Diffa : Regards sur la solidarité à travers une famille

Jérôme Gence est photographe freelance. A la fin de l’année 2016, il se rendait au Niger pour suivre le parcours d’un jeune Nigérien issu de la classe populaire, symbole à lui seul de la diversité des mouvements migratoires, qui s’est exilé en Asie pour y développer progressivement un commerce florissant. Au gré de ses rencontres, la mention à « Diffa » lui a souvent été faite, à laquelle était adossé très souvent un autre mot : « Solidarité ». Il a alors traversé le pays pour mettre en image le fil conducteur de cette crise.
La chaleur est écrasante à Diffa. Il suffit simplement de faire quelques pas dans le sable de cette petite ville nigérienne pour imaginer les conditions dans lesquelles vivent plus de 300 000 personnes, réfugiées ou déplacées. C’est en arrivant sur la route nationale 1 que l’on réalise l’ampleur de la situation.

Dans ces villages sortis de nulle part, les conditions de vie sont éprouvantes. Dans leurs fuites, les personnes réfugiées ou déplacées ont tout laissé derrière elles. En manque de tout, elles se retrouvent donc exposées à de nombreuses situations de vulnérabilité. Mais au milieu de ce chaos, cette route nationale 1 emmène aussi tout droit au cœur de certains habitants de Diffa qui spontanément accueillent des familles entières de personnes réfugiées ou déplacées.
Parfois ce sont des liens familiaux ou d'amitiés qui les rapprochent, mais bien souvent ce n’est que le hasard qui comme un rendez-vous, redonne à ces familles un espoir inattendu. C’est le cas de la famille de Mr Abdoul Karim Aboubacar. Avec sa femme et ses 6 enfants, Mr Aboubacar a fui d'abord Boko Haram depuis Malam Fatori, au Nigéria, et ensuite depuis Bosso au Niger où, avec sa famille, il est resté un an. C’est en arrivant à Diffa qu’il a rencontré Abdou Harouna qui s’est proposé de l’accueillir.
Ouvrir les portes de la petite maison de Mr et Mme Harouna, c’est se réconcilier avec l’humanité. Chez eux, pas de différences entre réfugiés et famille d’accueil. Les enfants s’amusent ensemble et chacun aide comme il peut. Le plus étonnant est que la famille Harouna aurait bien des raisons de fermer ses portes à des personnes réfugiées : maigres revenus, famille déjà nombreuse à nourrir, petite maison. Malgré cela, ils ont décidé d’accueillir la famille Aboubacar et ont réussi à remettre des sourires à leurs visages. Comme elle, de nombreuses familles de Diffa illustre cet élan de solidarité dont on parle peu mais sans lequel la situation serait encore plus dramatique.





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