Pascal Brice (Ofpra): «Nous allons entendre des personnes déjà identifiées par le HCR»

Pascal Brice, directeur de l'Ofpra, en 2015. AFP/Jacques Demarthon


Le président français a annoncé son intention d’envoyer des missions d’identification de demandeurs d’asile au Niger et au Tchad. C’est l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) qui sera chargé d’identifier ceux qui pourront prétendre au droit d’asile. Pascal Brice, directeur général de l’Ofpra répond aux questions de Pierre Firtion.

RFI : L’OFPRA va envoyer des missions au Tchad et au Niger. Concrètement, comment vont se passer ces missions d’identification ?

Pascal Brice : Il s’agit de la mise en œuvre des décisions du sommet du 28 août de Paris. Au fond, en s’inspirant de ce que l’OFPRA pratique depuis plusieurs années en Turquie et au Liban. Des officiers de protection de l’OFPRA, en accord évidemment avec les autorités de ces pays mais aussi avec le HCR, vont s’installer pendant quelques jours pour entendre des personnes qui sont déjà identifiées par le HCR sur place. J’insiste, ce ne sont pas des personnes qui arriveraient. Ce sont des personnes qui sont déjà là, qui sont déjà sur les listes du HCR. De manière à vérifier qu’elles peuvent être réinstallées en France parce qu’elles relèvent du droit d’asile.

Ça veut dire donc que vous allez travailler depuis les centres déjà existants au Niger et au Tchad ou est-ce que de nouveaux centres vont voir le jour ?

Il s’agit de mission ponctuelle, c’est-à-dire que l’OFPRA viendra s’installer de manière ponctuelle pour entendre les personnes identifiées par le HCR et de manière à statuer. Ce ne sont pas à proprement parler des centres, ce sont des missions qui s’installeront de manière à entendre ces personnes, à procéder aux entretiens d’instruction de la demande d’asile.

Une fois les personnes identifiées et choisies, que se passera-t-il concrètement pour elles ? Comment se rendront-elles sur le territoire français ?

C’est encore une fois tout à fait semblable à ce qui se pratique en Turquie et au Proche-Orient depuis plusieurs années. Une fois que les personnes qui sont d’ores et déjà sur les listes du HCR auront été identifiées par l’OFPRA à travers un entretien, que différentes vérifications auront pu être faites, ces personnes seront conduites vers le territoire français, et probablement d’autres pays européens qui se joindraient à ce dispositif.

Et pour les personnes qui ne seraient pas retenues ?

Les personnes qui ne sont pas retenues restent de la compétence locale, elles ne sont pas réinstallées.

À partir de quand précisément les premiers réfugiés du Tchad et du Niger rejoindront-ils le territoire français, a-t-on une idée de l’agenda ?

L’agenda c’est l’application des décisions de réunion des chefs d’État du 28 août qui va nous conduire dans les prochaines semaines à projeter ces premières missions d’instruction en accord avec les autorités locales. Et dans les semaines, les mois qui suivent ces entretiens, une réinstallation en France en lien avec l’Organisation internationale des migrations.

Hier, le président Macron a évoqué le chiffre de 10 000 réfugiés qui seraient accueillis en France lors de ces deux prochaines années, dont 3 000 en provenance du Tchad et du Niger. Pensez-vous que ces chiffres sont réalistes, que la France va pouvoir respecter cet engagement-là ?

Naturellement, c’est l’engagement qui sera tenu, qui conduira l’OFPRA chaque fois en tant que de besoin à se rendre sur place pour tenir ces entretiens. Vous savez que depuis la Turquie et le Liban, la Jordanie et l’Égypte, depuis trois ans, ce sont près de 15 000 personnes qui ont été entendues par l’OFPRA donc vous voyez que c’est tout à fait quelque chose que nous sommes en situation de faire avec les autorités locales et avec le HCR.

Emmanuel Macron ne cesse de le répéter depuis plusieurs mois, il souhaite lutter contre l’immigration illégale. Est-ce que vous pensez que ces missions d’identification sur place, en Afrique, quand on parle du Niger et du Tchad, c’est une solution pour y parvenir ?

C’est en tout cas un élément tout à fait indispensable pour faire cesser autant que possible l’enfer de la traversée de la Libye et de la Méditerranée aujourd’hui. En faisant en sorte que dans le nombre fixé, en l’occurrence c’est 3 000, des personnes qui relève du droit d’asile, c’est ce que les officiers de protections l’OFPRA viendront vérifier en lien avec le HCR, puissent être prise en charge, réinstallées dans de bonnes conditions en évitant ces terribles traversées dès lors qu’elles sont d’ores et déjà sur des listes du HCR.

Pour plus d'information: http://www.rfi.fr/emission/20171011-pascal-brice-directeur-ofrpa-reagit-annonce-macron-refugies