RefugeesChief) April 12, 2018
« L'assistance humanitaire garde toute son importance, mais nous devons impérativement changer de démarche quant au type d'aide que nous offrons. Nous devons encourager davantage l'autosuffisance ainsi qu’une plus grande inclusion au sein des communautés locales », a-t-il expliqué.
« Nous devons également aider la communauté locale pour que son économie interne puisse absorber le nombre de gens supplémentaires et que sa propre population puisse aussi en bénéficier. Ces régions sont pauvres et elles partagent leurs maigres ressources. Nous les remercions de leur hospitalité », a-t-il ajouté.
Ruzigama Gentil, 22 ans, avait emprunté un beau pantalon blanc et une chemise assortie pour rencontrer le Haut Commissaire ; il lui a raconté qu'il a quitté le Congo et la région agitée du Sud-Kivu pour venir au Burundi il y a 10 ans, lorsqu’il avait 11 ans.
Expliquant qu'il n’a pas perdu espoir, il a fait part de sa frustration par rapport au manque d'opportunités qui s’offrent à lui.
« Même si je parviens à terminer le secondaire, je ne trouve pas de travail et je n'ai pas les moyens de poursuivre mes études. Il n'y a pas de travail pour nous ici. Un travail, ça aide dans la vie », a-t-il ajouté.
Tous les retours doivent être ‘volontaires’, a rappelé Filippo Grandi.
À Goma, Filippo Grandi a rencontré des réfugiés rwandais en attente d’un retour dans le pays qu'ils ont quitté il y a plus de 20 ans et qui comptent parmi les 220 000 Rwandais réfugiés en RDC.
Ils ont expliqué à quel point il est difficile de se rendre aux points de regroupement à partir desquels on peut aller aux points de passage frontière sans risquer de se faire attaquer par des ‘forces négatives’ opposées à la paix.
Filippo Grandi s'est félicité d'apprendre que certains réfugiés burundais quittent la Tanzanie pour rentrer au Burundi, mais il a rappelé que tous les rapatriements dans la région doivent être volontaires.
« J'ai rencontré le Président du Burundi et bon nombre de ses fonctionnaires. Ils m'ont assuré que tous ceux qui désirent rentrer sont les bienvenus. J'ai dit au Président que c'est une excellente chose, mais que ce qu'il faut, ce sont deux conditions. D'une part la sécurité : les gens doivent être confiants du fait que leur sécurité est assurée. Et ensuite il faut un bon programme de réintégration pour permettre aux gens de reconstruire leur vie dans leur propre pays », a-t-il souligné.