“Sabul Sayam Min Tidôo”: des savons Made in Sayam


L’insécurité dans la région de Diffa a engendré une crise économique profonde. Le pouvoir d’achat des ménages s’est contracté, les possibilités d’emplois sont rares. L’utilisation efficiente des fonds destinés à la réponse humanitaire est donc centrale. Sous forme d’argent, de biens alimentaires et de bien non alimentaires, les fonds destinés à la réponse humanitaire sont l’une des principales, manne financière qui circule actuellement dans la région de Diffa. L’utilisation de cette manne au-delà d’une réponse humanitaire « brute » mais pour accompagner la relance économique est donc une question centrale. Pour faire bref, la question peut se poser ainsi : comment faire d’une pierre deux coups ?

Dans le camp de Sayam Forage la distribution de savons se fait sur une base mensuelle pour les près de 7000 réfugiés. Chaque individu reçoit chaque mois un savon de 250 grammes. Ce savon est acheté à Niamey, à 1500 km de Diffa, pour un coût unitaire de 175 FCFA (environ 25 centimes d’Euros). En dehors de Sayam Forage, chaque distribution de kits de bien non alimentaires aux déplacés comprend la fourniture de savons pour tous les membres du ménage. Plus de 25,000 kits sont distribués chaque année par les acteurs humanitaires. Plus de 150,000 personnes sont touchées par ces distributions. Un vrai marché existe, autant le développer à Diffa et donc faire d’une pierre deux coups : fournir des savons aux déplacés tout en assurant leur achat au niveau local pour appuyer le pouvoir d’achat des ménages. C’est dans cette logique que l’UNCHR, à travers l’ONG nigérienne Bien Faire pour les Femmes Rurales, accompagne cinq groupements de femmes du camp de réfugiés de Sayam Forage dans la fabrication artisanale des savons solides et liquides. Cet accompagnement comprend aussi un volet organisationnel et en gestion financière. Binta est membre de l’un des groupements : « cet appui représente une vrai opportunité. Nos recettes vont nous permettre maintenant de contribuer aux dépenses pour les besoins de nos familles et de ne pas dépendre uniquement de l’assistance».

Le premier stock acheté par l’UNHCR aux groupements, plus de 500 savons, constitue le fonds de roulement pour enclencher un nouveau processus de fabrication c’est à dire l’achat de la matière première. Une augmentation progressive de la production, intimement liée aux ventes précédentes, afin d’assurer une croissance maitrisée de l’activité. L’objectif à termes est que tous les savons consommés à Sayam Forage soit des « savons Made in Sayam », des « Sabul Sayam Min Tidôo » en langue Kanouri.