Une équipe de réfugiés participe aux Championnats du monde d'athlétisme
Cinq athlètes se rendront à Londres aux championnats d'athlétisme de l'IAAF depuis le Kenya. Ils seront les premiers réfugiés à participer à cette compétition.
NAIROBI, Kenya - Cinq athlètes réfugiés vont rejoindre Londres depuis le Kenya pour participer aux championnats du monde d'athlétisme cette semaine. C’est la première fois qu’une équipe de réfugiés va y participer en 34 ans d'histoire.
Ahmed Bashir Farah, Anjelina Lohalith, Dominic Lobalu, Rose Lokonyen et Kadar Omar participeront en tant que membres de l'Equipe des athlètes réfugiés.
Ces athlètes sont ravis de pouvoir participer à cette compétition internationale après des mois d’entrainement à Nairobi, la capitale kenyane.
Ahmed, âgé de 19 ans, courra dans l’épreuve du 800 mètres. Il est réfugié à Nairobi depuis qu'il a fui la violence en Somalie, à l’âge de 9 ans, avec sa mère et ses deux sœurs.
« C’est formidable d’aller à Londres », explique-t-il. « C’est dans quelques jours maintenant. Je souhaite effectuer mon meilleur chrono et pouvoir passer les épreuves éliminatoires. Vous savez, c'est ma première grande compétition internationale, donc c'est normal de se sentir un peu nerveux et effrayé mais, une fois sur la piste, la peur me quittera. »
Sa partenaire d’entraînement Anjelina est une réfugiée sud-soudanaise depuis 10 ans. Elle courra le 1500 mètres femmes. Elle est enthousiaste au sujet de la compétition, mais ce n'est pas sa première compétition internationale.
« Je dois aiguiser mon talent et montrer au monde qu'un réfugié peut réussir. »
Cette athlète de 23 ans avait participé aux Jeux olympiques de Rio 2016 dans le cadre de l'Équipe olympique des athlètes réfugiés, une première dans l'histoire des Jeux. Des réfugiés avaient été autorisés à participer au sein d’une équipe constituée à cette occasion. Ce championnat, organisé par l'Association internationale des fédérations d'athlétisme (IAAF), se déroule du 4 au 13 août. Son ouverture s’effectuera presqu’un an jour pour jour après l’ouverture des Jeux olympiques de Rio 2016.
« Je me vois faire de la compétition un jour, une fois à un niveau international », a-t-elle indiqué. « Actuellement, je cours avec des championnes et, maintenant c'est mon tour, je dois aiguiser mon talent et montrer au monde qu'un réfugié peut réussir. »
Kenya: Championnats du monde d'athlétisme (en anglais) (Walter Kigali, caméra / Mary Theru Wambui, productrice)
Ahmed et Anjelina, avec les trois autres réfugiés participants, ont eu l'opportunité de s'entrainer avec l'équipe nationale kenyane, y compris David Rudisha, recordman mondial du 800 mètres et champion olympique.
David Rudisha vient d'annoncer qu'il ne partipera pas à cette compétition à Londres en raison d'une blessure. Mais, selon Bashir, l’entrainement avec des champions du monde au Kenya a renforcé la confiance au sein de l'équipe de réfugiés.
« Vous savez, quand vous vous entraînez avec un champion, avec un champion qui détient des records, cela renforce votre moral », a-t-il déclaré. « Vous commencez à fonctionner comme lui. Donc, lorsque vous allez à la compétition, les autres athlètes ne vous intimident pas car vous vous entraînez avec quelqu'un comme Rudisha. »
« En ce qui me concerne, l'équipe est prête et nous n'attendons plus que le top départ. »
Kadar Omar est originaire d'Éthiopie - un pays bien connu pour ses champions d'athlétisme. Il aura la chance de courir dans la même épreuve que son idole, le coureur de fond britannique Mo Farah, qui a remporté la médaille d'or pour le 5000 mètres et le 10 000 mètres aux Jeux de Rio.
« C'est comme un rêve devenu réalité car je m’entraine depuis près de trois ans », a déclaré Kadar, 20 ans. « Je n'ai pas abandonné. J'espère être comme Mo Farah. Je suis un grand fan. Mon objectif est de courir avec lui à l'avenir. C’est un bon athlète, la façon dont il court et son style m'inspirent beaucoup. »
Dominic Lobalu participera à l’épreuve du 1500 mètres et Rose Lokonyen au 800 mètres.
L'Equipe des athlètes réfugiés a été sélectionnée pour les championnats de Londres après des épreuves éliminatoires organisées par la Tegla Loroupe Peace Foundation. Le coureur de fond Tegla Loroupe détient le record du monde de 20, 25 et 30 kilomètres et il entraîne les cinq athlètes et d’autres réfugiés.
Une partie de la mission de cette fondation consiste à promouvoir le développement socio-économique au bénéfice d’individus et de communautés démunies et marginalisées dans le nord du Kenya et la Corne de l'Afrique. Il a organisé la compétition annuelle Peace Races en Afrique de l'Est.
Tegla Loroupe a aidé les réfugiés à participer aux Jeux de Rio et il recherche des possibilités pour la participation de réfugiés à des manifestations sportives internationales. Depuis Rio, les athlètes réfugiés kenyans ont participé à des compétitions sportives à Chypre, aux Bahamas, en Ouganda et au Rwanda.
L'entraîneur John Anzara, qui travaille pour la fondation, affirme qu'il est confiant sur de bons résultats pour les cinq athlètes à Londres.
« Nous avons fait des progrès. Nous nous sommes bien entraînés. En ce qui me concerne, l'équipe est prête et nous n’attendons plus que le top départ. »