« Chaque 25 Novembre, la Campagne de lutte contre les violences sexuelles et sexistes (VBG) est lancée, et cela pour 16 jours, soit jusqu’au 10 décembre, journée Internationale des droits de l’homme, afin de renforcer la stratégie et l’engagement de les combattre en vue d’un environnement sans risque de viol, d’abus, de sévices sexuels, de mariage des enfants, de l’exploitation et les abus sexuels y compris les mutilations génitales féminines.
Cette année, le HCR a retenu ce thème pour la campagne « Ne pas faire de laissé-pour compte : ensemble, mettre fin aux violences sexuelles et violences basées sur le Genre », pour lequel le Niger s’est inscrit afin de contribuer à ce combat de réduction les risques de violences sexuelles et sexiste en particulier dans les camps des réfugiés, dans la ZAR, et en milieu urbain, comme dans la ville de Niamey.
A titre de rappel, l’UNHCR, à travers ses partenaires dont Handicap International, développe un programme de prévention et réponse aux VBG. Dans les 5 arrondissements de la ville de Niamey où résident les réfugiés, il a été mis en place des comités mixtes VBG (réfugiés et communauté hôte) avec pour rôle de sensibiliser les communautés sur les risques et aussi sur les voies de recours en vue des réponses médicales, psycho sociales, juridique et économique.
L’UNHCR a ainsi mis en place une stratégie quinquennale (2014-2018) axée sur 6 principaux piliers visant à réduire sensiblement les risques de VBG dans la communauté des réfugiés. Cette stratégie a considéré les personnes les plus vulnérables comme une priorité dans ses actions, notamment : la protection des enfants; l’implication des hommes et des garçons dans la prévention et la réponse; la protection des personnes vivant avec handicap; la protection des victimes du sexe de survie comme moyen d’adaptation, et l’accès à l’énergie domestique pour réduire les risques d’agression dans les camps.
Cette stratégie a permis la réduction sensible des risques de violences sexuelles et violences basées sur le genre. Par ailleurs, il convient de rappeler, qu’il reste beaucoup à faire en ce qui concerne les défis, notamment; les mariages des enfants, une meilleure prise en compte des besoins de protection relative aux VBG, dans la législation ; et l’implication effective des hommes et des garçons dans les programmes de prévention et réponse.
En fin, il est nécessaire de rappeler et de souligner le principe de la tolérance ZERO du HCR contre l’exploitation et les abus sexuels, comme récemment rappeler dans le message du Haut-commissaire le 15 novembre 2017. Cet appel est adressé à tous les staffs HCR et aux staffs des partenaires afin de contribuer significativement à ce combat, qui est le nôtre, comme acteurs Humanitaires. Je vous invite ainsi à soutenir cette campagne afin de contribuer aux efforts déjà fournis par le Gouvernement du Niger et les autres acteurs en vue d’un changement positif des comportements des tous y compris les réfugiés, pour que la prévention et la réponse aux VBG soit une réalité, une priorité dans toutes nos activités et dans notre vie ».
Depuis fin 2015, l’UNHCR a misé sur le gaz comme modalité d’assistance innovante dans la région de Diffa (http://unhcrniger.tumblr.com/post/146545591149/en-contexte-durgence-lunhcr-fait-de-diffa-la ). En septembre 2017, l’UNHCR atteignait sa cible de 27.000 ménages bénéficiaires. En deux ans, le pourcentage de foyers utilisant le gaz à Diffa est passé de 1% à près de 30%. Le suivi se poursuit pour mesurer l’appropriation de cette nouvelle énergie pas les ménages et ses impacts. Réalisée avec l’appui de la Délégation de l’Union Européenne au Niger et de la Haute Autorité à la Consolidation de la Paix, cette intervention repose sur un partenariat fort avec le secteur privé, et plus spécifiquement la Société Nigérienne des Hydrocarbures (SONIHY). Issa Abdou Insa est le directeur commercial de la SONIHY. Dressons avec lui un premier bilan.
Comment évaluez-vous le partenariat a qui est d’un nouveau genre tant pour vous que pour la représentation de l’UNHCR au Niger?
