Le HCR réclame un plan régional pour les réfugiés en Méditerranée
Le chef de la protection à l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés déclare que les politiques restrictives, comme le renvoi des réfugiés et la fermeture des frontières, n'empêchent pas les réfugiés et les migrants d'entreprendre des voyages périlleux.
NEW YORK – Le chef de la protection au HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, a appelé ce jour les pays à envisager l’élaboration d’un plan régional pour mieux gérer le flux de migrants et de réfugiés en Méditerranée centrale, tout en notant que les mesures restrictives ont livré les personnes aux mains des passeurs.
Dans un discours devant l’Assemblée générale des Nations Unies à New York, Volker Türk, le Haut‑Commissaire assistant en charge de la protection, a déclaré qu’il était « entièrement possible de gérer les déplacements massifs de populations en mettant en place les bons systèmes et en affichant une volonté de coopération ».
S’exprimant lors d’une séance consacrée à la migration dans le bassin méditerranéen, il a déclaré : « Le moment est peut‑être venu d’étudier la possibilité d’élaborer un plan régional global pour gérer la situation des migrants et des réfugiés traversant la Méditerranée. »
Il a dressé la liste des choses qui n’allaient pas : la fermeture des frontières, le renvoi, la violence, la détention et l’accueil dans des conditions déplorables.
« Toutes ces choses créent des environnements où la contrebande et la traite des êtres humains peuvent prospérer et se diversifier. Les réseaux criminels continuent de faire un tort terrible aux réfugiés et aux migrants, qui n’ont souvent guère d’autre choix que d’avoir recours à eux. »
Cette année, jusqu’à présent, plus de 30 200 réfugiés et migrants ont risqué leur vie pour traverser la Méditerranée en direction de l’Europe, et au moins 905 ont péri ou disparu pendant le voyage.
Volker Türk a ajouté que l’utilisation d’une rhétorique xénophobe et populiste, qui joue sur la peur des gens, avait exacerbé la détresse des réfugiés. Cependant, personne ne sait mieux que les réfugiés ce que l’insécurité et la terreur signifient.
« Nous devons faire face à la menace du terrorisme par le développement économique et la promotion des droits de la personne. »
Volker Türk a déclaré que la protection des sociétés contre la menace du terrorisme et la protection des réfugiés étaient des objectifs parfaitement compatibles.
Le régime de protection des réfugiés vise à protéger les personnes contre la persécution, les conflits violents et la terreur. Il comporte des dispositions spécifiques qui empêchent les personnes responsables de tels maux de bénéficier du statut de réfugiées.
« Parallèlement, nous devons faire face à la menace du terrorisme par le développement économique et la promotion des droits de la personne, car leur absence crée des environnements où l’inégalité, le ressentiment et la radicalisation peuvent prospérer. Au bout du compte, la sécurité nationale ne sera jamais absolue sans la sécurité des êtres humains. »
Volker Türk a déclaré qu’il était possible de gérer les déplacements de populations en mettant en place les bons systèmes et en affichant une volonté de coopération. « Dans ce sens, la Méditerranée est aussi un symbole des possibilités d’action collective et de partage des responsabilités qui existent face aux enjeux soulevés par les déplacements. »
Faisant remarquer que le nombre d’arrivées cette année était plus élevé qu’à la même époque l’année dernière, il a déclaré qu’un plan régional nécessiterait la participation des pays hôtes, des pays de transit et des pays de destination tout autour de la Méditerranée. Le plan pourrait reposer sur les points essentiels de la Déclaration de New York de septembre 2016, qui appelle les États à partager les responsabilités concernant les réfugiés.
Selon Volker Türk, le plan devra aborder les causes des déplacements, en mettant au premier plan la prévention et la résolution des conflits qui obligent les personnes à fuir.
« Nous devons investir dans la promotion de l’État de droit, la protection des droits de la personne et la construction de la paix dans les pays d’origine, qui sont des éléments fondamentaux de l’architecture de la justice et d’une coexistence paisible.
« La Méditerranée ne doit pas être seulement un symbole du monde complexe de conflits, de violence et de déplacement dans lequel nous vivons, mais aussi une région portant l’espoir d’une mobilisation d’un type différent, qui est ancrée dans un sentiment profond de responsabilité à l’égard de l’autre et découle d’un esprit de compassion et d’engagement pour la justice », a conclu Volker Türk.
Pour lire l’allocation (en anglais), cliquez ici