ERBIL, Irak, 29 décembre (HCR)—Sur la place du marché, l’atmosphère est à l’excitation quand des dizaines d’enfants surgissent de leurs tentes en courant pour voir d’où viennent la musique et les rires. La routine est rompue : les clowns sont là !
Curieux, les jeunes se précipitent pour découvrir deux personnages loufoques qui chantent et dansent en se frayant un chemin à travers les rues poussiéreuses du camp de réfugiés de Kawergosk, dans la région du Kurdistan, au nord de l’Irak.
Le temps qu’ils atteignent l’aire de jeux des enfants, un troisième membre de la troupe appartenant à l’ONG internationale Clowns sans Frontières (CSF) les a rejoints. Avec ses talents de jongleur, il divertit en passant la foule déjà assemblée.
« Notre mission est la même partout, le rire et la joie sont universels », explique Antonio Gonzalez, un clown qui participe à sa cinquième tournée pour Clowns sans Frontières dont le slogan est : « Les enfants redeviennent des enfants ».
Avec l’organisation, les personnes, surtout les enfants, peuvent se divertir, ce qui est indispensable. CSF intervient dans les zones de crise du monde entier, y compris les camps de réfugiés, les zones de conflit et les régions touchées par les catastrophes, des ouragans par exemple. Antonio Gonzalez, artiste retraité espagnol, raconte qu’il a été impressionné par l’impact du spectacle sur les jeunes dont beaucoup n’avaient jamais vu un clown auparavant.
« Malgré de nombreuses expériences dans différents pays, je suis ému à chaque fois », avoue-t il.
La foule de réfugiés syriens, de plus en plus compacte, s’émerveille, rit et applaudit tout au long d’un spectacle de 45 minutes où s’enchaînent tours de magie, acrobaties, musique, danse, humour et farces. Bien sûr, les occasions sont nombreuses pour que les enfants participent aux jeux.
C’est le dernier spectacle des clowns de Payasos sin Fronteras, la branche espagnole de Clowns sans Frontières, au cours de leur tournée dans la région. Les clowns ont déjà donné 30 spectacles en 20 jours, divertissant plus de 10 000 enfants réfugiés et déplacés internes dans des camps et des zones urbaines des gouvernorats de Dohuk, Erbil et Sulaymaniya.
Kawther, une mère syrienne de cinq enfants, a fui son foyer à Qamishli il y a trois ans. Elle regarde le spectacle tout en gardant un œil sur son fils et ses quatre filles. « Sans ce type d’activités, les enfants étouffent. Aujourd’hui, ils ont oublié qu’ils étaient dans un camp de réfugiés, même certains adultes l’ont oublié », dit-elle. « Il y a longtemps que je n’ai pas ri comme ça ».
Jozef Merkx, coordinateur du HCR pour la région du Kurdistan en Irak, exprime les mêmes sentiments : « Il est important d’inspirer la créativité chez les enfants dans ces circonstances difficiles et de les extraire de cette situation, même pour un court instant qu’il ne faut pas sous-estimer ».
Nombreux sont ceux qui assistent au spectacle des Clowns sans Frontières pendant leur tournée et qui n’étaient même pas nés quand le conflit a commencé en Syrie. Alors que le conflit syrien est dans sa cinquième année, les activités qui permettent aux enfants de se comporter et de se sentir comme des enfants ordinaires sont plus que jamais nécessaires.
Par Michael Prendergast à Erbil, nord de l’Irak