Le Costa Rica donne aux réfugiés les moyens de réussir
Le Chef du HCR Filippo Grandi souligne les efforts des autoritès pour assurer une vie productive aux personnes ayant fui les conflits et la persécution.
SAN JOSE, Costa Rica – Lorsqu’ils ont fui le conflit armé qui régnait en Colombie en 2002, Ricardo Ángel, Miriam Velásquez et leurs enfants sont arrivés au Costa Rica, dotés uniquement de leurs espoirs.
15 ans plus tard, ils tiennent une boulangerie très courue, spécialisée dans les produits sans gluten, à San José, capitale de ce pays d'Amérique centrale.
Bien que l'éducation de leurs enfants, Alejandro et Adriana, ait été perturbée par la guerre et leur fuite, ils sont aujourd'hui tous deux biens lancés dans la vie. Alejandro travaille comme graphiste pour une chaîne de TV du Costa Rica et Adriana est assistante dentaire.
« Tout était incertain quand nous avons quitté la Colombie, mais nous sommes parvenus à semer ce qu'il fallait pour réussir », raconte Ricardo.
Mais la vie productive et gratifiante que vit aujourd’hui la famille d'Ángel Velásquez au Costa Rica n’est pas le fruit du hasard : ce petit pays a une longue tradition d'accueil de réfugiés en détresse.
« On nous a beaucoup aidés en tant que réfugiés et nous sommes travailleurs. »
Dans la turbulence des années 1970 et 1980, lorsque les guerres civiles déchiraient une grande partie de la région, du Salvador et du Nicaragua à la Colombie, le Costa Rica est resté un havre de paix et a gardé ses portes ouvertes à ceux qui étaient en danger.
Le pays a mis en place des systèmes de protection remarquables qui permettent aux réfugiés de réussir. Ces systèmes prévoient une double procédure d'appel du droit d’asile pour les réfugiés et leur donnent le droit de travailler et d'aller à l'école pendant l'examen de leurs dossiers.
Le programme d'Intégration à la vie — créé par l'agence du Costa Rica pour les migrations en collaboration avec le HCR, l'agence des Nations Unies pour les réfugiés – forme les réfugiés et demandeurs d'asile au marché du travail, leur donne accès à des foires pour l'emploi et à un soutien pour monter leurs propres entreprises. Cette initiative a profité à quelque 2 000 réfugiés depuis 2014.
« On nous a beaucoup aidés en tant que réfugiés et nous sommes travailleurs », explique Ricardo qui souligne que l'aide offerte à sa famille à leur arrivée a permis de surmonter nombre de difficultés.
Si le Costa Rica a une longue tradition d'accueil de demandeurs d'asile originaires d'Amérique du Sud comme la famille d'Ángel Velásquez, le pays reçoit aujourd’hui un nombre croissant de demandes d’asile de Salvadoriens, de Honduriens et de Guatémaltèques qui fuient l'extrême violence des gangs. Les demandes émanant de ces pays ont augmenté de 319 pour cent au cours de ces seules deux dernières années.
D’autres formes d’aide sont proposées aux nouveaux arrivants, et notamment un soutien psychologique qui permet de surmonter l'angoisse et la détresse mentale ; ce soutien a été très précieux pour Fernanda*, une journaliste et activiste hondurienne dont la famille a survécu à l'attaque d'un groupe de motards en 2014.
« L'aide qu'offre le Costa Rica à ceux qui cherchent un lieu sûr est exemplaire et constitue un modèle pour la région. »
« J'ai reçu beaucoup d'assistance psychologique car je faisais sans cesse des crises de panique à l'époque », se souvient-elle en évoquant son arrivée. « Nous ne pouvions pas dormir. La nuit, nous nous cachions sous nos lits. »
Elle a obtenu le statut de réfugiée en 2015, elle a maintenant un emploi et dort paisiblement la nuit.
« L'aide qu'offre le Costa Rica à ceux qui cherchent la sécurité est exemplaire, et constitue un modèle pour la région », a déclaré Filippo Grandi, le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, à l'occasion de sa visite dans le pays et au cours de laquelle il a rencontré le Président Luis Guillermo Solis et des hauts fonctionnaires du gouvernement.
Le HCR travaille actuellement aux côtés des gouvernements de la région pour mettre en place un Cadre global régional de protection et de solutions (MIRPS en espagnol). Basé sur la Déclaration de New York adoptée l'année dernière, c’est une première étape vers la mise en œuvre du Pacte mondial pour les réfugiés qui doit être convenu en 2018.
Il a pour objectif de s'attaquer aux défis des déplacements forcés dans leur ensemble, de leurs causes profondes au renforcement des systèmes d'asile et de protection et à la mise en place de solutions durables. À ce jour, le Costa Rica, le Mexique, le Panama, le Honduras, le Guatemala et le Salvador ont adhéré à cette initiative régionale.
* Nom fictif pour des raisons de protection
Avec l'assistance de James Fredrick