Par RFI Publié le 25-03-2017 Modifié le 26-03-2017 à 06:07
Pour les migrants et les réfugiés africains, ce qu'on appelle la route de la Méditerranée centrale est toujours aussi dangereuse. Jeudi, un navire de secours a ainsi repêché cinq corps sans vie près de deux embarcations immergées, faisant craindre un nouveau naufrage de ces embarcations de fortune sur lesquelles les trafiquants entassent de 130 à 150 personnes qui tentent de gagner l'Europe. RFI a joint un élu de la région d'Agadez au Niger qui témoigne des difficultés des autorités locales à fixer les populations et du manque de concertation avec les instances européennes. De son côté le HCR invite l'UE à proposer des voies légales pour les candidats au départ pour éviter les hécatombes humaines dans la bande saharienne et en Méditerranée.
Au Niger, pays de transit et de migration, les élus de la région d'Agadez tirent la sonnette d'alarme. Ils se sentent oubliés après les promesses issues du sommet Europe-Afrique consacré aux questions de migrations, qui s'était tenu à la Valette dans la capitale maltaise il y a un an et demi en novembre 2015.
Les jeunes Nigériens de la région, qui vivaient des migrations, comme passeurs ou transporteurs notamment, ne peuvent plus attendre, prévient Mohamed Anako le président du conseil régional d'Agadez. L'élu dénonce des promesses des partenaires européens en décalage avec les besoins de ces jeunes, et des projets qui ne sont pas gérés en concertation avec les autorités locales qui manquent par ailleurs de ressources financières pour mener à bien le développement de leur région. « C’est une question très sensible, la migration. Donc il faut aller sur des projets concrets », explique à RFI, Mohamed Anako, président du conseil régional d'Agadez.
Faire des propositions concrètes pour fixer les populations
« Il faut qu’ils [les partenaires européens] prennent en compte ce qu’on leur dit, nous, en tant que collectivité représentante de ces populations… Il n’y a pas un jour où on ne tient pas de réunion, mais nous avons compris que tout ce que nous disons n’est pas pris en compte », s'inquiète Mohamed Anako qui réclame une gestion collégiale de la question des migrations.
Pour l'élu, il faut aller sur des projets concrets pour fixer les populations « dans le secteur artisanal, dans le secteur de l’agriculture, de l’élevage et même de l’orpaillage… On a stabilisé tout le monde. Les gens, soit on les arrête, soit on confisque leur véhicule tous les jours ».
Contourner les circuits traditionnels augmente encore les risques assure l'élu local. « Et puis c’est le mois d’avril qui arrive bientôt, en mai il fera très chaud. Donc il y aura vraiment des risques, non seulement pour les migrants, mais aussi pour les prestataires, pour nos jeunes ici qui risquent de se décourager et aller dans d’autres sens. Et après, au lieu de gérer la migration, on va gérer l’insécurité. Ce n’est pas bien pour nos populations ».
Le HCR s'inquiète et réclame des voies sécurisées
Depuis plusieurs années, le Haut Commissariat aux réfugiés de l'ONU, ainsi de la plupart des organisations humanitaires, font à l'Union européenne une proposition concrète pour lutter contre ces drames : l'ouverture de voies légales pour les personnes ayant besoin d'une protection internationale. Mais le dialogue avec l'Union européenne sur ce sujet est toujours stérile comme l'explique à RFI Stéphane Jaquemet, représentant du HCR pour l'Europe du Sud.
« Combattre les arrivées illégales nous le comprenons, admet Stéphane Jacquemet. Nous estimons que les Etats doivent prendre leurs responsabilités. Mais ça ne peut pas être fait uniquement à travers des mesures de contrôle, des mesures que je qualifierais plutôt de négatives, mais aussi par quelque chose de positif ».
Pour Stéphane Jaquemet, il faut que les migrants aient l'espoir d'obtenir un visa.
