Des écolières syriennes excellent en exil

Après avoir rejoint la sécurité au Liban, les soeurs Taqla et Sara peuvent désormais poursuivre leurs études.

Taqla Kalloumeh en classe à l'école catholique catholique de Holy Cross à Zalka, au Liban.
© HCR

Perchées au sommet d'une cage d’escalier devant le petit appartement de leur famille, au nord de Beyrouth, la capitale libanaise, les sœurs syriennes Taqla et Sara Kalloumeh sont penchées sur leurs manuels scolaires. Elles portent toujours leurs uniformes bleus longtemps après la fin de la journée à l’école.


La cage d'escalier est le seul endroit où elles peuvent trouver assez d'espace et d'isolement pour étudier. Elles sont un exemple de détermination envers et contre tout pour réussir à l’école.

Les deux jeunes filles étaient des élèves enthousiastes dans leur ville natale de Maaloula, une communauté araméenne située à environ 50 kilomètres au nord-est de la capitale syrienne, Damas. Mais lorsque le conflit du pays a atteint leur ville en 2013, les sœurs ont fui avec leur famille et sont arrivées au Liban voisin en tant que réfugiées.

Conscient de leur situation, un Libanais de la communauté locale a offert de couvrir les frais de scolarité pour qu'elles puissent s’inscrire à l'école catholique Holy Cross à Zalka. Elles font partie d’une communauté minoritaire au Liban où, selon un rapport publié l'année dernière par le HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, sur l'éducation des réfugiés, seulement 40% des enfants réfugiés syriens d'âge scolaire (de 3 ans à 18 ans) sont actuellement inscrits dans des établissements d’éducation formelle.

« Nous étions les meilleures élèves [en Syrie] », explique Sara, 14 ans. « Nous ne voulions pas quitter l'école, nous voulions continuer notre éducation, alors je remercie Dieu de nous avoir envoyé quelqu'un qui nous a aidées à continuer notre éducation ici. »

L'élève syrienne Sara Kalloumeh étudie à l'école au Liban après qu'un bienfaiteur a payé les frais de scolarité.   © HCR

En plus de s'adapter au programme scolaire libanais inconnu pour elles, les sœurs ont également accru leurs efforts pour apprendre l'anglais, le français et l'arménien. La directrice de l'école, Reita Boyajian, affirme que leur aptitude et leur application sont vite apparues.

« En un an, nous avons perçu l’excellence ces deux étudiantes. Elles sont devenues les meilleurs élèves dans toutes les matières », dit-elle. « Je pense que si elles n’avaient pas réussi à arriver ici, si elles étaient restées sous les bombardements [en Syrie], ou si elles étaient arrivées mais sans pouvoir s'inscrire dans une école ni continuer leurs études, nous aurions beaucoup perdu, non seulement en tant que communauté, les Libanais ou les Arméniens, mais aussi en tant que communauté mondiale. »

Reita Boyajian espère que si les sœurs continuent d'exceller dans leurs études et réussissent leurs examens, elles pourront recevoir des bourses d'études à l'université au Liban ou à l'étranger. La sœur aînée Taqla, âgée de 15 ans, sait déjà quel diplôme lui permettra d'aider à l'effort de reconstruction en Syrie une fois qu'ils pourront rentrer.

« Je voudrais être ingénieur civil. Je veux terminer mes études ici et retourner en Syrie pour travailler et construire des maisons », dit-elle. « J'aimerais dire à ceux qui me regardent que l'école est la clé pour l’avenir et, malgré les difficultés auxquelles vous pouvez être confronté, vous devez être plus fort. N'abandonnez pas. Faites face, car vous êtes les seuls à bâtir votre propre avenir. »