Libye: Le HCR intensifie ses efforts pour des alternatives à la détention

Au vu des conditions dramatiques dans les camps existants, le HCR négocie la mise en place un centre d’accueil ouvert pour les réfugiés et les migrants.

Un groupe de détenus à l’intérieur d’un centre de détention à Tripoli. Mai 2017. © HCR / Iason Foounten

GENÈVE, Suisse – La Libye continue de représenter l’une des situations de migration mixte les plus complexes au monde, les réfugiés voyageant aux côtés des migrants en empruntant des itinéraires périlleux et survivant à des traversées dangereuses du désert et à des sévices tels que la violence sexuelle, la torture, la détention dans des conditions inhumaines et les enlèvements contre rançon. Tout cela se passe avant même qu’ils s’embarquent dans la traversée meurtrière de la mer Méditerranée où le risque de mourir s’élève à 1 sur 39. La Libye est également le théâtre d’un conflit qui a provoqué le déplacement de centaines de milliers de Libyens.

Si les mouvements migratoires mixtes irréguliers peuvent poser des défis aux Etats, la détention n’est pas la réponse. En tant qu’agence en charge de la protection pour les réfugiés, le HCR est opposé à la détention systématique des réfugiés et des déplacés et a dénoncé très clairement, y compris au plus haut niveau, les conditions déplorables dans lesquelles les réfugiés et les migrants sont maintenus dans les centres de détention en Libye. Par exemple, au cours d’une récente visite à Tripoli, le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Filippo Grandi, a rencontré des réfugiés et des migrants dans les centres de détention et a exprimé sa « vive émotion face aux conditions effroyables dans lesquelles les réfugiés et les migrants sont détenus ».

Dans le même temps, le HCR est en train de négocier avec les autorités libyennes la mise en place d’un centre d’accueil ouvert qui accorderait la liberté de circulation aux réfugiés et aux demandeurs d’asile, en donnant la priorité aux plus vulnérables d’entre eux. Dans ce centre d’accueil, le HCR pourrait assurer l’enregistrement, l’hébergement, la nourriture, des services sociaux, des conseils et un soutien auprès des survivants de violence sexuelle et liée au genre, ainsi que des solutions dans les pays tiers pour les plus vulnérables.

Le HCR assure une aide et une protection à plus de 535 000 personnes en Libye, dont plus de 226 000 Libyens déplacés par le conflit, 267 000 Libyens qui sont désormais rentrés chez eux mais qui continuent d’être dans une situation vulnérable, et 42 834 réfugiés et demandeurs d’asile enregistrés.

Tout en exprimant ses préoccupations quant aux conditions qui règnent dans les centres de détention, le HCR considère qu’il est important de maintenir un dialogue avec les autorités compétentes en Libye afin d’assurer l’accès, de distribuer une aide vitale et de plaider pour un meilleur accès à un contrôle préalable, à l’identification et à l’enregistrement, ainsi que des mesures de prévention des risques de violence sexuelle et liée au genre.

« Nous effectuons des visites régulières dans les centres de détention officiels afin de fournir une aide vitale », explique Roberto Mignone, le Représentant du HCR pour la Libye. « Notre présence dans ces centres de détention ne signifie pas que nous approuvons l’existence de ces lieux ni ce qui s’y passe. Il est cependant de notre devoir d’offrir une aide aux réfugiés et aux demandeurs d’asile et de plaider pour leur protection, y compris quand ils sont en détention. Cette année, le HCR et ses partenaires ont effectué 658 visites dans les centres de détention. Grâce à nos efforts conjugués, près de 1 000 réfugiés et demandeurs d’asile ont été libérés de ces lieux ».

En Libye, le HCR s’efforce d’améliorer la situation de centaines de milliers de civils affectés par le conflit. Il s’emploie également à fournir une protection internationale, une aide humanitaire et des solutions aux personnes relevant de sa compétence qui vivent dans le pays, ou qui sont en transit vers l’Europe. Le HCR travaille en étroite coordination avec l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et d’autres partenaires. Tous ces organismes sont confrontés à de nombreuses contraintes, notamment l’accès limité dans l’ensemble de la Libye en raison de la situation sécuritaire actuelle. Malgré tout, le HCR fait son possible pour accroitre sa présence et sa réponse à l’intérieur de la Libye par l’intermédiaire d’employés nationaux, de partenaires et de la présence régulière, par rotation, d’employés internationaux qui opèrent actuellement à partir de Tunis.

Compte tenu des besoins humanitaires urgents et des conditions déplorables qui règnent dans les centres de détention, il est essentiel que le HCR continue de participer à l’apport d’aide vitale, de protection et de solutions et de plaider pour des alternatives à la détention, ce qui constitue une priorité absolue.

« L’assistance que le HCR fournit dans les centres de détention contribue à soulager la souffrance des détenus », déclare Roberto Mignone. « Nous distribuons des kits d’hygiène, des couvertures, des chaussons et des vêtements. En outre, par l’intermédiaire de notre partenaire IMC (International Medical Corps), nous sommes en mesure d’assurer des soins de santé de base à ceux qui en ont besoin, ce qui est souvent la seule assistance médicale à laquelle les détenus ont accès ».