Mais même s’il y avait un chiffre relativement bas - disons 3-5 % - [d'avoir un visa] ça donnerait un espoir que les règles du jeu sont justes et que si vous essayez, vous pouvez obtenir.
Stéphane Jaquemet : ouvrir des voies légales d'accès à l'Europe
25-03-2017 - Par Léonard Vincent
Or actuellement la seule alternative qu'offre l'UE est de bloquer les candidats à l'émigration en Libye où ils survivent dans des conditions très difficiles.
Plus de morts dans le désert qu'en Méditerranée
« Soyons francs, le dialogue est difficile, reconnaît Stéphane Jaquemet. Pratiquement dans tous les documents de l’Union européenne il y a une référence générale à des voies légales d’arrivée, soit pour migrants, soit pour réfugiés, mais il n’y a jamais véritablement de propositions concrètes.
La commission elle-même est ouverte, mais elle se heurte au refus – non pas de tous les membres, mais de certains membres – et ce refus est suffisamment important pour que ça crée une sorte de paralysie au sein de l’Union européenne.
Actuellement la seule alternative c’est de bloquer les gens, par exemple en Libye où les conditions des gens qui sont bloqués sont absolument épouvantables ! »
Il faut se rendre compte que les voyages qu'entreprennent les migrants et réfugiés sont extrêmement dangereux, martèle Stéphane Jaquemet et ne pas oublier qu’il est « probable qu’il y ait encore plus de morts dans le désert qu’en Méditerranée ».
source:
http://www.rfi.fr/afrique/20170325-migrations-securiser-routes-candidats-depart-afrique-niger-hcr-jaquemet
L’insécurité dans la région de Diffa a engendré une crise économique profonde. Le pouvoir d’achat des ménages s’est contracté, les possibilités d’emplois sont rares. L’utilisation efficiente des fonds destinés à la réponse humanitaire est donc centrale. Sous forme d’argent, de biens alimentaires et de bien non alimentaires, les fonds destinés à la réponse humanitaire sont l’une des principales, manne financière qui circule actuellement dans la région de Diffa. L’utilisation de cette manne au-delà d’une réponse humanitaire « brute » mais pour accompagner la relance économique est donc une question centrale. Pour faire bref, la question peut se poser ainsi : comment faire d’une pierre deux coups ?
Dans le camp de Sayam Forage la distribution de savons se fait sur une base mensuelle pour les près de 7000 réfugiés. Chaque individu reçoit chaque mois un savon de 250 grammes. Ce savon est acheté à Niamey, à 1500 km de Diffa, pour un coût unitaire de 175 FCFA (environ 25 centimes d’Euros). En dehors de Sayam Forage, chaque distribution de kits de bien non alimentaires aux déplacés comprend la fourniture de savons pour tous les membres du ménage. Plus de 25,000 kits sont distribués chaque année par les acteurs humanitaires. Plus de 150,000 personnes sont touchées par ces distributions. Un vrai marché existe, autant le développer à Diffa et donc faire d’une pierre deux coups : fournir des savons aux déplacés tout en assurant leur achat au niveau local pour appuyer le pouvoir d’achat des ménages.
C’est dans cette logique que l’UNCHR, à travers l’ONG nigérienne Bien Faire pour les Femmes Rurales, accompagne cinq groupements de femmes du camp de réfugiés de Sayam Forage dans la fabrication artisanale des savons solides et liquides. Cet accompagnement comprend aussi un volet organisationnel et en gestion financière. Binta est membre de l’un des groupements : « cet appui représente une vrai opportunité. Nos recettes vont nous permettre maintenant de contribuer aux dépenses pour les besoins de nos familles et de ne pas dépendre uniquement de l’assistance».
