“We’re citizens of nowhere”, the plight of stateless persons on Île aux Oiseaux
Some 2,000 persons live on the small island with no identity papers. Île aux Oiseaux was transferred to Benin in 2005, after a border dispute with Niger, but the international Justice decision failed to determine the nationality of its inhabitants.
ILE AUX OISEAUX, BENIN, 4 November 2014 (UNHCR) – “No country recognises us, so we live as if we were in prison,” says Musa, a fisherman in his fifties who has been living on Île aux Oiseaux with his family for the past ten years. “Because our children have no birth certificates, they can’t go to school. Their future is jeopardised,” he adds.
Île aux Oiseaux is an island located between north-east Benin and south-west Niger. It spans approximately 13 km² and is part of a chain of islands and islets located in the course of the Niger River. It draws its name from the presence of several species of birds during wintertime. Its inhabitants are predominantly Fulani herders coming to graze their cattle, Hausa fishermen attracted by the rich waters of the river and Dendi farmers taking advantage of the island’s fertile lands.
In 2005, the International Court of Justice ruled on a border dispute between Benin and Niger, after which Île aux Oiseaux was transferred to Benin. While the decision resolved the question of delimitation of the border between the two countries, it failed to determine the nationality of the nearly 2,000 people living on the island. This population now finds itself in a newly Beninese territory with no determined nationality, which has terrible consequences on its daily life.
UNHCR recently conducted a mission on the island in order to better understand the plight of this population at risk of statelessness and looked for solutions together with local authorities. The team found desperate men and women in search of identity. They expressed their willingness to obtain Beninese documents and to finally be recognised as citizens in order to enjoy their fundamental rights.
Aissatou, a young mother living on the island, regrets that her baby daughter was not registered: “She was born last year on the island, but she is not on civil registries. I don’t know where to go to register her. Many children here are unregistered, which is a bad thing,’’ she said, holding her baby in her lap.
For centuries, Île aux Oiseaux and the Niger River’s abundant waters have been attracting groups of people from Benin, Niger and Nigeria. “We’re fishermen and we originally came from Nigeria,” says Mumuni, who migrated to Benin with his family several years ago. “We did not have documents in Nigeria, just as we don’t have documents in Benin; we’re citizens of nowhere,” he says.
Consisting mainly of plains, Île aux Oiseaux is flooded four months a year, a period when its inhabitants are forced to migrate and settle in surrounding areas. Undocumented and without a determined nationality, these people find it even more difficult to travel and search for safe places for their family and livestock. “We face numerous difficulties in moving from this place to another with our livestock,” says Mama, an old Fulani shepherd. “Border authorities bully us because we have no nationality, but we are from here!”
UNHCR has engaged with local authorities in order to facilitate the issuance of official documents for these people. “This is an unacceptable situation,” says Dr. Moussa Maman Bello, Mayor of the Karimama district, who governs the island. “We’re determined to solve this problem with UNHCR support, so all these people can recover an identity, nationality, and dignity,” assures the Mayor.
Translated by Hazel Ryan.
Le texte en français:« Nous sommes des citoyens de nulle part ». Le plaidoyer des apatrides sur l’Île aux Oiseaux
Quelque 2 000 personnes vivent sur cette petite île sans aucun papier d’identité. L’Île aux Oiseaux a été transférée du Niger au Bénin en 2005, après une décision de la Cour Internationale de Justice, qui n’a cependant pas tranché sur la question de la nationalité de ses habitants
ILE AUX OISEAUX, BENIN, 4 novembre, 2014 (HCR) – « Aucun pays ne nous reconnaît, alors nous vivons comme si nous étions en prison », explique Musa, un pêcheur d’une cinquantaine d’années qui vit sur l’Île aux Oiseaux avec sa famille depuis une dizaine d’années. « Parce que nos enfants n’ont pas de certificat de naissance, ils ne peuvent pas aller à l’école. Leur futur est incertain », ajoute-t-il.
L’Île aux Oiseaux est située entre le nord-est du Bénin et le sud-ouest du Niger. Elle s’étend sur approximativement 13 km2 et fait partie d’un archipel d’îles et d’îlots situé sur le passage du fleuve Niger. Elle tire son nom de la présence, en hiver, de plusieurs espèces d’oiseaux. Ses habitants sont principalement des bergers peuls qui viennent y faire paître leurs troupeaux, des pêcheurs haoussas attirés par les eaux riches en poissons et des fermiers dendis exploitant les terres fertiles de l’île.
En 2005, la Cour Internationale de Justice a pris une décision sur le conflit frontalier entre le Bénin et le Niger suite à laquelle l’Île aux Oiseaux a été transférée au Bénin. Si cette décision a résolu la question de la délimitation de la frontière entre les deux pays, elle n’a pas tranché celle de la détermination de la nationalité des quelque 2 000 personnes vivant sur l’île. Cette population se trouve désormais sur un territoire nouvellement béninois sans nationalité déterminée, ce qui engendre de terribles conséquences sur leur vie quotidienne.
Le HCR a récemment mené une mission sur l’île afin de mieux comprendre le sort de cette population à risque de devenir apatride et a cherché des solutions avec les autorités locales. L’équipe du HCR a rencontré des hommes et des femmes désespérés en quête d’identité. Ils ont exprimé leur volonté d’obtenir des papiers béninois et d’être enfin reconnus comme citoyens afin de bénéficier de leurs droits fondamentaux.
Aissatou, une jeune mère vivant sur l’île, regrette que sa petite fille n’ait pas été enregistrée : « Elle est née l’année dernière sur l’île mais elle n’est pas dans le registre d’état civil. Je ne sais pas où aller pour l’enregistrer. De nombreux enfants ici ne sont pas enregistrés, ce qui est une mauvaise chose », dit-elle, son bébé sur les genoux.
Depuis des siècles, l’Île aux Oiseaux et les eaux abondantes du fleuve Niger attirent des groupes de personnes du Bénin, du Niger et du Nigéria. « Nous sommes des pêcheurs et nous venons du Nigéria », dit Mumuni, qui a immigré au Bénin avec sa famille il y a plusieurs années. « Nous n’avions pas de papiers d’identité au Nigéria, tout comme nous n’en avons pas au Bénin ; nous sommes des citoyens de nulle part », dit-il.
Avec ses nombreuses plaines, l’Île aux Oiseaux est inondée quatre mois par an, une période pendant laquelle ses habitants sont forcés d’émigrer et de s’installer dans les environs. Sans papiers d’identité et sans nationalité déterminée, ces personnes ont encore plus de difficultés à voyager et à chercher des endroits sûrs pour leurs familles et leur bétail. « Nous avons de grandes difficultés à quitter cet endroit pour aller ailleurs avec notre bétail », dit Mama, un vieux berger peul. « Les autorités frontalières nous harcèlent parce que nous n’avons pas de nationalité, mais nous sommes d’ici ! »
Le HCR s’est engagé avec les autorités locales à faciliter l’attribution de papiers officiels à ces personnes. « Cette situation est inacceptable », dit le Docteur Moussa Maman Bello, Maire du district de Karimama, qui gouverne l’île. « Nous sommes déterminés à résoudre ce problème avec l’aide du HCR, pour que toutes ces personnes puissent retrouver une identité, une nationalité et leur dignité », assure-t-il.