Une mère soudanaise et ses enfants, tous élèves de la même classe

Après avoir fui la guerre dans la région du Darfour au Soudan, Hosna a décidé de scolariser ses enfants ainsi qu'elle-même.

La réfugiée soudanaise Hosna Idris Abdallah, en noir, lors d'un cours d'anglais avec sa fille Khadija, 15 ans, au centre en foulard blanc.
© HCR/ Oualid Khelifi


La vie de Hosna Idris Abdallah a été marquée par la violence, la faim et la pauvreté.  Cependant, elle n'a jamais renoncé pour elle-même ou ses enfants et elle n'a jamais perdu le désir de continuer à apprendre.


Chez elle, dans la région du Darfour au Soudan, la famille d’Hosna était composée d'agriculteurs et de bergers. Comme toutes les autres jeunes femmes qu'elle connaissait, elle s'est mariée et elle a eu des enfants. Puis la guerre a éclaté et des hommes armés ont fait irruption dans son village. Ils ont tué cinq hommes de sa famille, dont son mari.

Ce jour-là, Hosna a rassemblé ses enfants et ses possessions puis elle a quitté sa maison. Arrivée au Tchad en 2003, elle s'est remariée et a eu deux autres enfants. Après le divorce de son second mari, elle a dû les élever seule.

Hosna, ses cinq enfants et son petit-enfant vivent désormais dans un camp de réfugiés près de la ville de Goz Beida, au Tchad. Au début, ils ont eu du mal à trouver de la nourriture, des vêtements et un abri, mais au fur et à mesure que l'aide arrivait et que leur vie se stabilisait, Hosna a pu se tourner vers l'avenir. « J'ai réalisé qu'il était important que mes enfants reçoivent une éducation », dit-elle. « Ils n'ont pas de père. Donc, ils n'ont que l'éducation pour leur avenir. »

Vidéo (en anglais). La réfugiée soudanaise Hosna Idris Abdallah n'a jamais abandonné son désir d'apprendre.

Elle a soudain décidé qu'elle voulait également recevoir une éducation. « Au Darfour, personne n'a jamais pensé à m’inscrire à l'école. J'ai décidé d'y aller car je n'en avais jamais eu l'occasion. »

 

« Les gens trouvent étrange que je fréquente l'école avec mes enfants... mais je n'abandonnerai jamais. »

Il lui est difficile d'intégrer l'école et, en même temps, de subvenir aux besoins de ses enfants. Hosna, 37 ans, réveille ses enfants très tôt et tous vont chercher du bois de chauffage qu'ils peuvent vendre pour se nourrir.

« Je dois les emmener à l'école après le travail », explique Hosna. Elle cherche également des petits boulots sur le marché. Mais, en tant que mère célibataire, elle est souvent moins bien payée qu'elle ne le devrait.

La vie en classe est également difficile. Hosna est de loin l'élève la plus âgée. En effet, elle a commencé à la maternelle avec ses plus jeunes enfants. « La première fois que je suis allée à l'école, même mes propres enfants se moquaient de moi. »

Il lui a fallu plusieurs tentatives pour réussir ses premiers examens et beaucoup de temps pour arriver à la fin de l'école primaire. Cependant, elle est entrée à l'école secondaire, qu'elle fréquente avec sa fille Khadija, âgée de 15 ans. Elles sont dans la même classe et s'entraident pour faire leurs devoirs.

« Les gens trouvent étrange que j’aille à l'école avec mes enfants. Certains disent : ‘Ta vie est déjà assez difficile sans t’infliger cette charge supplémentaire. Tu devrais laisser tomber l’école et rester à la maison pour prendre soin de tes enfants’. Mais je n’abandonnerai jamais. »

Pour consulter le rapport 2017 du HCR sur l'éducation des réfugiés : Left Behind: Refugee Education in Crisis.