Le premier stock acheté par l’UNHCR aux groupements, plus de 500 savons, constitue le fonds de roulement pour enclencher un nouveau processus de fabrication c’est à dire l’achat de la matière première. Une augmentation progressive de la production, intimement liée aux ventes précédentes, afin d’assurer une croissance maitrisée de l’activité. L’objectif à termes est que tous les savons consommés à Sayam Forage soit des « savons Made in Sayam », des « Sabul Sayam Min Tidôo » en langue Kanouri.
The ‘Africa Shares’ event, hosted by UNHCR in Geneva from the 14th – 16th of March, is an opportunity to highlight refugees as assets to their hosting communities, and to share innovative ideas and projects from across the continent of Africa.
Today, with more displaced persons globally than ever before, it is necessary to change the way we work in humanitarian contexts, to innovate and to drive change with the communities.
For the ‘Africa Shares’ event, 8 projects were exhibited in the ‘Palais des Nations Unis’ in Geneva, including projects from Niger, Burkina Faso, Kenya, Rwanda, Malawi, Zimbabwe and Ethiopia. Projects included new approaches to education, livelihoods, energy, housing, and connectivity. For more info on the various projects, click here (http://www.unhcr.org/afr/africa-shares.html).
Niger presented two projects that have challenged traditional approaches to both energy provision and housing. The Gas provision project is being implemented in the Diffa region, and is benefitting over 200,000 people. The project has multiple impacts, including increasing the economic capacities of families, reducing the risk of SGBV, protecting the environment, and increasing school attendance.
The Urbanization Project is supporting local authorities to provide legal access to land to both host and displaced populations, to increase the local economy in the region, and to provide sustainable housing solutions for the most vulnerable. More than 2,000 families have already received land parcels, while by the end of 2018, this will have increased to over 4,000 families. The second phase of the project involving the construction of traditional housing is being launched at the beginning of 2017.
The forum in Geneva provides an opportunity to share ideas, identify opportunities and discuss possibilities for replicating successful projects. It is also an important platform to showcase innovation in the African context.
Le Ministère en charge des affaires étrangères a organisé, mardi après midi, une cérémonie d’au revoir à l’honneur du coordonateur sortant du Système des Nations-Unies, M. Fodé Ndiaye, après 5 ans 1mois de mission dans notre pays. Au cours de cette cérémonie, le Ministre des Affaires Etrangères, de la Coopération, de l'Intégration Africaine et des Nigériens à l'Extérieur, M. Ibrahim Yacoubou a, au nom du Président de la République, Chef de l’état, élevé le coordonateur sortant du Système des Nations-Unies au grade de Commandeur de l’ordre du mérite du Niger avant de lui remettre aussi un témoignage de satisfaction. La cérémonie pleine d’émotions s’est déroulée en présence, de plusieurs membres du gouvernement, du doyen du corps diplomatique, des ambassadeurs et représentants des organisations internationales, des représentants des institutions de la République, des responsables des Agences, du personnel du SNU ainsi que de plusieurs invités.
Juste après avoir remis l’insigne qui élève le coordonateur sortant du Système des Nations-Unies au grade de commandeur de l’ordre du mérite du Niger et un témoignage de satisfaction, le ministre des Affaires Etrangères, de la Coopération, de l'Intégration Africaine et des Nigériens à l'Extérieur, M. Ibrahim Yacoubou a souligné que cette cérémonie est la traduction de la reconnaissance de son travail exemplaire, un travail reconnu même par ses pairs du Groupe de développement des Nations-Unies. Ndiaye mérite cette distinction “pour avoir été sans conteste un des meilleurs coordonnateurs résidents dans le cadre du système des Nations-Unies, avec une capacité d'analyse et de pensée appropriée, stratégique profonde et cependant avec une très grande humilité et pour toutes les qualités indiscutables et le travail accompli sur le terrain”, selon le ministre Ibrahim Yacoubou.
