« L’insécurité à l’est, la fermeture de marchés situés en zones d’insécurité résiduelle à l’ouest et la surveillance accrue des frontières au nord ne favorisent pas le ravitaillement des marchés »



En cette période de soudure, le Niger connait une augmentation importante du prix des céréales impactant de nouveau la sécurité alimentaire des ménages vulnérables. Stéphane Degueurce, assistant technique au Dispositif National de Prévention et de Gestion des Crises Alimentaires (DNPGCA), nous éclaire sur la situation, ses causes multiples et ses conséquences.

Combien de personnes sont en insécurité alimentaire au Niger en cette période ?

Les résultats de la réunion de réévaluation de la situation alimentaire, nutritionnelle et pastorale organisée par la Cellule de Coordination du Système d’Alerte Précoce du Dispositif National de Prévention et de Gestion des Crises Alimentaires tenue à Dosso du 14 au 16 juin 2017, ont révélé une légère dégradation de la situation alimentaire entre la période post récolte (novembre-décembre 2016) et la période de soudure (juin-août 2017). Le nombre des zones extrêmement et moyennement vulnérables est passé de 180 en décembre 2016 à 193 zones en juin 2017. Cette détérioration de la situation alimentaire dans certaines zones pourrait s’expliquer entre autres par l’épuisement des stocks et des difficultés d’accessibilité des ménages très pauvres et pauvres aux produits alimentaires en raison de la hausse des prix des aliments de base. Ainsi, la population vulnérable ayant besoins d’une assistance alimentaire pendant cette soudure a été réévaluée à 1.847.000 personnes dont 370.350 personnes impactées essentiellement par la hausse des Prix des céréales.

Pour le cas spécifique de la région de Diffa, qui fait toujours face à une crise humanitaire majeure, la population cible a été réévaluée à 408 000 personnes.

En termes quantitatif, pouvez-vous nous décrire l’évolution des prix des céréales ?
Selon les informations du Système d’Information des Marchés à Céréales (SIMA), les prix des céréales de base (mil, sorgho) sont en hausses dans toutes les Communes du pays, aussi bien par rapport à la même période de l’année 2016, que par rapport à la moyenne des cinq dernières années. Ces hausses varient de plus 20% à 50% et de plus 51% à 100% selon les Communes. Entre juin 2016 et juin 2017, les prix moyens des céréales ont connu des variations de +38% pour le mil, +37% pour le sorgho, +15% pour le maïs et de -4% pour le riz importé. Comparés à la moyenne des cinq dernières années (2012/2016) à la même période, les prix moyens de ces produits ont affiché des variations de +39% pour le sorgho, +26% pour le mil, +11% pour le maïs et une baisse de -9% pour le riz importé.

Au plan national, le prix le plus bas du sac fin juin a été relevé sur le marché de Diffa Commune (24.768 FCFA) alors que le prix le plus élevé est pratiqué à Aderbissinat (36.000 FCFA).

Quels sont les éléments qui expliquent cette augmentation conséquente?

Les raisons qui pourraient expliquer cette hausse des prix des céréales sont multiples. Les systèmes nationaux (SIMA, SIMB) et régionaux (FEWS NET, CILSS) de suivi des marchés attribuent cette hausse, entre autres, aux facteurs liés aux restrictives non officielles de sorties importantes des céréales en direction du Niger (cas du Nigeria), à une tendancielle des prix des céréales non favorable à l’importation en raison du niveau élevé des prix au niveau des marchés transfrontaliers, à la dépréciation de la Naira, monnaie du Nigeria, ainsi qu’à la dégradation des termes de l’échange bétail / céréales. En ce début de saison des pluies, d’autres difficultés d’approvisionnement (impraticabilité de certaines pistes rurales) pourraient affecter davantage certaines zones enclavées.

L’insécurité à l’est (Diffa), la fermeture de certains marchés situés en zones d’insécurité résiduelle à l’ouest (Tillabéry et Tahoua) et le niveau de surveillance accrue des frontières au nord d’Agadez ne favorisent pas le ravitaillement des marchés. Enfin, certains achats institutionnels tardifs et les stratégies des commerçants visant à ne pas libérer leurs stocks à l’approche de la soudure pourraient également avoir un impact négatif sur la fluctuation des prix des céréales.

Quelles sont les conséquences de cette augmentation pour les populations ?

Les conséquences visibles et immédiates sont généralement des difficultés d’accès des ménages pauvres et très pauvres aux produits alimentaires dans un contexte d’épuisement de leurs réserves en céréales (souvent réduites à zéro entre juin et août). Cette situation impacte fortement les activités agricoles avec une réduction des superficies emblavées, la diminution des ressources consacrées aux intrants agricoles au profit de l’alimentation des ménages.