Nous avons commencé à travailler ensemble en 2013 pour fournir du gaz aux réfugiés maliens du camp d’Abala. C’était une première expérience assez aboutie qui a permis d’asseoir de bonnes bases de partenariat et apprendre à se connaitre. Mais en termes de volume et de contexte, Diffa reste une expérience à part. A la différence du camp d’Abala où il fallait fournir du gaz dans un espace limité et avec une ONG qui assurait le ravitaillement, à Diffa on a du construire tout un réseau de distribution autonome sur un territoire vaste. Dans la phase préparatoire il y a eu avec l’UNHCR beaucoup d’échanges en analysant des cartes, l’emplacement des déplacés, l’analyse de la situation sécuritaire. Tout en comprenant les besoins humanitaires exposés par l’UNHCR, il a fallu aussi analyser ensemble les risques pour l’entreprise et la rentabilité pour nous de s’installer à Diffa. Même si l’UNHCR nous a surement amené à donner plus de place à l’humain dans nos activités, nous restons une entreprise privée, pas des philanthropes. Au final, chacun a compris les besoins de l’autre car nous avions un objectif commun, celui de faire que cette action soit vraiment durable. De notre côté, nous avons réalisé sous fonds propres des investissements que nous n’avons fait dans aucune région du Niger. Ces investissements sont estimés à 1 milliard de FCFA (environ 1,5 millions d’euro) et consistent en cinq stations GPL (Gaz de Pétrole Liquéfié) de 10 tonnes, une station de 80 tonnes et plus de 30 points de vente. Au final, ce qui montre que l’intervention fonctionne est le développement d’activités autonome autour du gaz comme la fabrication de réchauds, la vente de bruleurs ou encore la livraison de gaz à domicile.
Donc un véritable partenariat gagnant-gagnant ?
Pour l’instant on peut dire que tout le monde sort gagnant de ce partenariat. Pour nous d’un point de vue économique bien sûr mais aussi pour l’image de l’entreprise et plus largement l’image du gaz. On est aujourd’hui très sollicité pour expliquer l’expérience avec l’UNHCR, et beaucoup d’ONG souhaitent travailler avec nous. Même au niveau du gouvernement l’expérience SONIHY-UNHCR est citée en exemple pour pouvoir avancer sur la lutte contre la désertification. L’intervention de l’UNHCR a permis de changer les mentalités sur le gaz et cela à deux niveaux : premièrement que l’utilisation du gaz par les populations rurales n’est pas un problème si elles sont formées ; deuxièmement que le gaz est nettement moins cher que le bois et que donc il aide les plus pauvres.
Installer un mécanisme d’accès au gaz dans un contexte d’insécurité comme celui de Diffa n’est pas chose aisé. Avez-vous eu des moments des doutes ?
Effectivement il n’est pas aisé de s’installer dans des zones de haute insécurité comme Diffa et il y a eu des moments pendant lesquels sans parler de doutes cela nous a causé beaucoup d’interrogations. Nous ne sommes pas habitués à opérer dans un tel contexte. A ma connaissance, aucune entreprise privée n’a réellement investi à Diffa depuis le début de la crise. Sans le partenariat proposé par l’UNHCR nous nous serions jamais installés à Diffa parce qu’il n’y avait pas assez de consommateurs de gaz mais aussi parce que la situation sécuritaire nous amenait à regarder ailleurs. L’installation des stations GPL a été entrecoupée d’incidents sécuritaires ce qui occasionné certains retards. Dans certaines zones à risque nous avons aussi opté avec l’UNCHR pour que des stations GPL souterraines et non aériennes soient installées. C’est notamment le cas à Kabelawa et à N’Ngagam. Au final, c’était un véritable défi, beaucoup disaient que cela ne serait pas possible, mais nous y sommes arrivés.
Ou en sommes-nous par rapport à la consommation de gaz à Diffa ?
Grace à cette intervention, on a une couverture qui s’étend aujourd’hui sur les deux tiers du territoire de la région. Apres Niamey, Diffa est aujourd’hui la seconde région du Niger en termes de consommation de gaz, loin devant des régions comme Maradi et Zinder qui comptent pourtant cinq à six fois plus d’habitants. Diffa était la dernière avant cette intervention. On est actuellement sur une consommation moyenne de 60 tonnes par semaine. Mis à part les 27,000 nouvelles familles clientes que l’UNHCR a permis de nous créer dans la région, grâce à l’analyse de nos propres ventes des bouteilles on estime au minimum que 5000 familles additionnelles utilisent aujourd’hui le gaz. Ce qu’il est important de mentionner c’est que ce que de par son ampleur ce projet a fait chuter son prix pour le consommateur. Cela a permis de diviser le prix par 3 ou 4 pour avoir un prix qui se situe aujourd’hui au même niveau que la capitale Niamey.