Le ministre en charge des Affaires étrangères a rappelé que c’est une tradition désormais bien établie qu'au nom du Président de la République, le Ministère des Affaires Etrangères, organise une cérémonie pour rendre hommage à celles et ceux qui, durant leur mandat, ont contribué fortement au développement de notre pays et au renforcement de notre coopération. « Nous sommes là pour porter un témoignage sincère dû à la qualité du travail et aux qualités intrinsèques d'un homme qui a vraiment marqué de son empreinte la fonction du Représentant Résident du PNUD», a indiqué M. Ibrahim Yacoubou. «II y a incontestablement de votre part, un don de soi et un engagement qui impressionnent, qui inspire le respect, parce que Monsieur Fodé, je puis vous le dire, en toute franchise. Du respect pour avoir travaillé sans relâche aux côtés du gouvernement du Niger et de son peuple pour la gestion des différentes crises humanitaires que nous gérons. Du respect pour votre contribution inestimable au renforcement de la coopération qui existe entre le Niger et le système des Nations-Unies. Du respect pour votre contribution à l'amplification du travail dans toutes les agences de Nations-Unies au Niger. Du respect pour le remarquable travail que les Nations-Unies ont opéré au Niger», a dit le ministre à l’endroit de M. Ndiaye.
Peu avoir reçu la médaille de Commandeur de l’ordre du mérite du Niger et le témoignage de satisfaction, le coordonateur sortant du Système des Nations-Unies, M. Fodé Ndiaye a rendu un hommage mérité aux plus hautes autorités de ce pays, à commencer par SE. Issoufou Mahamadou, Président de la République, Chef de l'Etat, pour cet honneur à son égard que symbolise cette importante médaille. «Les autorités nigériennes ont été toutes disponibles, ouvertes, accessibles et courtoises. Tous ces facteurs ont grandement favorisé la coopération entre le Niger et le Système des Nations Unies, et au-delà avec l'ensemble des équipes, humanitaires et de développement que j'ai eu à coordonner au Niger», a-t-il déclaré.
Il a cité à cet effet, deux exemples notamment la visite historique qu’a effectué le Premier Ministre à la Maison des Nations Unies pour saluer la qualité de la réponse humanitaire et le témoignage devant le Conseil de sécurité des Nations Unies.
Mamane Abdoulaye(onep)
09 mars 2017
Source : http://lesahel.org/
Awa has become a role model to empower women and girls in a refugee camp in the Diffa region
DIFFA, NIGER, 8 March 2017 (UNHCR) – Forty-year-old Awa is an inspirational woman. A Nigerian refugee in Niger – one of the poorest countries in the world – she works as a midwife, and tries to ease the suffering of women and girls in Sayam Forage refugee camp in the Diffa region. The camp hosts 7,600 Nigerian refugees who fled Boko Haram violence in the past years. Awa’s calling was sealed when she became pregnant herself as a teenager.
“I barely remember when my first daughter came into the world. I was just fifteen years old… After more than 12 hours of labour, I could no longer take the pain. I lost consciousness when she was born. My husband and neighbours thought I was dead”. Awa was married at the age of 14 to an older man from her village she did not know. The marriage was organized by their respective families, as is common in the region. Awa insists that they are now happily married, but admits she had no say in her choice of partner, nor in decisions regarding family planning.
“We ran from the town as bullets flew over our heads, and people fell around us. We were terrified”
In 2014, Awa was forced to flee north-eastern Nigeria following a violent attack on her village by Boko Haram insurgents. “We ran from the village as bullets flew overhead and people fell around us. We were terrified. We were lucky we were together. Many others lost family members that day”. The Boko Haram conflict in the Lake Chad Basin has displaced over 2.3 million people since 2013, including around 200,000 refugees who have fled to neighbouring Cameroon, Chad and Niger. Now 40 years old, Awa has become a role model in Sayam Forage refugee camp, her home since she fled Nigeria. She spends her days in the makeshift health centre working as a volunteer midwife, helping girls and young women through labour.
