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Mauritanie : information sur la situation des Mauritaniens noirs (2006-2008)

Publisher Canada: Immigration and Refugee Board of Canada
Author Direction des recherches, Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada, Ottawa
Publication Date 26 February 2009
Citation / Document Symbol MRT103076.EF
Cite as Canada: Immigration and Refugee Board of Canada, Mauritanie : information sur la situation des Mauritaniens noirs (2006-2008), 26 February 2009, MRT103076.EF, available at: https://www.refworld.org/docid/4a71778828.html [accessed 3 November 2019]
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La classe dirigeante en Mauritanie est dominée par des Maures bidans (aussi connus en anglais sous le nom de White Moors, White Maure, Beydan ou Beydane) d'origine arabe ou berbère (AASG s.d.; MRG s.d.a). En français, les Maures bidans sont également appelés Beydannes et Maures blancs (France 26 oct. 2005). Le Groupe international de protection des droits des minorités (Minority Rights Group International – MRG) signale que les statistiques sur la répartition ethnique en Mauritanie sont [traduction] « très peu fiables » (ibid.). Selon les Country Reports on Human Rights Practices for 2007 des États-Unis, les groupes ethniques ne peuvent pas être différenciés selon leur couleur de peau (É.-U. 11 mars 2008, sect. 5).

Haratines

Selon le MRG, les Haratines (qui sont aussi appelés « Maures noirs ») sont de descendance africaine, mais de culture arabe (MRG s.d.c). Des sources affirment que les Haratines, qui sont esclaves et descendants d'esclaves, représentent environ 40 p. 100 de la population (MRG s.d.a; AASG s.d.; World Defense Review 13 août 2008). Le Guardian souligne que les esclaves comptent pour environ 20 p. 100 de la population mauritanienne et les descendants d'esclaves, pour 15 p. 100 (9 août 2007).

Diverses sources soulignent que l'esclavage existe toujours en Mauritanie malgré des tentatives répétées visant à rendre cette pratique illégale (The East African 6 sept. 2007; Islam Online 9 août 2007; Anti-Slavery International 9 août 2007). SOS Esclaves, organisation non gouvernementale (ONG) mauritanienne qui tente de mettre fin à l'esclavage, aurait estimé qu'il y a pas moins de 600 000 esclaves (environ 15 à 20 p. 100 de la population) en Mauritanie (The East African 6 sept. 2007; Slave Free Mauritania s.d.; MRG s.d.a). Un article rédigé par le Groupe américain anti-esclavage (American Anti-Slavery Group – AASG) affirme que les estimations du nombre d'esclaves en Mauritanie varient de cent mille à un million de personnes (s.d.). Un article paru dans l'Independent cite des données d'Amnesty International (AI), selon lesquelles pas moins de 90 000 personnes seraient réduites à l'esclavage (28 juin 2008).

Des sources soulignent que les esclaves [traduction] « peuvent être donnés en cadeau, achetés, vendus ou présentés en don aux pauvres » (The Guardian 9 août 2007; AASG s.d.). De plus, les esclaves doivent se marier conformément au désir de leur maître, et les filles sont souvent victimes de sévices sexuel (ibid.; The Guardian 9 août 2007). Des sources affirment que les esclaves mauritaniens sont traités durement (AASG s.d.; MAR 31 déc. 2003) et que les Haratines, qu'ils soient libres ou non, sont victimes de discrimination (ibid.; The Guardian 9 août 2007). Un article paru le 26 mars 2008 dans le Washington Post signale que les esclaves libérés sont victimes de discrimination et que peu d'entre eux vont à l'école, votent ou se présentent aux élections. Selon le même article, au moins 80 p. 100 des esclaves n'ont pas accès au système d'éducation (Washington Post 26 mars 2008).

En 2007, le gouvernement de Sidi Ould Cheikh Abdellahi, qui avait promis d'éradiquer l'esclavage (Islam Online 9 août 2007), a passé une loi contre cette pratique (É.-U. juin 2008, 178; Slave Free Mauritania s.d.). La loi de 2007 définit la notion d'esclavage et prévoit des peines allant de cinq à dix ans d'emprisonnement pour les propriétaires d'esclaves (É.-U. juin 2008, 178; Islam Online 9 août 2007). De plus, tout représentant des autorités omettant de prendre des mesures contre un propriétaire d'esclaves pourrait se voir infliger des sanctions (ibid.). La loi abroge une disposition d'une ordonnance contre l'esclavage qui avait été adoptée en 1981 et qui prévoyait une indemnisation pour les personnes qui perdent les esclaves dont elles avaient la propriété (ibid.; É.-U. juin 2008, 178).