Concernant la région de Diffa, la situation sécuritaire et l’impossibilité pour les ménages d’exercer une activité viable leurs permettant de renforcer leurs moyens d’existence, rend davantage les populations tributaires de l’assistance alimentaire d’urgence au moins jusqu’à la fin de la soudure, et ce, particulièrement au bord de la Komadougou et dans la région du Lac.

L’allure actuelle de la campagne agricole et pastorale avec l’amélioration des pâturages, de l’état d’embonpoint et de la valeur marchande des animaux et produits dérivés (produits laitiers, beurres…), la mise en œuvre des Distributions Gratuites Ciblées et la poursuite de la Vente à Prix Modéré de Céréales, devrait d’une part, soulager les populations bénéficiaires et d’autre part, permettre l’inversion de la courbe des prix avant la fin de la soudure.

Alors que le problème posé nécessite une réponse d’envergue de la part de l’Etat et ses Partenaires, comment mobiliser de nouvelles ressources additionnelles ?

Bien que cette année soit une année singulière avec la mise en œuvre anticipée et planifiée de multiples interventions destinées à soulager les populations vulnérables, l’actualisation de la cible engage la partie nationale et la communauté des acteurs dans un plaidoyer pour la mobilisation des ressources additionnelles et une planification concertée de la réponse. Il est urgent pour le DNPGCA et ses partenaires d’évaluer ce besoin additionnel et de recenser les outils de financement disponibles au niveau de l’Etat et de chaque Partenaire Technique et Financier. La mise en œuvre et le suivi de cette réponse additionnelle doit pouvoir s’appuyer sur les mécanismes de réponse et de coordination déjà existants.

Explosion des prix dans la région de Diffa


Diminution drastique de l’activité des opérateurs économiques, limitation des mouvements, cassure des routes de contrebande en provenance du Nigeria : la répercussion directe des violences qui ont frappé Diffa au début du mois de février est l’explosion des prix. A l’est, au niveau du triangle Gueskerou - Bosso - N’Guigmi, on enregistre une hausse de plus de 25 % pour le mil. A Toumour, le prix du sac de 50kg est actuellement de 11,000 FCFA (18,6 $) contre 8,000 FCFA (13,5 $) à Zinder. Sur la bande nord Bosso - N’Guigmi, le prix de l’eau a augmenté en moyenne de 28%.

Sur l’ensemble de la région, le prix de l’essence progresse de 24%. A N’Guigmi, la hausse atteint 38%. Pour Kabelawa et Bosso, l’augmentation est de 100%. Le prix du litre d’essence est passé de 700 FCFA (1,2 $) à 1450 FCFA (2,5 $) à Kabelawa, et de 1250 FCFA (2,2 $) à 2500 FCFA (4,3 $) vers Bosso. 1 litre d’essence à Bosso, coute aujourd’hui plus cher que 2 litres d’essence en Norvège, pays où l’essence est la plus chère au monde.

Concernant le bois, la hausse est de près de 20% sur l’ensemble de la région. Elle atteint 35 % pour Boulatoungour situé au nord de Bosso. Dans ce village, la consommation mensuelle de bois à usage domestique d’un ménage est estimée à 15,000 FCFA par mois (25,4 $). Le salaire minimum nigérien est de 50,3 $. Le recours à la coupe sauvage, le parcours de longue distance pour trouver des petites branches de bois secs et la réduction des repas sont les seules alternatives pour les ménages les plus vulnérables.

L’économie de la région de Diffa, déjà frappée par la cassure des échanges avec le nord-est du Nigeria, se voit aujourd’hui très fragilisée. A cela viennent se rajouter depuis peu les perturbations prévalant au niveau du poumon économique de l’est de la région de Diffa, le Lac Tchad, où plusieurs attaques d’insurgés ont été enregistrées au cours des derniers jours et où les pirogues à moteur, essentielles pour le transport des biens et des marchandises, ont été interdites par les autorités pour des questions de sécurité.

Intikane, area for nomadic refugees in Niger

UNHCR’s team in Tahoua received the 2013 award for Team Achievement in Field Operations for having successfully carried out the relocation of about 8,000 refugees and returnees from the border to the safer hinterland and the grazing lands of Intikane. The video link below describes Intikane and the new concept of a “hosting area / zone d’accueil” developed to adapt to the needs of nomadic and pastoralist refugees, an innovative refugee setting different from the classic refugee camp.

UNHCR Niger reçoit le prix 2013 “Team Achievement” (Réussite en équipe)

L'UNHCR Niger se réjouit de l'attribution du prix 2013 “Team Achievement” (Réussite en équipe)  à l'équipe de Tahoua pour l'organisation de la relocalisation des réfugiés/retournés et de leurs animaux vers les zones d'accueil d’Intekan et Tazalite dans la région de Tahoua. Ce prix a été décerné par le Haut-Commissaire Adjoint du HCR: Lundi 19 août 2013

Equipe UNHCR de Tahoua: Award for Team Achievements in Field Operations 2013

Equipe UNHCR de Tahoua: Award for Team Achievements in Field Operations 2013