E-Voucher, quand les réfugiés ont un contrôle personnel sur leurs approvisionnements



Lancé en 2013 pour donner la latitude aux réfugiés de choisir eux-mêmes leur ration auprès des commerçants partenaires du PAM, en diversifiant le contenu de leur panier, le coupon (voucher) cash est désormais remplacé par la carte électronique d’assistance dans le camp de Mangaizé à travers le système SCOPE.

Mis conjointement en œuvre par le PAM et l’UNHCR depuis le 17 aout 2016, ce projet couvre au total 9 000 bénéficiaires. Il consiste à remettre aux réfugiés des cartes magnétiques dans lesquelles, chaque mois, l’assistance alimentaire mensuelle destinée au ménage est rechargée. Le mécanisme simple, innovant, accessible est adapté aux besoins des réfugiés et des commerçants.

En effet, après confirmation de l’identité et du statut du ménage par l’UNHCR, les chefs de ménage reçoivent leurs cartes électroniques d’assistance, et peuvent directement se rendre dans les centres de distribution où les commerçants vérifient les données personnelles avant de les servir.

Ce nouveau mécanisme revêt une multitude d’avantages. Tout d’abord, il permet de réduire le temps d’attente lors des distributions traditionnelles des coupons puisque le bénéficiaire reçoit instantanément un transfert dans sa carte sans quitter son abri. «Je peux maintenant aller faire mes courses comme tout le monde et choisir les produits que j’ai l’habitude de consommer. Grâce au nouveau système, je gagne beaucoup de temps. Je ne dois plus faire la file pour recevoir les bons», nous confia Moziga Aïchatou, une malienne de 44 ans ayant rejoint le camp en 2012 avec son mari et leurs 10 enfants. Elle trouve cette initiative assez salutaire car, représentant une sorte de portefeuille pour les chefs de ménage, cette carte leur permet de s’approvisionner en toute discrétion.

Ensuite, il diminue considérablement la charge de travail de gestion pour le PAM et ses partenaires car la carte est émise pour la durée de l’appui et est automatiquement rechargeable avec des frais de transaction minimisés. Ainsi, les partenaires du PAM ne sont plus confrontés à des problèmes d’authentification des coupons ou de comptage, ils ne doivent plus soumettre de factures avec pièces et encore moins se rendre à la banque pour être remboursés.

Par ailleurs, au lieu d’attendre la centralisation des données collectées manuellement dans le cadre du suivi, le système permet un accès rapide à des données générées automatiquement sur la base d’informations à jour que ce soit sur la distribution, les bénéficiaires, etc. Cet accès aisé aux données facilitera l’analyse et la prise de décision rapide.

Selon une première analyse coût-efficacité, cette assistance électronique devrait permettre d’économiser 60 000 USD par an comparativement au coupon en papier, et ce uniquement sur le camp de Mangaizé. Une extension est prévue dans les autres camps pour les 66 300 bénéficiaires avant la fin de l’année. En 2017, c’est la totalité des personnes assistées par le PAM qui devrait être couverte par SCOPE. Le PAM et le HCR ont lancé ce nouveau mécanisme de distribution, pour asseoir et renforcer davantage la qualité de la réponse, son efficience et son efficacité. Cette initiative présente une approche plus stratégique de collaboration qui permettra aux deux organisations des Nations Unies de mieux planifier et d'améliorer sensiblement l'efficacité et la qualité de leurs réponses aux réfugiés. Elle aboutira à de meilleurs résultats et, en dernière analyse, à un plus grand impact sur les bénéficiaires

Vendredi 8 novembre 2013: journée marathon pour les réfugiés maliens participant au concours Top Model du FIMA 2013

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Le créateur Alphadi (2ème à gauche) avec les trois Top Models c. UNHCR/B. Amaria/ 8 Novembre 2013

9:00 arrivés à Niamey la veille au soir, les réfugiés passent au bureau du HCR pour rencontrer l’équipe qui va les accompagner dans l’aventure du FIMA. Ils sont trois à s’être inscrits, motivés pour vivre cette nouvelle expérience: Jamila, 19 ans, originaire de la ville de Gao où elle a fait des études professionnelles « Eaux et Forêts » au Mali. Elle vit depuis un an dans le camp de Tabareybarey, elle y travaille comme agent communautaire. Binta, la benjamine de 17 ans, est originaire de Ménaka et vit depuis un peu plus d’un an au camp de Mangaizé. Au Mali, elle a arrêté l’école il y a plusieurs années, et maitrise moins bien le français. Youssouf, âgé de 19 ans, est originaire d’un village autour de Gao. Il a commencé des études de comptabilité au Mali qu’il n’a pas pu poursuivre. Il vit au camp de Tabareybarey depuis près d’un an.

10:00 première réunion de travail avec le FIMA. Un formateur est là pour leur apprendre à défiler sur un podium, les répétitions se poursuivent.

16:00 essayage des tenues prêtées par des stylistes nigériens, shopping pour les accessoires, coiffage, maquillage au Grand hôtel de Niamey.