Les 14 et 15 novembre se tenaient à Diffa deux jours d’échanges co-organisés par l’UNHCR et le Conseil Régional de Diffa afin de préparer la nouvelle phase du programme d’urbanisation. Cet atelier a vu la participation massive des maires, des chefs de canton, des préfets et des services techniques de l’Etat. Appuyé par l’Union Européenne, cette seconde phase porte un nom à la signification claire « Kallo Tchidanio », « construisons ensemble » en langue Kanouri. 2018 est une année centrale pour permettre à la région de Diffa de se projeter vers le futur.
L’UNHCR, en collaboration avec l’ONG CISP, a enclenché son programme d’urbanisation depuis 3 ans dans la région de Diffa. Il vise à accompagner le vivre-ensemble et les alternatives aux camps de réfugiés en assurant l’accès légal au foncier pour le logement. Plus de 350 hectares ont été lotis, 7 lotissements ont déjà vu le jour. Voirie, équipements, et parcelles sont inclus dans les projets de lotissement qui sont validés par le Ministère de l’Urbanisme. Les zones loties sont aussi mixtes : réfugiés, hôtes, pauvres et nantis cohabitent. Le système mis en place est hybride entre logement sociaux et propriété foncière via la logique de « parcelle sociale ». Les ménages réfugiés bénéficiaires ont l’usus des parcelles (200 m2), mais ne peuvent ni les louer ni les vendre avant une période de 5 ans. Après 5 ans, ils deviennent propriétaire. Lorsqu’un ménage décide de quitter sa parcelle, celle-ci redevient un bien communal qui la remet à un nouveau ménage vulnérable Depuis 2014, près de 2000 ménages réfugiés ont bénéficié de parcelles sociales.
Une logique de gagnant-gagnant structure ce programme. Dans les échanges et les négociations favorisant l’intégration socio-économique des réfugiés, l’UNHCR prend en considération les besoins des communes dont une centrale : la planification urbaine sous fond de mouvements de population et de croissance démographique galopante. Avant cette intervention, les communes touchées n’avaient pas d’expérience dans le processus de lotissement et ne pouvaient donc pas répondre aux demandes de parcelles de leur propre population, même nantie.
Pour cette nouvelle phase, l’UNHCR souhaite aller au-delà des questions de logement et de protection. Un objectif additionnel s’est greffé, celui d’accompagner la relance économique au niveau local en utilisant deux leviers. Le premier est la construction de 4000 logements sociaux en architecture sans bois, dont 70% du cout unitaire est directement réinjecté dans l’économie locale, et qui permet ainsi la création ou le maintien de plus de 2500 emplois.
Le second s’opère via viabilisation de près de 450 hectares additionnels, pour un équivalent de 6000 parcelles, dont plus de la moitié reviendra aux communes pour la mise en vente. Dans un contexte de politique de décentralisation, ces ventes permettront de renforcer la capacité de mobilisation interne des ressources par les communes afin qu’elles puissent mettre en œuvre des interventions visant l’amélioration de l’accès aux services de base, de manière autonome ou en co-financement avec les humanitaires.
L’engouement autour de l’intervention est unanime, son potentiel catalyseur est aussi important. Ci-dessous, morceaux choisis des interventions de participants à l’atelier.
Hamadou Hamadou, Secrétaire Général du Conseil Régional de Diffa : Quand on solutionne les problèmes de logement et d’habitat on contribue énormément à la solution globale de cette crise. On ne peut concevoir le bien-être de l’homme sans l’habitat décent qui se traduit par le respect de la vie privé, la sécurité foncière et un minimum de confort. Pour les collectivités territoriales à l’histoire récente que sont le Conseil Régional et les Communes, cette intervention est un soutien fort pour mettre en œuvre les plans de développement au sein desquels le lotissement et l’habitat sont centraux. Au niveau du conseil régional nous avons aussi entamé des réflexions pour concevoir un modèle architectural rural que l’intervention va alimenter considérablement.
D’un point de vue économique, la construction de logement apparait aussi comme un cercle vertueux. On parle ici de constructions durables c’est-à-dire qui évitent aux ménages de perpétuelles réparations comme c’est actuellement le cas. L’intervention va aussi offrir énormément d’emploi, les communes ne se porteront que mieux.
Elhadj Bako Mamadou, Maire de Bosso : Cette seconde phase est très importante pour nous. Nous étions l’une des premières communes à devoir bénéficier de cette intervention mais l’insécurité n’a pas permis d’aller au bout. Bosso est le seul village qui a vu sa population retournée après les déplacements internes dut aux attaques. Les réfugiés sont aussi rentrés avec les communautés hôtes. Ils ne peuvent aujourd’hui continuer à rester sur les parcelles et les concessions des habitants de Bosso. Il faut que chacun retrouve un chez soi.