En octobre 2007, l'ONG Anti-Slavery International a signalé l'arrestation de deux personnes soupçonnées d'avoir utilisé des enfants comme esclaves (31 oct. 2007). Parmi les sources qu'elle a consultées, la Direction des recherches n'a trouvé aucun autre détail concernant cette affaire. Un article publié par les Réseaux d'information régionaux intégrés (IRIN) des Nations Unies en janvier 2009 fait référence à des données de la Commission nationale des droits de l'homme soulignant que 43 personnes ont été libérées de l'esclavage depuis l'adoption de la nouvelle loi et que des centaines d'autres cas sont en instance (Nations Unies 14 janv. 2009).

L'article publié par les IRIN explique en détail la situation d'une communauté composée d'une centaine familles d'esclaves qui ont quitté leurs maîtres (ibid.). La nouvelle communauté, appelée Sawap, se heurte à des difficultés, notamment au manque d'eau et de soins médicaux de même qu'aux minces possibilités d'obtenir un emploi rémunéré; toutefois, les anciens esclaves ont souligné en entrevue leur satisfaction de pouvoir [traduction] « jouir de [leurs] droits civiques » (ibid.).

En 2007, le gouvernement de la Mauritanie s'est engagé à investir 7,5 millions de dollars américains dans la lutte contre l'esclavage (É.-U. juin 2008, 178). Certains de ces fonds visaient l'aide à la réinsertion sociale des anciens esclaves, l'offre de logements, de nourriture, de soins médicaux de base et de formation (ibid., 179). Cependant, des ONG soulignent que la nouvelle loi pose des obstacles pour les esclaves qui veulent porter plainte et qu'elle n'est pas appliquée par les autorités locales (ibid., 178). Selon le Trafficking in Persons Report des États-Unis, en février 2008, le gouvernement de la Mauritanie a lancé, à l'échelle nationale, une campagne de sensibilisation visant à informer les esclaves de leurs droits (ibid., 179). Un article publié par les IRIN le 14 janvier 2009 signale que le gouvernement militaire, auteur du coup d'État contre le président Abdellahi en août 2008, a réservé plus de cinq millions de dollars américains dans son budget à l'aide aux anciens esclaves (Nations Unies 14 janv. 2009).

Négro-Mauritaniens (Kwar)

Selon plusieurs sources, les Mauritaniens noirs [dont la communauté est parfois appelée Kewri en anglais(MRG s.d.b) et Kwar en français (France 26 oct. 2005)] qui habitent dans le sud de la Mauritanie et dans les régions urbaines (É.-U. 11 mars 2008, sect. 5) se distinguent des Haratines d'un point de vue ethnique et historique (Mauritania Today s.d.; World Defense Review 13 août 2008). Selon le World Directory of Minorities and Indigenous Peoples du MRG, les [traduction] « Africains noirs du Sud se rapprochent davantage des populations sénégalaise et malienne que des autres groupes vivant à l'intérieur de leurs propres frontières nationales » (s.d.b). Des sources affirment que les Négro-Mauritaniens représentent environ 30 (World Defense Review 13 août 2008) à 45 p. 100 de la population (MRG s.d.a). Selon le MRG, ils appartiennent en majorité aux groupes ethniques suivants : Peul, Toucouleur, Soninké et Wolof (ibid.). Le World Defense Review affirme de son côté qu'il s'agit principalement de membres des Bambaras, des Halpulaars, des Soninkés et des Wolofs (13 août 2008).

Les Négro-Mauritaniens seraient sous-représentés dans l'armée et dans le domaine de la sécurité (É.-U. 11 mars 2008, sect. 5). Les langues négro-mauritaniennes ne sont pas enseignées dans les écoles ni utilisées comme langues d'instruction (ibid.). Les Country Reports 2007 soulignent par ailleurs que le gouvernement démocratique du président Abdellahi a nommé [traduction] « un nombre important » de Négro-Mauritaniens à des postes de haut niveau (ibid.; voir aussi World Defense Review 13 août 2008).

À la fin des années 1980, les conflits ethniques qui avaient principalement lieu entre les Berbères de langue arabe (Bidans) et les Négro-Mauritaniens ont donné lieu à de la violence et à des troubles (MRG s.d.b). En 1989, le gouvernement de la Mauritanie a expulsé un grand nombre de personnes (ibid. s.d.a.). Environ 30 000 des 80 000 personnes qui se sont enfuies ou qui ont été renvoyées du pays seraient négro-mauritaniennes (ibid. s.d.b). Pendant la période électorale de 2007, Sidi Mohamed Ould Cheikh Addellahi s'est engagé à rapatrier les réfugiés; une fois élu, il a invité les Mauritaniens toujours réfugiés au Sénégal et au Mali à revenir (Nations Unies 2 févr. 2009).