20:00 rendez-vous au centre culturel franco-nigérien. Jamila nous annonce qu’elle a appelé sa mère car elle ne se sent pas bien et veut rentrer. On s’installe à la cafeteria pour discuter, elle avoue qu’elle a peur de ne pas y arriver, elle ne se sent pas prête et préfère abandonner. On la rassure et on la laisse réfléchir, la décision lui appartient. Quelques minutes plus tard, elle rappelle sa mère, elle a finalement décidé de rester!  

20:45 on passe aux coulisses et on se dépêche pour se préparer, c’est le fourmillement dans la loge des artistes, Jamila n’est pas encore habillée, Binta doit vite apprendre à marcher avec des talons hauts.

21:00 L’amphithéâtre du CCFN est plein à craquer, la musique bat son plein, le public est très animé. Les caméras sont là pour une retransmission TV en direct, le stress monte, le jury et M. Alphadi sont en première ligne…Le défilé en tenue traditionnelle commence, l’une après l’autre chaque mannequin entre en scène, au tour de Binta de faire ses premiers pas sous les projecteurs, elle porte une tenue Djerma bleue. Elle est grande, resplendissante, mais défile la tête baissée. Jamila lui emboite le pas, elle fait son apparition avec une tenue touareg qui rappelle ses origines nord-maliennes.

Puis vient le tour des garçons, Youssouf entre en scène fier avec son turban bleu indigo qui lui couvre une partie de son visage et habillé d’un costume traditionnel bleu clair.

De retour dans la loge, alors que les autres jeunes filles éclatent de joie, Binta et Jamila semblent à peine réaliser ce qui vient d’arriver, elles ne parlent pas beaucoup et paraissent encore intimidées. Dans les vestiaires des garçons, Youssouf reçoit les accolades de ses nouveaux camarades qui le félicitent pour sa prestation réussie.

21:30 Très vite il faut se changer et s’habiller en tenue de ville. La solidarité joue dans les vestiaires, une jeune Nigérienne prête un collant à Binta, et elles s’empressent pour les dernières retouches.

22:00 C’est l’heure de remonter sur scène. Binta défile avec plus d’assurance et ne laisse pas paraitre ses inquiétudes.  Après elle, Jamila fait son entrée mais éblouie par toutes les lumières, elle ne voit plus le parcours marqué sur le sol. Elle avance et improvise sous les applaudissements du public. Vient le tour des garçons. Youssouf fait son apparition sans son turban et dévoile son visage, on le découvre sous un autre style, moderne et décontracté, avec Jean, T-Shirt et cheveux longs attachés.

23:00 Après un petit concert, c’est le troisième et dernier défilé en robe de soirée pour les filles et costume pour les garçons. C’est le grand moment attendu par tous. Jamila et Binta ne veulent pas faire de faux pas et posent des questions aux filles qui les aident volontiers. Les langues se sont déliées, les visages sont maintenant plus ouverts grâce aux regards et gestes bienveillants des autres candidates. Les filles défilent cette fois plus détendues. On voit Jamila faire un large sourire au jury, elle a enfin dépassé son trac!

23:40 Le jury se retire pour délibérer… Mr Alphadi rencontre nos trois mannequins. Il leur parle en Tamashek et ils parlent de leurs origines communes, Gao, Ménaka, lui-même est né à Tombouctou…Il les félicite pour leur courage et leur beau travail. Il les invite à répéter pour se préparer au FIMA à la fin du mois et défiler parmi les professionnels internationaux originaires de plus de 18 pays.

23:55 tous les mannequins sont sur scène, les résultats sont annoncés, les deux gagnants nigériens sont acclamés par le public: ils ont gagné leur ticket pour défiler pendant le FIMA et représenter le Niger aux côtés des autres pays…Le Mali sera bien représenté avec la participation spéciale des jeunes réfugiés.

En fin de soirée, Binta, la plus jeune, se révèle être la plus émue, elle a les yeux embués de larmes. Jamila est heureuse d’avoir saisi sa chance et de ne pas avoir manqué cette opportunité. Elle promet qu’elle va s’entrainer pour être au top pour le FIMA. 

00:30 on rentre à l’hôtel se reposer après une longue journée pleine de rebondissements… Une journée pas comme les autres pour les jeunes réfugiés: loin du camp, ils ont partagé aux cotés des jeunes nigériens de leur âge des moments de joie et de fête. Ils ont aussi appris à défiler en public, et ont dépassé leurs peurs pour vivre une expérience inoubliable. Ils ont des images, de la musique plein la tête…Jamila nous demande déjà les photos. Les jours suivants Jamila, Binta et Youssouf continueront à vivre leur rêve du FIMA. Nos jeunes apprentis mannequins défileront bientôt parmi les grands.

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Passage de Youssouf du camp de Tabareybarey. UNHCR/ B. Salissou/ 8 Novembre 2013

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Défilé des mannequins en tenue traditionnelle. UNHCR/ B. Amaria/ 8 Novembre 2013

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Interview BBC de Karl Steinacker, Représentant du HCR au NigerPhoto © UNHCR/ Harandane Dicko19 Plays

Karl Steinacker, Représentant du HCR au Niger répond aux questions de la BBC concernant les réfugiés maliens et évoque les retours spontanés.

31 juillet 2013