March 8 is International Women’s Day and this year focuses on the theme of forging a better, more equitable working world, in which women’s right to decent work becomes a reality. Women’s Day is an opportunity to shed light on gender inequality and to highlight inspiring work being done by women worldwide such as Awa. When she arrives for work at the health centre, she is greeted warmly by a group of young pregnant women who have come for prenatal consultations. The facilities are extremely minimal, with only a few beds and a small maternity room, which consists of a single delivery bed, some basic first aid equipment and plastic sheeting for walls to protect the patients from the harsh climate and strong sun. But Awa is used to this.
“I was already assisting girls with giving birth in their homes in my village in Nigeria’s Borno State. There was nobody else to help them. I will always remember a midwife who helped me in one of my most difficult pregnancies. I want to provide the same comfort to other girls and young women”. The vast majority of those she has assisted over the past 20 years have been girls under the age of 18, often terrified and unprepared for giving birth.
“At 14 or 15 years old, the body is not ready, many pregnancies have terrible complications”
“When girls get married as children, they always end up getting pregnant quickly – they have no choice in the matter,” says Awa. “As wives, they are expected to obey their husbands, but they have no time to grow up themselves. At 14 or 15 years old, the body is not ready, many pregnancies have terrible complications”.
Early pregnancy often results in complications and may cause irreparable damage to the reproductive systems of girls and young women. Nigeria has the highest prevalence of obstetric fistula on the continent with over 80,000 cases per year. Other traditional practices, such as female genital mutilation can contribute to complications during child birth. Awa’s own traumatic experience giving birth as a teenager changed her life, and has inspired her to assist many young mothers in her village and in the refugee camp. An incredibly resilient woman, Awa has given birth to 12 children. “Three died of illnesses,” she says, her smile turning somber.
According to Girls not Brides*, Niger has the highest rate of child marriage in the world, with 75% of girls married before the age of 18 and 89% in the Diffa region. Under current law, girls can marry from 15, but many marry much younger. Poverty, lack of education and harmful traditional practices and beliefs are key factors. Niger ranks last in the Human Development Index.
In the Diffa region, which hosts more than 240,000 people forced to flee their homes, including 100,000 Nigerian refugees, UNHCR works directly with refugee communities to raise awareness, among other things, of their rights. This approach provides an opportunity to tackle sensitive issues such as child marriage through dialogue in the community. Through awareness and education, as well as the help of strong role models such as Awa, gradual change seems possible. When asked about her daughters, who are now 14 and 16 years old, Awa strongly insists that they will not be marrying before at least the age of 20.
“We are all sisters”
Although much remains to be done, a gradual shift on child marriages is expected. In 2014, Niger launched the regional African Union Campaign to End Child Marriage**. Other positive initiatives are on-going, including legislative amendments to raise the age of marriage to 18, which are currently under review. Working towards the education, empowerment and equality of women and girls are priorities in all humanitarian and development actions, as well as in government strategies and national legislation in Niger. As a signatory to the 1951 Refugee Convention, as well as the Convention on the Rights of the Child and the Convention on the Eradication of Discrimination Against Women, Niger is ready to engage in more meaningful efforts to abide by international obligations.
At the end of a long day at the health centre, Awa gets ready to return to her home in the refugee camp, exhausted but smiling. She will prepare the evening meal for her family. “At the end of the day, we must help one another. Women – we are all the same, we are all sisters ”.
*A global partnership of over 700 civil society organizations working towards ending Child Marriage – http://www.girlsnotbrides.org/
**For more information on the African Union Campaign to End Child Marriage: http://endchildmarriagenow.org/
You can read more about how UNHCR works to support women here.
L'ordre du jour de cette réunion a porté sur le dialogue entre les communautés afin de trouver une solution durable au conflit persistant entre agriculteurs et éleveurs appartenant aux communautés Peulhs-Kanuri vivant jadis en parfaite symbiose sur les mêmes terroirs.
