A Sayam Forage, bientôt des poissons au milieu du sable


Pour les amateurs de guides de voyages, vous trouverez une trace de Sayam Forage dans les éditions du « Guide du routard » des années 2000. Sayam Forage faisait partie des « choses à voir ». A Sayam est adossé le mot « Forage » car le village dispose d’un forage profond qui en faisait un lieu incontournable pour les éleveurs tant pour abreuver les animaux que pour son marché qui s’est développé autour. Moins connue des itinéraires touristiques qu’Agadez, Diffa n’en est pas moins une région qui a fasciné touristes et coopérants. Aujourd’hui, le Guide du Routard rappelle que le Ministère des Affaires Etrangères français déconseille les deux régions. A côté du village de Sayam Forage, un camp qui porte le même nom accueille 12,000 personnes.

Pour les réfugiés de Sayam Forage, ni touriste bien sûr, ni bétails. Malgré la crise, le spectacle de troupeaux affluant vers le forage le jour de marché existe toujours. Les réfugiés l’observent, peu sont ceux qui possèdent du bétail. Quand à la pèche, pour ceux qui la pratiquaient, elle n’est aujourd’hui, loin du Lac Tchad et de la rivière Komadougou, qu’un lointain souvenir. L’environnement du camp offre la sécurité mais, en pleine zone semi-désertique, peu d’activités.

Sur la photo ci-dessus, derrière les personnes autour du bassin, vous pouvez observer une couverture végétale. C’est la saison des pluies sur la bande sahélienne, une fine couche verte recouvre le sable. Ne vous y m’éprenez cependant pas, dans quelques semaines il n’y aura que du sable à Sayam Forage. Mais le bassin restera et des dizaines d’autres sont en train de voir le jour. En partenariat avec l’Université de Diffa, récemment créé mais qui se positionne comme un acteur central pour le relèvement de la région, l’UNHCR vient de commencer une intervention qui vise à développer la production agro-sylvo-pastorales et …. piscicoles. Près de 500 ménages réfugiés et hôtes sont impliqués.

La situation dans la région de Diffa impose de penser le relèvement et le bien-être des populations différemment de ce qu’il en était avant la crise. Les zones fertiles ont été abandonnées à cause de l’insécurité, l’argent ne circule plus. Les leviers sur lesquels travailler pour accompagner les déplacés à se prendre en charge sont rares. On ne peut attendre un retour à la normale, les populations s’impatientent, la réduction des fonds pour la réponse humanitaire ne devrait pas tarder à frapper à la porte des abris d’urgence.

C’est donc un pari ambitieux que celui de l’UNHCR et de l’Université de Diffa de produire des poissons au milieu du sable. Pari ambitieux qui s’inscrit cependant dans les objectifs que s’est assignée l’Université de Diffa celui notamment d’incuber de telles initiatives à travers la région. Premier essai que le Recteur de l’Université de Diffa voit aussi « comme un laboratoire de support pédagogique pour les enseignements ».

Dans quelques mois, nous reviendrons vers nous pour vous informer si la pèche a été bonne.