Des réfugiés vulnérables évacués depuis la Libye durant la visite du chef du HCR

122 réfugiés, pour la plupart des femmes et des enfants, ont été évacués par avion après avoir été identifiés selon les conditions requises par un nouveau programme international. Ils seront réinstallés prochainement dans un pays tiers.

Le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés Filippo Grandi jette un bouquet de fleurs dans la mer à Abu Setta en Libye, avant d'observer une minute de silence pour honorer la mémoire des milliers de réfugiés et de migrants qui ont péri en mer en tentant de rejoindre l'Europe.

Le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés Filippo Grandi jette un bouquet de fleurs dans la mer à Abu Setta en Libye, avant d'observer une minute de silence pour honorer la mémoire des milliers de réfugiés et de migrants qui ont péri en mer en tentant de rejoindre l'Europe.   © HCR/Jehad Nga

TRIPOLI, Libye - Le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés Filippo Grandi a embarqué aujourd'hui (mardi 19 juin) à bord d'un vol affrété à destination du Niger au côté de 122 réfugiés, pour la plupart des femmes et des enfants.

Les réfugiés, qui étaient détenus dans la capitale libyenne, ont été identifiés par le HCR comme étant « extrêmement vulnérables » et remplissant les conditions requises pour l'évacuation et la réinstallation, dans le cadre d'un nouveau programme international. Après un examen de leur situation au Niger, les réfugiés seront transférés vers des pays tiers participant au programme de réinstallation pour les réfugiés.

Plus tôt dans la journée, Filippo Grandi s’était rendu auprès du groupe de personnes évacuées alors qu'elles se préparaient à quitter le centre de détention de Triq Al Sika à Tripoli, où elles avaient passé des mois dans des espaces surpeuplés.

Les femmes restées dans le centre de détention les saluaient et sanglotaient

Sur place, il était également présent lorsque les réfugiés sont montés à bord des bus avec une valise, leurs effets personnels. Beaucoup tenaient dans leurs bras de jeunes enfants, certains nés d’agressions sexuelles subies au cours du voyage. Dans l'un des bus, des femmes érythréennes ont exprimé leur soulagement à l'idée de partir en entonnant un chant de prière. Les femmes restées dans le centre de détention les saluaient et sanglotaient alors que les autobus s'éloignaient, craignant de ne pas avoir les mêmes chances et de rester indéfiniment détenues.

Filippo Grandi a remercié les autorités libyennes d'avoir permis au HCR d'accéder à 6 000 personnes détenues dans des centres de détention gérés par le gouvernement. Cet accès permet au HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, d'identifier et d'évacuer les personnes ayant besoin de protection internationale et d'améliorer les conditions qui, selon lui, se sont améliorées depuis sa dernière visite il y a plus d'un an, mais qui restent « épouvantables ».

Il a noté que le HCR et le ministère libyen de l'Intérieur ouvriront bientôt un nouveau centre de rassemblement et de départ, qui accueillera jusqu'à 1 000 réfugiés vulnérables dans un environnement digne pendant que leurs cas sont traités en vue de leur évacuation ou de leur réinstallation directe vers des pays tiers.

Filippo Grandi a réitéré son appel à la communauté internationale pour 40 000 places disponibles afin d’accueillir les réfugiés depuis la Libye et 14 autres pays le long de la route de la Méditerranée centrale. Il a félicité les pays de leur offre pour 25 000 places, mais a exprimé sa déception sur le fait que moins de 2 000 réfugiés ont déjà été réinstallés.

« La mise en œuvre des offres de places de réinstallation est très lente. »

« Malheureusement, la mise en œuvre des offres de places de réinstallation est très lente », a déclaré Filippo Grandi, appelant les pays de réinstallation à accélérer leurs procédures directement depuis la Libye et depuis l'installation de transit au Niger.

Pendant ce temps, des réfugiés et des migrants désespérés continuent de payer des passeurs impitoyables pour effectuer des traversées périlleuses vers l'Europe. Nombre d'entre eux ont été victimes de torture, de viol ou d'esclavage par des bandes criminelles le long de la route. Les canots pneumatiques ou les bateaux de bois et impropres à la navigation dans lesquels ils sont obligés d'embarquer sont notoirement bondés et beaucoup chavirent.

 

Lors d'une visite au quai de débarquement où les réfugiés et les migrants secourus ou interceptés en mer sont renvoyés en Libye par les garde-côtes libyens, Filippo Grandi a jeté un bouquet de fleurs dans l'eau pour honorer la mémoire des personnes perdues en mer.

« On parle beaucoup de statistiques », a-t-il déclaré. « Les gens qui arrivent en Libye, ceux qui traversent la Libye ou qui tentent la traversée depuis cette côte. Toujours des chiffres. Les gens qui arrivent en Europe, ceux sont débarqués. Encore des chiffres. Et je pense qu'il ne s'agit pas de chiffres, mais surtout d’êtres humains. »

« Ce sont des femmes, des hommes, des enfants. Des gens désespérés qui risquent leur vie, et qui perdent souvent la vie, pour un avenir meilleur. Et pour beaucoup d'entre eux, la fin est tragique, et je pense que c'est surtout ceux qui ont perdu la vie que nous voulons nous rappeler ici sur cette jetée », a-t-il ajouté.

Filippo Grandi, Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, rencontre des familles dans l'installation de déplacés internes de Triq Al Matar à Tripoli. Les familles présentes dans l'installation sont déplacées internes depuis la révolution libyenne de 2011.

Filippo Grandi, Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, rencontre des familles dans l'installation de déplacés internes de Triq Al Matar à Tripoli. Les familles présentes dans l'installation sont déplacées internes depuis la révolution libyenne de 2011.  © HCR / Jehad Nga

Au cours de la visite, le Haut Commissaire a également rencontré des membres des 370 familles libyennes déplacées de la ville de Tawergha qui ont trouvé refuge dans le camp de Triq Al Matar, à la périphérie de Tripoli, il y a sept ans. « Nous apportons également un soutien aux Libyens qui ont été et continuent d'être déplacés par les tensions dans le pays », a déclaré Filippo Grandi, appelant à un soutien accru pour les personnes déplacées libyennes. « Il ne faut pas les oublier. »

Filippo Grandi s'exprimait le jour de la publication d’un nouveau rapport du HCR révélant que les guerres, la violence et la persécution avaient déraciné un nombre sans précédent d'hommes, de femmes et d'enfants à travers le monde en 2017, rendant plus nécessaire que jamais une nouvelle approche mondiale sur les réfugiés.