Au-delà, l’intérêt de cette intervention est qu’elle permette à la commune de générer des recettes importantes car une partie des parcelles loties reviennent à la commune qui peut les vendre aux personnes qui en font la demande. A Bosso, nous pensons utiliser ces recettes pour développer d’autres lotissements car la demande d’achat de parcelles par notre propre population est actuellement très élevée.
Directeur Régional de l’Urbanisme : Cette intervention s’avère essentielle pour accompagner les familles sinistrées qui n’ont pas la possibilité d’avoir accès aux terrains. Mais c’est aussi une opportunité pour les communes car l’urbanisation coute cher et elles n’en ont pas les moyens. On est en train de faire un urbanisme de rattrapage, il y a un besoin important d’appui.
Les précédentes phases de lotissement ont été une bonne expérience et attire la curiosité au-delà de la région. Les gens appellent pour se renseigner. On sent aussi une forte appropriation par les communes. Il n’y a pas eu de réticences particulières, les différentes parties ont adhéré. La sensibilisation faite par les autorités et la chefferie a été essentielle.
“Je suis heureux d'annoncer qu'un premier groupe de 25 réfugiés extrêmement vulnérables a été évacué aujourd'hui, samedi 11 novembre, de la Libye vers le Niger par le HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés.
Parmi ces 25 réfugiés, il y avait 15 femmes, six hommes et quatre enfants de nationalités érythréenne, éthiopienne et soudanaise. Tous seront hébergés dans une maison d'hôtes à Niamey jusqu'à ce que leurs demandes de réinstallation soient traitées.
Je suis particulièrement reconnaissant aux Gouvernements de la Libye et du Niger d'avoir rendu possible cette évacuation humanitaire. Cette mesure vitale pour ces réfugiés extrêmement vulnérables est également un geste extraordinaire de solidarité et de coopération entre le Niger et la Libye.
Nous espérons être en mesure d'effectuer plus d'évacuations dans un proche avenir. Je tiens toutefois à souligner qu'ils resteront d'ampleur limitée tant que les engagements en termes de réinstallation resteront insuffisants. Je réitère l'appel urgent du Haut Commissaire en faveur de la création de 40 000 places le long des routes menant à la mer Méditerranée centrale.
Ces évacuations de réfugiés ne peuvent qu’être une partie d’efforts plus larges de construction de l'asile et de gestion des migrations pour faire face au mouvement complexe des migrants et des réfugiés qui se lancent dans des voyages périlleux à travers le désert du Sahara et la mer Méditerranée. Il est clairement nécessaire de créer davantage de moyens réguliers et sûrs afin de permettre aux réfugiés de trouver la sécurité et la protection internationale, et de s'attaquer aux causes profondes du déplacement des réfugiés.”
Dans le cadre de la campagne mondiale pour l’éradication de l’apatridie d’ici 2024, initiée par l’UNHCR, les Etats membres CEDEAO ont signé, le 25 février 2015 à Abidjan, une déclaration dite « Déclaration d’Abidjan » par laquelle ils s’engagent à prendre des mesures pour prévenir l’apatridie, identifier et protéger les apatrides, et résoudre les situation d’apatridie existantes, y compris à travers la conception et mise en œuvre des plans d’action nationaux de lutte contre l’apatridie. Dans la même continuité, le 9 mai 2017 le Niger avec les autres Etat membres de la CEDEAO a signé le « Plan d’Action de Banjul » pour l’éradication de l’apatridie.
C’est donc afin de se conformer à ces engagements, que l’Etat du Niger à travers a élaboré Plan d’action national de lutte contre l’apatridie qui a été soumis à validation lors d’un atelier tenu dans la ville de Dosso le 27 Octobre 2017.Placé sous la présidence de la Secrétaire Générale du Ministère de la Justice, l’atelier a enregistré la présence des autorités régionales et municipales, des cadres techniques régionaux, et de l’UNHCR. L’enregistrement des naissances, la délivrance de certificats de nationalité, la prévention de la privation de nationalité pour des raisons de discrimination, la possibilité d’accorder le statut de protection aux migrants apatrides et faciliter leur naturalisation font parties des priorités du plan. Le texte amendé et validé sera prochainement présenté au gouvernement pour son adoption. Le plan d’action national constituera un outil clé pour guide l’action du gouvernement et de ses partenaires dans la protection des apatrides et vers l’éradication de l’apatridie.
En parallèle, l’UNHCR entend mener un travail avec des universitaires nigériens pour analyser les mesures discriminatoires et les vides juridiques existants dans le cadre légal nigérien sur la nationalité.