Le Niger accueille toujours plus de déplacés en provenance du Nigeria

Selon le suivi des mouvements réalisées par l’ONG IRC, ils seraient près de 15,000 les déplacés ayant fui le Nigeria pour se rendre au Niger depuis le début du mois d'août. On compte une fois de plus énormément de femmes et surtout d’enfants. Après plusieurs semaines caractérisées par peu de mouvements, la situation se détériore brusquement. Cet afflux massif s’explique notamment par l’attaque de Doron Bagga (10 – 11 août) mais traduit aussi des mouvements préventifs de populations voyant la menace des insurgés se rapprocher de leur lieu d’origine. Cette situation laisse présager des mouvements encore plus importants dans les semaines à venir alors que l’offensive des insurgés reste pour l’instant proche de la frontière Camerounaise. Au cours des deux dernières semaines, le Cameroun a enregistré l’arrivée de plus de 8000 déplacés. Une remontée des insurgés vers le Nord, et la menace qui pèse actuellement sur de Maiduguri, devrait provoquer inévitablement un important afflux vers le Niger. On note aussi actuellement l’arrivée de plus en plus fréquente de ressortissants tchadiens qui, bloqués par la présence des insurgés, transitent par le Niger pour pouvoir repartir vers leur pays d’origine. L’UNHCR et tous les acteurs humanitaires de Diffa se préparent à toute éventualité afin d’assurer protection et assistance à ces nouveaux arrivées qui viennent se greffer à la population ayant déjà trouvé refuge dans l’extrême est du Niger. La première phase du processus d’enregistrement des populations déplacées, qui consiste à compiler toutes les listes existantes (Direction Régionale de l’Etat Civil de Diffa, Comités d’Action Communautaire, ONG IRC), laisse apparaître que plus de 100,000 personnes en provenance du Nigeria, y compris des nigériens qui y ont vécu depuis longue date, seraient actuellement à Diffa. Il est cependant nécessaire de préciser que ce travail de compilation des données nécessite un important exercice de vérification sur le terrain. Rappelons aussi que la non présence de camps dans la région de Diffa et l’éparpillement des déplacés sur plus d’une centaine de villes, villages et îles, complexifie la réalisation d’une opération d’enregistrement continue et la compréhension des mouvements notamment les mouvements pendulaires. En tout état de cause, la situation se détériore rapidement dans la région de Diffa, région particulièrement fragile en termes de service sociaux de base, de sécurité alimentaire et d’environnement.


Encore beaucoup de femmes et d'enfants parmi les nouveaux arrivés. Sur la photo un camion transportant des déplacés arrivant à Diffa. © IRC