A Chétimari, ça va et ça vient, mais ça ne va pas…


Des femmes réfugiées et leurs enfants à Gagamari durant le mois de décembre. Photo©UNHCR/ Ibrahim Abdou


A l’instar de la population de la région de Diffa, les populations du canton de Chétimari assistent à l’arrivée, et parfois au départ, de déplacés en provenance du Nigeria. Mamadou est un homme de Chétimari âgé d’une quarantaine d’années. Lui laisser la parole est la meilleure chose à faire pour comprendre la complexité de la situation. « Au cours des deux dernières semaines, nous avons connu l’afflux des déplacés du site de Gagamari. Près de 3000 personnes sont venues s’installer ici à Chétimari ». Mamadou fait référence aux déplacés originaires de la ville nigériane de Damassak. Arrivés au Niger à la fin du mois de novembre 2014, ils avaient alors été installés provisoirement à Gagamari. Parmi eux, la majorité a fait le choix de continuer à vivre en dehors du camp de Sayam Forage et s’est alors installée chez des familles de Chétimari.

Mais d’autres sont venus et viennent encore grossir les rangs des déplacés de Chétimari. Mamadou reprend : « puis après l’attaque qu’a connue le village nigérian de Gaidam Tchoukou d’autres personnes ont également rejoint Chétimari. La plupart ont des parents ou des connaissances ici. Actuellement, chaque jour que Dieu fait nous recevons des nouvelles personnes qui frappent à nos portes et nous sommes encore obligés de leur offrir l’hospitalité. Voilà ce que nous vivons. Nous continuons à les soutenir, nous partageons avec eux nos provisions alimentaires, mais bientôt il ne nous restera plus rien et pour certains d’ailleurs il ne reste déjà plus rien. Il est aussi très dur de loger tout le monde et cela peut créer une gêne à vivre ensemble. Il est nécessaire d’appuyer ces personnes en aide alimentaire et au meilleur des cas de leur trouver un endroit où s’installer. Vous savez les temps sont vraiment durs, nous ne pouvons pas leur venir en aide continuellement ».

Mamoudou a aussi assisté au départ de certains réfugiés dans les bus affrétés par le Gouverneur de Borno. L’opération le rend sceptique : « beaucoup nous expliquent qu’ils ne désirent pas retourner au Nigeria pour l’instant. Si on les ramène, ce n’est que pour des raisons politiques. Les élections s’annonçant, on veut bien les utiliser. Quand il était question de leur sécurité, personne ne leur est venu en aide. Certains sont partis mais nous savons qu’ils vont revenir dès qu’ils ne trouveront pas ce qu’on leur a promis ou se retrouvent abandonnés ou se sentent à nouveau en insécurité ».