Gaz lacrymogène ou gaz poivre, un abus est un abus
À Calais, fin juin, j’ai discuté avec un adolescent éthiopien de 17 ans (je l’appellerai Biniam T.). Il m’a raconté que des agents des Compagnies républicaines de sécurité (CRS) avaient pulvérisé un produit chimique sur lui alors qu’il marchait au bord d’une route avec d’autres garçons : « C’était pendant la journée, ils sont arrivés dans une camionnette. Ils nous ont aspergés depuis la camionnette. Ils n’ont pas dit un mot, ils ont juste sorti les sprays. »
Ce n’était pas la première fois que j’entendais ce genre de récit – en réalité, presque tous les enfants et adultes que j’ai interrogés avaient une histoire semblable à raconter. Ce n’était pas non plus la première fois que la police traitait Biniam de la sorte : « S’ils nous trouvent quand nous dormons, ils pulvérisent du gaz sur nous puis ils prennent toutes nos affaires. Ils font ça tous les deux ou trois jours. C’est normal pour nous. Ça fait partie de notre vie. »