Migrations: comment sécuriser les routes des candidats au départ en Afrique?

Des migrants rescapés en Méditerranée, à leur arrivée dans le port de Pozzallo, en Sicile, le 4 janvier 2017. © REUTERS/Yannis Behrakis

Par RFI Publié le 25-03-2017 Modifié le 26-03-2017 à 06:07

Pour les migrants et les réfugiés africains, ce qu'on appelle la route de la Méditerranée centrale est toujours aussi dangereuse. Jeudi, un navire de secours a ainsi repêché cinq corps sans vie près de deux embarcations immergées, faisant craindre un nouveau naufrage de ces embarcations de fortune sur lesquelles les trafiquants entassent de 130 à 150 personnes qui tentent de gagner l'Europe. RFI a joint un élu de la région d'Agadez au Niger qui témoigne des difficultés des autorités locales à fixer les populations et du manque de concertation avec les instances européennes. De son côté le HCR invite l'UE à proposer des voies légales pour les candidats au départ pour éviter les hécatombes humaines dans la bande saharienne et en Méditerranée.

Au Niger, pays de transit et de migration, les élus de la région d'Agadez tirent la sonnette d'alarme. Ils se sentent oubliés après les promesses issues du sommet Europe-Afrique consacré aux questions de migrations, qui s'était tenu à la Valette dans la capitale maltaise il y a un an et demi en novembre 2015.

Les jeunes Nigériens de la région, qui vivaient des migrations, comme passeurs ou transporteurs notamment, ne peuvent plus attendre, prévient Mohamed Anako le président du conseil régional d'Agadez. L'élu dénonce des promesses des partenaires européens en décalage avec les besoins de ces jeunes, et des projets qui ne sont pas gérés en concertation avec les autorités locales qui manquent par ailleurs de ressources financières pour mener à bien le développement de leur région. « C’est une question très sensible, la migration. Donc il faut aller sur des projets concrets », explique à RFI, Mohamed Anako, président du conseil régional d'Agadez.

Faire des propositions concrètes pour fixer les populations

« Il faut qu’ils [les partenaires européens] prennent en compte ce qu’on leur dit, nous, en tant que collectivité représentante de ces populations… Il n’y a pas un jour où on ne tient pas de réunion, mais nous avons compris que tout ce que nous disons n’est pas pris en compte », s'inquiète Mohamed Anako qui réclame une gestion collégiale de la question des migrations.

Pour l'élu, il faut aller sur des projets concrets pour fixer les populations « dans le secteur artisanal, dans le secteur de l’agriculture, de l’élevage et même de l’orpaillage… On a stabilisé tout le monde. Les gens, soit on les arrête, soit on confisque leur véhicule tous les jours ».

Contourner les circuits traditionnels augmente encore les risques assure l'élu local. « Et puis c’est le mois d’avril qui arrive bientôt, en mai il fera très chaud. Donc il y aura vraiment des risques, non seulement pour les migrants, mais aussi pour les prestataires, pour nos jeunes ici qui risquent de se décourager et aller dans d’autres sens. Et après, au lieu de gérer la migration, on va gérer l’insécurité. Ce n’est pas bien pour nos populations ».

Massif montagneux de Tezirzaït dans le désert de Ténéré (Niger). © Getty Images/Frans Lemmens

Le HCR s'inquiète et réclame des voies sécurisées

Depuis plusieurs années, le Haut Commissariat aux réfugiés de l'ONU, ainsi de la plupart des organisations humanitaires, font à l'Union européenne une proposition concrète pour lutter contre ces drames : l'ouverture de voies légales pour les personnes ayant besoin d'une protection internationale. Mais le dialogue avec l'Union européenne sur ce sujet est toujours stérile comme l'explique à RFI Stéphane Jaquemet, représentant du HCR pour l'Europe du Sud.

« Combattre les arrivées illégales nous le comprenons, admet Stéphane Jacquemet. Nous estimons que les Etats doivent prendre leurs responsabilités. Mais ça ne peut pas être fait uniquement à travers des mesures de contrôle, des mesures que je qualifierais plutôt de négatives, mais aussi par quelque chose de positif ».

Pour Stéphane Jaquemet, il faut que les migrants aient l'espoir d'obtenir un visa.

Mais même s’il y avait un chiffre relativement bas - disons 3-5 % - [d'avoir un visa] ça donnerait un espoir que les règles du jeu sont justes et que si vous essayez, vous pouvez obtenir. Stéphane Jaquemet : ouvrir des voies légales d'accès à l'Europe 25-03-2017 - Par Léonard Vincent

Or actuellement la seule alternative qu'offre l'UE est de bloquer les candidats à l'émigration en Libye où ils survivent dans des conditions très difficiles.

Plus de morts dans le désert qu'en Méditerranée

« Soyons francs, le dialogue est difficile, reconnaît Stéphane Jaquemet. Pratiquement dans tous les documents de l’Union européenne il y a une référence générale à des voies légales d’arrivée, soit pour migrants, soit pour réfugiés, mais il n’y a jamais véritablement de propositions concrètes.

La commission elle-même est ouverte, mais elle se heurte au refus – non pas de tous les membres, mais de certains membres – et ce refus est suffisamment important pour que ça crée une sorte de paralysie au sein de l’Union européenne.

Actuellement la seule alternative c’est de bloquer les gens, par exemple en Libye où les conditions des gens qui sont bloqués sont absolument épouvantables ! »

Il faut se rendre compte que les voyages qu'entreprennent les migrants et réfugiés sont extrêmement dangereux, martèle Stéphane Jaquemet et ne pas oublier qu’il est « probable qu’il y ait encore plus de morts dans le désert qu’en Méditerranée ».

source: http://www.rfi.fr/afrique/20170325-migrations-securiser-routes-candidats-depart-afrique-niger-hcr-jaquemet

Niger: Boko Haram, cause du déplacement de plus de 100 000 personnes

Le camp de Kabelawa, à 2 heures au nord de Diffa accueille 5000 déplacés nigériens.© Pierre Pinto/RFI

Par RFI Afrique Publié le 05-01-2016 Modifié le 05-01-2016 à 20:26

Au Niger, le nombre de déplacés internes a franchi la barre des 100 000 dans le sud-est du pays après la recrudescence des incursions de Boko Haram, a indiqué le gouvernorat de Diffa. Le nombre de déplacés a ainsi doublé en l’espace de deux mois. Ils se sont installés le long de la route goudronnée à quelques kilomètres au nord de la rivière Komoadougo Yobé qui fait office de frontière naturelle avec le Nigeria. Le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés s’inquiète de la situation humanitaire alors que la situation sécuritaire se dégrade.


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« Les conditions d'accueil des déplacés (des iles) devraient s'améliorer»

Fode Ndiaye, coordinateur humanitaire au Niger

Situation humanitaire et défis sécuritaires dans la région de Diffa, états des financements pour répondre à la crise des déplacés et, au-delà, pour répondre aux besoins sur l’ensemble du territoire nigérien : Fode Ndiaye, coordinateur humanitaire au Niger était l’Invité Soir de RFI le mardi 2 juin.
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RFI: Niger - des réfugiés nigérians fuient Boko Haram et l’armée nigériane

Au Niger, le Haut Commissariat pour les Réfugiés des Nations Unies met en garde face au risque d'afflux de migrants issus du Nigéria.
Cliquez ici http://www.rfi.fr/afrique/20140310-niger-nigeria-refugies-boko-haram-armee-nigeriane/