Organisations

Selon le MRG, un groupe anti-esclavagiste nommé El Hor (le « libre ») a été formé en 1974; ce groupe se veut le défenseur des réformes agraires et cherche à résoudre divers problèmes sociaux que vivent les Haratines (MRG s.d.c). Selon AASG, El Hor est un mouvement clandestin qui fait pression sur le gouvernement et qui aide les esclaves qui s'enfuient (s.d.). Minorities at Risk (MAR) affirme qu'El Hor a connu son apogée vers la fin des années 1970 (31 déc. 2003).

SOS Esclaves a été fondée en 1995 par un ancien esclave (Washington Post 26 mars 2008). La section en français de son site Internet explique en détail la situation de certains esclaves et fournit des exemples des conditions dans lesquelles vivent les esclaves ainsi que de l'information sur la réaction des autorités par rapport aux allégations voulant que certaines personnes possèdent des esclaves (SOS Esclaves s.d.).

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l'aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais fixés. Cette réponse n'apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile. Veuillez trouver ci-dessous les sources consultées pour la réponse à cette demande d'information.

Références

American Anti-Slavery Group (AASG). S.d. « Country Report: Mauritania. An 800-year-old System of Black Chattel Slavery Thrives in Mauritania ». [Date de consultation : 2 févr. 2009]

Anti-Slavery International. 31 octobre 2007. « Two Arrested in Mauritania on Slavery Related Charges ». [Date de consultation : 6 févr. 2009]
_____. 9 août 2007. « Mauritania Makes Slavery a Criminal Offence ». [Date de consultation : 6 févr. 2009]

The East African. 6 septembre 2007. Terence Corrigan. « Mauritania Made Slavery Illegal last Month ». (South African Institute of International Affairs – SAIIA) [Date de consultation : 2 févr. 2009]

États-Unis (É.-U.). Juin 2008. « Mauritania ». Trafficking in Persons Report 2008. [Date de consultation : 2 févr. 2009]
_____. 11 mars 2008. « Mauritania ». Country Reports on Human Rights Practices for 2007. [Date de consultation : 2 févr. 2009]

France. 26 octobre 2005. Commission des recours des réfugiés (CRR). « Mauritanie : l'esclavage ». > [Date de consultation : 29 juin 2009]

The Guardian [Londres]. 9 août 2007. Fred Attewill. « Anti-slavery Groups Hail Mauritania Breakthrough ». [Date de consultation : 2 févr. 2009]

The Independent [Londres]. 28 juin 2008. « Mauritania: Where Less Is Moorish ». [Date de consultation : 9 févr. 2009]

Islam Online. 9 août 2007. « Mauritania Criminalizes Slavery ». [Date de consultation : 2 févr. 2009]

Mauritania Today. S.d. « Independence ». [Date de consultation : 9 févr. 2009]

Minorities at Risk (MAR). 31 décembre 2003. « Assessment for Black Moors in Mauritania ». [Date de consultation : 9 févr. 2009]

Minority Rights Group International (MRG). S.d.a. « Mauritania Overview ». World Directory of Minorities and Indigenous Peoples. [Date de consultation : 26 févr. 2009]
_____. S.d.b. « Mauritania: Black Africans ». [Date de consultation : 9 févr. 2009]
_____. S.d.c. « Mauritania: Haratin ». [Date de consultation : 9 févr. 2009]

Nations Unies. 2 février 2009. Réseaux d'information régionaux intégrés (IRIN). « Mauritania: New Identity Cards for Repatriated Refugees ». [Date de consultation : 9 févr. 2009]
_____. 14 janvier 2009. Réseaux d'information régionaux intégrés (IRIN). « Mauritania: Former Slaves Struggle in New Home ». [Date de consultation : 2 févr. 2009]

Slave Free Mauritania. S.d. « Mauritania: Where Chattel Slavery Survives ». [Date de consultation : 2 févr. 2009]

SOS Esclaves. S.d. « S.O.S. Esclaves Mauritanie : note de présentation ». [Date de consultation : 23 févr. 2009]

The Washington Post. 26 mars 2008. Nora Boustany. « Ex-slave Works to Free Others from West African Tradition: Boubacar Messaoude Is Mauritania's Leading Antislavery Activist ». (Christian Science Monitor) [Date de consultation : 2 févr. 2009]

World Defense Review. 13 août 2008. J. Peter Pham. « Mauritania: Progress Hijacked ». [Date de consultation : 9 févr. 2009]

Autres sources consultées

Sites Internet, y compris : Ambassade des États-Unis en Mauritanie, British Broadcasting Corporation (BBC), Canadian Broadcasting Corporation (CBC), Human Rights Watch (HRW), Times Online (Royaume-Uni).

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