Du bidon au pavé : l’entreprenariat des réfugiés via le recyclage

La gestion des déchets dans les camps de réfugiés est souvent un processus inabouti. Afin de maintenir des espaces sains, des activités de collectes et des centres de tris sont mis en place au niveau de chaque camp. Cependant dans un pays comme le Niger où les mécanismes formels de traitement sont inexistants, les déchets s’amoncellent et leur avenir une fois qu’ils quittent le camp reste une grande inconnue.
Pour pallier à cette insuffisance, l’UNHCR et l’ONG GVD Afrique ont depuis mai 2016 enclenché une vaste réflexion incluant au-delà du traitement l’entreprenariat des jeunes. Pour chaque camp de la région de Tillabéry, trois jeunes réfugiés et trois jeunes locaux ont été identifiés et formés dans la gestion et la valorisation des déchets. Les bidons en plastique du camp et des villages d’accueil peuvent devenir aujourd’hui des pavés, et les matières organiques du compost. En parallèle du processus technique de transformation des déchets, les stagiaires ont bénéficié de modules autour de la gestion de petite entreprise collective. Comme Safia, jeune couturière originaire du village de Mangaize, les stagiaires ont rapidement cerné la portée de la formation : « je vois aujourd’hui la possibilité de profiter des déchets que nous jetons dans le village et qui peuvent être recyclés pour nous offrir des revenus. Une fois au village je prendrai mon courage pour sensibiliser mes amies et mes mères’’.
Pour Moussa cette formation est une aubaine afin de casser le cercle vicieux de l’inactivité des jeunes réfugiés dans le camp de Abala : « je pense qu’à partir d’aujourd’hui j’ai retrouvé un boulot. Avec mes amis, nous allons nous mobiliser pour faire la collecte des déchets tant au niveau du camp et que de la ville d’Abala’’.
Pour les jeunes formés la prochaine étape est l’appui en machines pour mettre en place de petites unités de traitement des déchets au niveau des camps et des villages hôtes.