Les réfugiés ouvrent de nouveaux horizons pour les habitants d'une ville allemande
Dans la ville de Neu Wulmstorf, des bénévoles aident les nouveaux arrivants à reconstruire leur vie et à surmonter leurs traumatismes.
Le réfugié syrien Mohammad, 27 ans, est arrivé à Neu Wulmstorf en décembre 2015.
© HCR/Gordon Welters
Le brouhaha des conversations domine le bruit des assiettes dans le centre municipal bondé. Réunis autour d’un café et d’un morceau de gâteau, les groupes de Syriens, d'Irakiens et d'Afghans sont en grande conversation avec leurs voisins allemands, à l’affût de conseils pour trouver du travail, faire des études ou trouver un logement.
Cette réunion mensuelle organisée à Neu Wulmsdorf, près de Hambourg, dans le nord de l'Allemagne, est l'occasion pour certains des 300 réfugiés et demandeurs d'asile de rencontrer les habitants de la ville. Pour l'armée de bénévoles dévoués de la ville, tout le monde en profite.
« Les réfugiés sont un atout », dit Cornelia Meyer, 44 ans, l'une des cofondatrices du réseau d'aide aux réfugiés qui organise ces réunions. « Depuis la création du réseau et l'arrivée des réfugiés, je suis tellement plus heureuse de vivre ici. »
Et de poursuivre : « Ils ont apporté le monde entier jusqu'ici. Ils nous ont apporté un degré d'ouverture qui n'existait pas ici. Les bénévoles du groupe sont très différents, mais chacun a accueilli les nouveaux arrivants dans son cœur. Le travail investi nous apporte tant.”
« Les réfugiés sont un atout. »
Cornelia Meyer, une travailleuse sociale, a lancé l'initiative bénévole Willkommen in Neu Wulmsdorf au cours de l'été 2014, après avoir appris que la population de réfugiés de la ville était sur le point d'augmenter. Avec l’appui du centre municipal, elle a recruté un noyau dur de 40 bénévoles disposés à faire ce qu'il fallait pour que les nouveaux arrivants se sentent chez eux.
Trois ans plus tard, le réseau est plus actif que jamais. Outre l'aide individuelle, les bénévoles proposent des cours de natation, un atelier de réparation de vélos, des cours de langue, des soirées de jeux, des soirées cinéma et des excursions pour découvrir les attractions de la ville.
« J'ai eu de la chance d'arriver ici », explique Mohamad Al-Akily, un réfugié syrien de 27 ans qui est arrivé à Neu Wulmsdorf en décembre 2015 après avoir fui sa maison de Hama, dans l'ouest de la Syrie. « Les gens d'ici sont très chaleureux. Ils nous aident quand on se pose des questions. Je ne m'y attendais pas. J'ai toujours pensé que ça serait difficile de me débrouiller tout seul. Mais c'est merveilleux de voir tant de gens nous aider comme ça. »
Mohammad remercie tout spécialement Heino Rahmstorf et Thomas Bartens, les bénévoles qui ont passé l'année dernière à lui apprendre à nager. Tous les samedis matin, Mohammad et un groupe de débutants s’entraînent au plongeon, à la nage libre et à la brasse dans la piscine de la ville.
Avant d'apprendre à nager, Mohammad a d'abord dû surmonter le souvenir du moment où il a frôlé la mort en mer Égée. Comme pour beaucoup d'autres, son canot surchargé a coulé pendant la traversée entre la Turquie et la Grèce au cours de l'été 2015. Alors qu'il ne savait pas nager, Mohammad a survécu dans l'eau pendant plus d'une heure, luttant pour rester à la surface jusqu'au moment où il a été secouru. Cette expérience traumatisante lui a laissé une peur viscérale de l'eau.
« Au début, c'était terrible. Je n'arrêtais pas de couler », raconte Mohammad en se souvenant de ses premières tentatives de nager dans la piscine. « J'avais très peur de l'eau. Mais je savais que c'était pour ça que je devais apprendre à nager. Maintenant, je suis nettement plus calme. J'ai même nagé en mer. »
Mais Mohammad a appris bien plus que la natation l'année passée. Grâce aux cours de langue organisés par les bénévoles, Mohammad acquiert rapidement le niveau d'allemand qu'il lui faut pour retourner à l'université où il veut faire des études d'ingénieur.
Il espère retourner en Syrie où vivent encore ses frères et sœurs ainsi que ses parents. « J'espère qu'un jour ça ira mieux chez moi et que je pourrai rentrer à la maison et participer à la reconstruction », explique-t-il. « Il reste toujours l'espoir, c'est tout ce qu'on a. » En attendant, il est heureux de pouvoir compter sur l'aide des bénévoles de la ville pour se construire une nouvelle vie en Allemagne.
« Il reste toujours l'espoir, c'est tout ce qu'on a. »
« On a l'impression que beaucoup de nouveaux arrivants se sentent chez eux ici », explique Hannelore Schade, 54 ans, une autre cofondatrice du réseau. « Les gens savent qu'ils peuvent toujours venir ici et qu'on essayera toujours de les aider. »
Katharina Lumpp, la représentante en Allemagne du HCR, l'agence de l'ONU pour les réfugiés, explique que le grand nombre de bénévoles dans le pays a permis de répondre aux enjeux que présentait l'arrivée des réfugiés.
« Le dynamisme de la société civile en Allemagne a contribué de manière significative à répondre aux enjeux que posait l'arrivée d'un si grand nombre de gens nécessitant une protection », explique-t-elle.
Les deux organisatrices Hannelore Schade et Cornelia Meyer expliquent qu'il leur est impossible d'atteindre tous les nouveaux arrivants de New Wulmsdorf, mais qu'au vu des progrès réalisés par les réfugiés grâce à leur travail, leur motivation reste intacte.
« Les bénévoles se sentent très appréciés », explique Hannelore Schade. « Tout le monde sait que leur travail joue un rôle clé dans le processus d'intégration. Et quand des bénévoles sont appréciés, ils sont plus susceptibles de rester. »