Quand la passion du métier réunit les artisans et les réfugiés
La Fabrique Nomade est une association française, soutenue par le HCR, qui intègre professionnellement les réfugiés artisans à travers une coopération avec leurs homologues français.
Yasir Elamine, un réfugié soudanais en France, a obtenu son diplôme aux Beaux-Arts à Khartoum et y a créé le premier studio poterie en 1994. Il est arrivé en France en 2014. Grâce à la Fabrique Nomade, il travaille avec Laureline de Leeuw, une designer français diplômée des Beaux-Arts d'Angers en 2015.
© UNHCR/Benjamin Loyseau
PARIS - De jeunes curieux défilent le long des deux étages du centre d’exposition où se tient les DDAYS, le festival du design à Paris, du 2 au 14 mai 2017. Au fond de la salle, après avoir monté un escalier en colimaçon, l’exposition « Traits d’union » est un voyage culturel au cœur d’une fusion du savoir-faire français avec les traditions soudanaise, sénégalaise et tchétchène. Les œuvres à vendre sont le fruit d’une collaboration entre des artisans réfugiés et leurs homologues français.
Sur plusieurs tables en bois, les produits exposés mêlent traditions et nouvelles tendances. Un artisan réfugié tchéchène, Abou Dubaev, et deux designers français, Bérengère Tabutin et Olivier Wagnies, ont créé des patères. Il y a également des poteries franco-soudanaises que le duo Yasir Elamine et Laureline de Leeuw ont conçu. Quant aux housses de coussin en lin brodées, elles sont le résultat d’une coopération franco-sénégalaise.
A travers l’artisanat, la fondatrice de cette initiative, Inès Mesmar, veut intégrer professionnellement les réfugiés et les migrants. Elle espère que leurs œuvres acquerront de la visibilité et valoriseront leurs compétences artisanales. Le bureau du HCR en France soutient son association, La Fabrique Nomade.
« Il y a beaucoup d’enthousiasme de la part des visiteurs. Ils sont tous agréablement surpris. Ils ne regardent que le travail de ces artisans, peu importe qu’ils soient réfugiés. »
« Il y a beaucoup d’enthousiasme de la part des visiteurs. Ils sont tous agréablement surpris. Ils ne regardent que le travail de ces artisans, peu importe qu’ils soient réfugiés, » explique-t-elle. « Dans notre accompagnement, nous prenons en compte la compétence des artisans pour qu'ils puissent s'insérer en France à partir de ce qu'ils sont et ce qu'ils savent faire et qu'ils puissent contribuer au développement économique du territoire, » ajoute Inès Mesmar.
Inès Mesmar souhaite changer le regard sur les réfugiés. « Si on ne fait pas attention à leur statut, mais plutôt à leur métier, c’est une plus grande valeur ajoutée. On les verra, alors, comme des personnes qui peuvent apporter plus de choses à la société française, » poursuit-elle.
Au-delà de l’insertion professionnelle, cette initiative promeut, avant tout, la rencontre avec l’autre. C’est grâce à l’artisanat que Yasir Elamine et Laureline de Leeuw, Ablaye et Sabatina et Abou Dubaev, Bérengère Tabutin et Olivier Wagnies, ont tissé des liens forts.