Le besoin de pactes robustes pour les réfugiés et les migrants est plus urgent que jamais

Déclaration conjointe de la Représentante spéciale des Nations Unies pour les migrations internationales et du Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés

Au milieu des flux massifs d'arrivants, des personnes très âgées, d'autres très jeunes…. En 2015, des centaines de milliers de migrants et de réfugiés du Moyen-Orient ont emprunté la route des Balkans du sud vers le nord de l'Europe via la Croatie.   © HCR/Mark Henley

NEW YORK - Confrontés à des nombres sans précédent de personnes déracinées par les conflits et la persécution, et à une complexité croissante de ces mouvements internationaux, deux hauts fonctionnaires des Nations Unies ont lancé aujourd'hui un appel aux gouvernements pour qu'ils veillent à ce que les nouveaux "pactes" mondiaux sur les réfugiés et les migrants soient robustes et articulés autour du principe fondamental de la garantie des droits des personnes en déplacement.

Cet appel a été lancé aujourd'hui par Louise Arbour, la Représentante spéciale des Nations Unies pour les migrations internationales, et Filippo Grandi, le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, au cours de la réunion de haut niveau qu’ils ont coorganisée aux Nations Unies à New York. Cette réunion a marqué le premier anniversaire de la Déclaration historique de New York pour les réfugiés et les migrants – un accord phare adopté par l’ensemble des 193 membres des Nations Unies et destiné à renforcer la protection des personnes en déplacement.

La Déclaration prévoit d'une part la négociation d'un pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières qui doit être adopté en 2018, et d'autre part que le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés propose un pacte mondial spécifique pour les réfugiés dans son rapport annuel à l'Assemblée générale des Nations Unies l'année prochaine. 

L'adoption de chacun de ces deux pactes contribuera à renforcer les objectifs de l'autre.  Toute amélioration de la gestion des migrations contribue à créer un environnement propice à la mise en œuvre efficace de régimes d'asile.  Simultanément, une plus grande solidarité internationale et des réponses plus globales aux flux de réfugiés favorisent un environnement plus tolérant et accueillant pour toutes les personnes en déplacement.

« Notre capacité à mieux gérer la mobilité humaine repose sur ces pactes qui doivent être les plus robustes possible, être largement soutenus par les États membres et avoir les besoins des plus vulnérables solidement inscrits en leur cœur », a déclaré louise Arbour, la Représentante spéciale des Nations Unies pour les migrations, nommée par le Secrétaire Général des Nations Unies pour travailler aux côtés des gouvernements, alors qu'ils élaborent le tout premier pacte sur les migrations internationales en coopération avec l'Organisation internationale pour les migrations (l'OIM). 

Filippo Grandi, le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, a rappelé aux gouvernements qu'ils avaient réaffirmé, il y a un an, leur engagement en faveur de la Convention pour les réfugiés et du régime de protection internationale, qui stipule le droit fondamental des réfugiés à chercher la sécurité dans d'autres pays et à être accueillis avec attention et dans la dignité. Il a également souligné que les nouveaux mécanismes doivent renforcer les systèmes existants et doivent répartir de manière plus équitable la responsabilité d'accueillir les réfugiés du monde et de les aider à reconstruire leurs vies.

« L'ampleur et la sévérité des crises mondiales de réfugiés qui ont conduit à l'adoption de la Déclaration il y a un an n'ont pas diminué le moins du monde. Les réfugiés sont encore plus nombreux à fuir pour protéger leur vie, vers des pays parmi les plus pauvres au monde. Il est de notre responsabilité collective et morale de renforcer notre réponse aux mouvements de réfugiés, tout en redoublant d'efforts pour résoudre les causes de leurs déplacements », a déclaré Filippo Grandi.

« Le récent exode depuis l'Etat de Rakhine au Myanmar – plus de 400 000 personnes au cours des dernières semaines – rappelle de manière tragique les conséquences humaines catastrophiques qui s’ensuivent lorsque la conjugaison des conflits et des violations des droits humains qui poussent des populations à fuir leurs foyers reste impunie », a ajouté le Haut-Commissaire.

S'adressant aux gouvernements, aux organisations internationales et à la société civile, Filippo Grandi a fait le point sur la procédure d'élaboration du pacte mondial pour les réfugiés et constaté que de solides progrès avaient déjà été réalisés, par exemple avec la mise en application du Cadre d'action global pour les réfugiés dans 11 pays d'Afrique et des Amériques. Les enseignements tirés de cette expérience alimenteront l'élaboration du pacte mondial pour les réfugiés.  

« Alors que nous faisons de réels progrès, il est impératif que les gouvernements honorent leurs engagements par des fonds supplémentaires, de nouveaux espaces de réinstallation et davantage d'opportunités d'installation au sein de communautés d'accueil », a expliqué Filippo Grandi.

Le pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières cherchera à renforcer la coopération internationale en matière de mobilité transfrontalière et à maximiser les retombées pour toutes les parties impliquées. L'objectif du pacte sera d'aider les personnes vulnérables, de rapprocher les besoins en main-d'œuvre des compétences des migrants – y compris de celles des migrantes qui jouent un rôle clé pour le développement des sociétés au sein desquelles elles vivent – et de s'attaquer à ce qui motive les migrations irrégulières. Un processus de consultation des Etats membres et de la société civile a été organisé au cours des six derniers mois et, dès le début de l'année prochaine, il sera suivi de négociations intergouvernementales sur le projet du pacte qui sera adopté à l'occasion d'une conférence internationale à l'automne 2018.

Louise Arbour a instamment prié les gouvernements à veiller que le pacte sur les migrations mondiales soit ancré dans certaines réalités – notamment le fait que les mouvements transfrontaliers vont probablement s'amplifier et évoluer en raison de facteurs très complexes comme la démographie, le changement climatique, les communications modernes, les modes de travail, ainsi qu'à cause d'autres facteurs économiques et des aspirations des hommes.

« Le fait est que la migration a un effet net positif pour les migrants, les communautés d'où ils viennent et les communautés où ils s'installent, et que la plupart d'entre eux se déplacent d'une manière bien réglementée », a déclaré Louise Arbour.

« Toute déclaration qui s'écarte de cette réalité, qui repose sur des stéréotypes et est ancrée dans la peur, toute déclaration qui diabolise les migrants et dénigre leurs contributions risque non seulement d'alimenter l'intolérance, mais opacifie les vrais défis auxquels nous sommes confrontés aujourd'hui », a-t-elle ajouté.

Pour lire l'intégralité des discours, veuillez cliquer ici : Filippo Grandi Louise Arbour

 

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