Etaient présent à la réunion le SG du Gouvernorat, le préfet de Diffa, le Vice-président du Conseil Régional, le procureur auprès du tribunal de grande Instance de Diffa, les responsables de la police, la gendarmerie, le commandant de la garde nationale, les maires et les chefs traditionnels de Diffa, Gueskerou, Toumour, Bosso, et Chetimari accompagnés des Chefs de villages des zones concernées.
Pour rappel, depuis quelques jours des bagarres sont signalées entre des groupes appartenant aux communautés kanuri et peul dans les communes de Chetimari, Diffa ou Gueskerou avec des morts d’hommes et des blessés. Le Gouverneur Dan dano conscient que cette nouvelle escalade de violence pourrait avoir des risques graves et peux exacerber des tensions communautaires, a convoqué cette réunion d'urgence afin de trouver des solutions durables à cette situation malheureuse en écoutant les responsables coutumiers (villages, groupement et canton) et municipaux.
Dans son mot introductif, le Gouverneur a clairement dit en langue Hausa traduit en kanuri par le préfet de Diffa, et en Fulfulde par le SG du Gouvernorat, qu’il n’est derrière personne et que l'objectif de cette rencontre consiste à trouver une solution par les acteurs eux-mêmes. Après la position claire du gouverneur, les participants se sont exprimés pour donner leur appréciation de la situation avec des cas de violences vécues, des dégâts et crimes dont les auteurs et complices reste sans sanction. http://www.actuniger.com/societe/12642-region-de-diffa-rencontre-de-dialogue-inter-et-intracommunautaire.html
En Novembre 2016, MSF a publié une étude de cas sur la réponse du système humanitaire dans la région de Diffa. Cette étude réalisée entre Janvier 2015 et août 2016, soit probablement dans la période la plus complexe de la crise, offre une analyse rétrospective sur le système humanitaire et son adéquation avec les besoins en termes de réponses. Trois ans après les premières arrivées des déplacés en provenance du Nigeria, l’étude de cas de MSF est la première du genre. Diffa est un contexte où le fonctionnement du système humanitaire reste très peu analysé malgré un besoin réel. Le débat est ouvert.
Dans la gestion quotidienne de la crise de Diffa et du fait d’une situation mixte et majoritairement hors-camp, le système humanitaire a glissé d’une coordination « UN centrique » tel que vous la nommez vers un système hybride à la fois décentralisé et sous le lead des autorités. Ne pensez-vous pas que le système humanitaire au Niger a su montrer une réelle aptitude de décentrement en sortant de sa zone de confort ?
Je ne sais pas ce que vous appelez zone de confort pour les UN, mais en strict lien avec la situation à Diffa, le modèle « camp » de réfugiés /déplacés n’a pas marché. D’abord nous avons plus de sites de déplacés éparpillés et mobiles que de camps aménagés par le HCR et les autorités. Il est aussi évident qu’aucun système n’est en place pour l’organisation des sites de déplacés. Si cela devrait être le rôle des autorités nous pouvons souligner qu’a l’état actuel, elles ne disposent ni de moyens ni de l’expertise pour cet exercice. L’autre constat concerne l’orientation de l’aide et son organisation qui sont aussi restées sans réelle coordination. Vous pouvez aussi dire que c’est le rôle de l’Etat mais tout ce que les humanitaires font est le rôle de l’Etat.
Je n’ai pas vu dans la gestion de la crise un système de centralisation – décentralisation en tant que tel, il y a eu des essais de monopolisation ou de centralisation qui montraient leurs faiblesses sur tout le processus. Ceux qui financent avaient une certaine conduite pour leurs partenaires opérationnels qui ne tiennent pas compte des autres acteurs, raison pour laquelle il m’est difficile de parler de décentralisation organisée.
Vous mentionnez peu ou presque pas la place des autorités régionales dans la gestion de la crise, alors que cela peut apparaitre comme un élément central dans l’analyse du système humanitaire. Pourquoi ce choix ?
