Par Erla Cabrera, à Ottawa, Canada – 24 avril
Une mère syrienne se souvient de l’accueil chaleureux que sa famille a reçu
Gràce à l’accueil chaleureux et à l’attention 24 heures sur 24 de la part d’un groupe de volontaires du YMCA de Saint John, Nouveau Brunswick, une famille syrienne, ayant des enfants handicapés et nouvellement arrivée au Canada, profite de la vie.
« Nous faisons tout ce que nous pouvons pour les aider au quotidien, mais nous ne sommes que des volontaires et notre soutien ne devait durer que six semaines seulement » dit Miranda O’Leary, une volontaire du YMCA. « Maintenant, nous sommes des amis, et nous voulons juste aider la famille Alrajabs. Ils ont tellement envie d’apprendre et de s’adapter à leur nouvelle vie au Canada. »
Nasser et Shamsa Alrajab, et leurs cinq enfants âgés de cinq à douze ans, sont arrivés à Saint John, Nouveau Brunswick, le 4 février 2016 au travers de l’initiative canadienne qui a vu le transfert de plus de 40,000 réfugiés syriens au Canada. Ils ont été réinstallés depuis le Liban, où ils vivaient en exile après avoir fui la Syrie.
Trois des cinq enfants, Sara (11), Abdullah (9) et Barraa (7), ont des handicaps lourds, ayant été diagnostiqués avec la leucodystrophie, une maladie neuromusculaire qui cause l’atrophie des muscles et des nerfs. Leurs deux autres enfants, Adnan (12) et Muhammed (5), vont bien. Leur père, Nasser, qui travaillait dans la construction, souffre lui-même d’un traumatisme crânien, ayant été victime d’un accident du travail dans son pays natal. Avec le soutien des volontaires du YMCA, la mère, Shamsa, est le pilier de la famille.
« Le sourire sur les visages de mes trois enfants handicapés est un rêve devenu réalité »
« Je suis tellement reconnaissante d’avoir eu l’opportunité de venir au Canada. Avoir deux enfants à l’école, et le sourire que je vois sur les visages de mes trois enfants handicapés, est un rêve devenu réalité » se confie Shamsa au travers d’un interprète. « En Syrie, les gens se moquaient de mes enfants, ou les ignoraient ; ici, tout le monde veut nous aider. Cela me touche tellement que j’impatiente de pouvoir rendre la pareille à la communauté qui nous a accueillis » ajoute-t-elle d’une voix tremblante.
Lors de leur arrivée à Saint John, Sarah, Abdullah et Barraa ont dû être transportés en toute urgence à Hôpital régional de Saint John. Il avait été impossible de répondre à leurs besoins médicaux lorsqu’ils étaient en exile au Liban. Le HCR et ses partenaires n’ont pas les moyens financiers nécessaires pour pourvoir à de tels besoins médicaux ou au régime alimentaire spécifique à leur condition.
Ce qui justifie pourquoi la réinstallation dans un pays comme le Canada demeure la seule solution possible pour sauver des vies.
La réinstallation : une solution unique et concrète
La réinstallation continue d’être la réponse unique et concrète pour ceux qui ont besoin de protection car elle offre la possibilité aux plus vulnérables d’entre les réfugiés de recommencer leur vie en sécurité et en toute dignité.
« Pour un enfant handicapé, la réinstallation est vraiment nécessaire car elle ouvre des portes sur l’éducation, le soutien médical et psychologique, et souvent sur un environnement non-discriminatoire qui permettra à l’enfant de se développer au meilleur de ses capacités » explique Michael Casasola, l’officier de réinstallation du HCR.
« Parce que nous ne recevons qu’un très petit nombre de places – moins de 1% des refugiés auront la chance d’être réinstallés chaque année, le HCR se concentre sur ceux qui en ont le plus besoin ou ceux qui sont les plus vulnérables. Malheureusement, cela signifie que bon nombre de réfugiés seront laissés à eux-mêmes, ayant à faire face aux conséquences tragiques du manque de financement pour nos opérations et à de trop faibles quotas pour la réinstallation.»
Le blocage intestinal et la malnutrition sévère dont souffraient les trois enfants lors de leur arrivée au Canada, avaient nécessité leur hospitalisation pendant trois semaines.
« Voir une mère et un père, qui sont arrivés finalement dans un pays sûr, être confrontés à de tels choix à propos de la santé de leurs enfants était particulièrement pénible à voir. Mais l’amour et la persévérance de Shamsa, que seule une mère peut démontrer, était réconfortant » dit Miranda, elle-même mère de cinq enfants et comprenant bien ce que s’inquiéter pour la sante d’un enfant signifie.
La décision de Miranda de rester aux côtés de Shamsa à l’Hôpital régional de Saint John pendant toute la période d’hospitalisation des enfants, alors que les autres volontaires aidaient Nasser à trouver un logis et à installer leurs autres deux enfants, avait permis aux deux dames de se rapprocher encore plus. Elles s’étaient parlées, confiées l’une dans l’autre, tout en communiquant à travers Google Translate. Toutes les deux se souviennent des moments drôles, essayant de comprendre les expressions étonnées que chacune d’elles avait parfois. Shamsa s’était confiée dans Miranda en lui expliquant à quel point elle s’inquiétait constamment pour ses membres de famille au Liban et en Syrie qu’elle n’allait peut être plus jamais revoir.
Adnan en train de patiner pour la première fois sur un lac gelé. © Avec l’autorisation de Miranda O’Leary Photography
Au mois de décembre passé, les Alrajabs ont été réunis avec le frère de Shamsa et sa famille aussi réinstallés du Liban. Ceci fut un excellent cadeau de Noël pour les Alrajabs qui peuvent maintenant aussi bénéficier de l’aide des membres de la famille en plus du soutien que leur offrent Miranda et tous les nouveaux amis à Saint John.
« Mon mari et moi prenons des leçons d’anglais. Nous apprenons lentement, parce que nous sommes souvent occupés avec nos enfants, mais nous avons bien l’intention de travailler dur afin de pouvoir communiquer avec nos voisins et de trouver un travail » indique Shamsa. « Muhammed et Adnan parlent déjà anglais et sont très contents de jouer avec leurs amis dans la neige. »