L’histoire de Gue Troh Pierre, Côte d’Ivoire

Photo de E. Nirere/2014.

Photo de E. Nirere/2014.

Suite à la crise postélectorale en Côte d’Ivoire, monsieur Gue Troh Pierre Eric*, 55 ans, chef d’une famille élargie, originaire du village de Sezaibly (Toulepleu), a passé deux années à Duogee camp, un camp de réfugiés au Libéria. Gue Troh Pierre raconte son histoire :

“Menuisier de formation, je suis parti de mon village pour le Liberia le 6 mars 2011 lorsque la crise postélectorale s’accentuait. Les deux raisons principales qui m’ont poussé à partir en exil sont la mort mon petit frère et ma fille ainée abattus par les assaillants pendant la crise de 2002 ainsi que le risque que j’encourais dans mon village étant chef d’une famille nombreuse.

Deux années après l’accalmie, j’ai regagné mon pays la Côte d’Ivoire le 16 janvier 2013. Les raisons principales qui ont motivées ma décision de retour sont la difficulté de la vie en tant que de refugié, l’information sur la reprise de la vie dans mon village grâce aux médias et aux informations reçues de l’UNHCR, et enfin la volonté de venir entretenir ma plantation d’hévéa de deux hectares restée en brousse.

Photo de E. Nirere/2014.

Pierre se consacre à l’entretien de sa plantation d’hévéa. Photo de E. Nirere/2014.

À mon arrivée, j’ai fait l’amer constat de la destruction de ma maison, et j’ai été accueilli par mon frère. Cependant, vue sa famille nombreuse ajoutée à la mienne dans une maison de 4 pièces, nous vivions dans l’extrême promiscuité. J’ai été obligé, six mois après, d’aménager dans mon ancienne cuisine.

Le cash grant reçu a mon retour m’a permis d’assurer, entre autres, une autosuffisance alimentaire à ma famille. Ainsi j’ai cultivé du riz sur ½ ha et j’ai récolté 1300 kg. De plus, depuis le mois d’octobre 2013, ma famille et moi occupons notre nouvelle maison construite avec l’aide du HCR.

Sept de mes enfants en âge scolaire fréquentent actuellement l’école dont un à l’Université. A ce jour, ma préoccupation majeure est le manque de document d’état civil. Douze de mes enfants dont 4 élèves, ont perdu leur extrait de naissance pendant la fuite pour le Libéria. Je suis toujours dans les démarches auprès de la section de tribunal de Guiglo pour l’établissement de leur jugement supplétif. Je continue l’entretien de ma plantation d’hévéa, et j’envisage même son extension.

Pour ce faire, j’ai acheté dans ce mois d’avril 2014 une moto d’occasion. Elle facilitera mes déplacements à la plantation.

 

*Nom fictif pour des raisons de confidentialité


1 seule famille déchirée par la guerre, c'est déjà trop

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