L’Etat s’est bien impliqué dans la gestion de la crise, mais il faut reconnaitre que la complexité énorme de cette crise n’a pas facilité sa gestion. Il y a des tentatives/initiatives telle que la CCH (Cellule de Crise Humanitaire) et son représentant au niveau Région qui travaille directement avec le Gouverneur mais la limite est grande. Il manque l’implication responsable de toutes les directions régionales concernées. Et les partenaires en action sur le terrain préfèrent souvent profiter du vide pour satisfaire leur principe d’indépendance.
Il y a un travail important qui est ignoré, celui de dédier un programme d’appui technique aux autorités Nationales et Régionales pour l’exercice de leur rôle dans la gestion de la crise à Diffa. Pourtant il y a les UN et les ONG orientés vers le développement, mais chacun se focalisait plus sur sa visibilité.
Pour les structures comme MSF, est ce que cette nouvelle donne, et ce modèle de coordination hybride, a amené son lot de questionnements internes par rapport au positionnement à avoir dans le système humanitaire ?
La particularité pour MSF était la fréquence des déplacements et la mobilité des sites de déplacement. L’adaptation à cela et la cohabitation avec les systèmes d’intervention des autres partenaires humanitaires suscitent bien des questionnements dont MSF est en quête de réponse.
Le problème d’accès aux personnes affectées et souvent mentionné comme une contrainte dans la réponse d’urgence. Pour autant, tel que vous le relevez dans votre document, le problème d’accès est plus dut aux propres normes des acteurs humanitaires, UN et ONG, qu’aux limites imposées par les autorités. Pensez-vous que cette situation s’explique par un manque d’expérience de la communauté humanitaire au Niger a travaillé dans des contextes sécuritaires complexes ou est-ce une observation qui peut s’étendre sur d’autres pays ?
Je dirais les deux à la fois : la maîtrise du contexte actuel tout à fait nouveau avec ses enjeux sécuritaires et les risques qui en découlent peuvent faire l’objet d’une bonne étude mais l’expérience des acteurs et partenaires à intervenir en urgence dans de pareilles circonstances est aussi une limite importante à souligner.
Dans la conclusion de l’étude de cas, il est écrit « The current humanitarian system will continue to be tested in Niger » notamment à travers la capacité des acteurs de passer la réponse d’urgence à une situation de déplacement prolongé. Nous sommes effectivement déjà dans cette situation et sur certains secteurs tels que la santé, les portes de sortie sont rares, de par les déficits structurels du système public nigérien au niveau national, déficits d’autant plus marqués à Diffa. Quelle marge de manœuvre reste-t-il d’après vous ?
Il n’y a pas de porte de sortie à Diffa. La situation demande une grande flexibilité à la fois dans la définition des stratégies et aussi dans leur mise en œuvre. Il y a là où le système public a besoin d’une réorientation pour l’adapter aux besoins du moment. Il y a aussi des situations de crise et de besoins énormes qui se constituent en l’absence de tout système. Parlant de santé, nous continuons à déplorer l’usage des systèmes ou politiques préexistantes pour justifier que l’accès aux soins pour des populations déplacées forcées soit payant.
Du moment où des populations déplacées forcées s’établissent des sites de plus de 20.000 personnes, et s’y installent progressivement, il va de soi que les partenaires puissent les accompagner sans occulter par conséquent un plaidoyer et un appui aux structures étatiques, pour prendre le relais.
Il faut adapter la réponse aux besoins et ne pas s’engouffrer dans de lourds systèmes et politiques établis en général pour le moyen et long terme « développement ». Il y a une situation de crise et il faut une politique de gestion de la crise. La crise à un début et une fin, il faut l’envisager dans sa différence entre le moment de son éclatement et la pente vers sa fin.
Pour lire l’intégralité de l’étude : http://reliefweb.int/report/niger/case-study-niger-jan-2015-aug-2016