Le chef du HCR exhorte les dirigeants africains à lutter contre les déplacements
Dans une allocution aux membres de l'Union africaine, Filippo Grandi appelle les gouvernements à mettre fin aux conflits poussant des millions de personnes à fuir.
ADDIS ABABA, Éthiopie - Les pays africains font preuve d’une grande générosité dans l'accueil des réfugiés du continent, mais les Etats membres doivent faire davantage pour lutter contre les causes profondes générant des déplacements régionaux, a déclaré le chef du HCR lors d'une réunion de dirigeants régionaux.
Le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Filippo Grandi, s’est adressé mercredi 21 juin à la conférence du Conseil de l’Union africaine (UA) pour la paix et de la sécurité dans la capitale éthiopienne, Addis-Abeba.
Filippo Grandi a souligné que l'aide humanitaire n'était pas une solution pour plus de 17 millions de personnes déracinées en Afrique subsaharienne. Il a déclaré que la région devait développer de meilleurs systèmes d'alerte précoce ainsi que la diplomatie pour aider à prévenir les conflits qui provoquent des déplacements.
« L'UA joue un rôle fondamental pour remédier aux circonstances qui entraînent aujourd'hui des déplacements et je vous exhorte à placer le sort des personnes déplacées au centre de votre engagement dans les situations affectées par la fragilité et les conflits », a-t-il déclaré.
« La recherche de solutions à ces crises et à d'autres crises de déplacement est fondamentalement liée à la résolution des causes profondes qui entraînent et accélèrent la division et les conflits violents », a-t-il ajouté.
Le Haut Commissaire a appelé les pays de la région à lutter contre les violations des droits humains et l'impunité pour « approfondir la démocratie et la bonne gouvernance à travers le continent », a-t-il indiqué.
Filippo Grandi a souligné la détérioration de la situation au Soudan du Sud, qui est la crise de déplacement à la plus forte croissance dans le monde. Près de quatre millions de Sud-Soudanais ont fui leurs maisons, dont la moitié vers des pays voisins.
« Placer le sort des personnes déplacées au centre de votre engagement dans les situations affectées par la fragilité et les conflits. »
« C'est presque comme si le pays se vide », a-t-il expliqué en faisant référence à sa visite au Soudan du Sud quelques jours plus tôt. « Les personnes déplacées auxquelles j'ai parlé ont un message commun fort : le besoin de paix et d’un leadership politique responsable et fort pour y parvenir. »
Le Haut Commissaire était à Addis-Abeba lors de sa visite en Afrique qui avait débuté au Soudan du Sud la semaine dernière et qui se termine vendredi après un Sommet pour la solidarité envers les réfugiés dans la capitale ougandaise, Kampala.
Au Soudan du Sud, le Haut Commissaire s’est rendu dans des sites de déplacés à Juba et Bentiu, où vivent certaines parmi environ deux millions de personnes déplacées dans ce pays. Des millions de Soudanais du Sud fuient non seulement le conflit mais aussi la sécheresse et la famine.
Au cours d'une visite à Gambella, en Ethiopie, à l’occasion de la Journée mondiale du réfugié du 20 juin, Filippo Grandi a rappelé le droit pour les réfugiés de recevoir une éducation.
Le pays accueille près de 850 000 réfugiés au total, en majorité originaires du Soudan du Sud, de la Somalie et de l'Érythrée. Il a salué le gouvernement et le peuple éthiopiens pour leur longue histoire et leur tradition continue en termes d'accueil des réfugiés, même dans le contexte actuel de la crise d’urgence au Soudan du Sud.
Le Ministre éthiopien des Affaires étrangères a déclaré que son pays continuerait à garder ses frontières et ses cœurs ouverts aux réfugiés.
Dans le cadre de la Déclaration de New York sur les réfugiés et les migrants adoptée en 2016, l'Éthiopie, l'Ouganda, la Tanzanie, Djibouti et la Somalie se sont engagés à élaborer des programmes et des politiques pour adopter une approche plus globale et répondre aux besoins des réfugiés et des communautés qui les accueillent.
Filippo Grandi a déclaré que ces pays, qui hébergent des réfugiés depuis des décennies, « sont des exemples pour le reste du monde ». Cependant, il a souligné que leur générosité ne devait pas être considérée comme acquise et qu'il fallait davantage de soutien pour qu’ils continuent à prospérer.
Le Haut Commissaire soulignera la nécessité d'un meilleur partage de la responsabilité des réfugiés dans le monde lors de sa participation, vendredi, au Sommet de Kampala. Environ 500 délégués sont attendus, y compris des chefs de gouvernement, des institutions des Nations Unies et des organisations financières ainsi que des organisations non gouvernementales.