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Soudan : information sur le mouvement Changement pour le Soudan maintenant (Sudan Change Now - SCN), y compris sa structure, ses dirigeants, ses objectifs, ses activités et la marche à suivre pour y adhérer; le traitement réservé aux membres et partisans par les autorités (2015-novembre 2016)

Publisher Canada: Immigration and Refugee Board of Canada
Publication Date 5 December 2016
Citation / Document Symbol SDN105695.EF
Related Document(s) Sudan: Sudan Change Now (SCN), including structure, leaders, objectives, activities, and membership procedures; treatment of members and supporters by the authorities (2015-November 2016)
Cite as Canada: Immigration and Refugee Board of Canada, Soudan : information sur le mouvement Changement pour le Soudan maintenant (Sudan Change Now - SCN), y compris sa structure, ses dirigeants, ses objectifs, ses activités et la marche à suivre pour y adhérer; le traitement réservé aux membres et partisans par les autorités (2015-novembre 2016), 5 December 2016, SDN105695.EF, available at: https://www.refworld.org/docid/58b42b194.html [accessed 20 October 2022]
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Direction des recherches, Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada, Ottawa

1. Aperçu

Dans un article de 2013 sur les manifestations de l'opposition soudanaise préparé par IHS Markit, une entreprise qui offre des services d'information et d'analyse aux industries dans les secteurs des finances, de l'énergie et des transports, entre autres (IHS Markit s.d.), le SCN est décrit comme étant [traduction] « une coalition de syndicats professionnels, d'organisations de la société civile et de groupes d'opposition » (ibid. 1er oct. 2013). Selon un article des Réseaux d'information régionaux intégrés (IRIN) des Nations Unies, le SCN est un mouvement de contestation urbain composé de jeunes militants qui se servent des médias sociaux pour faire avancer leurs objectifs (Nations Unies 26 juill. 2012). De même, dans un article publié dans le Middle East Report [1], Khalid Mustafa Medani, professeur agrégé de sciences politiques à l'Université McGill, qualifie le SCN de [traduction] « mouvement populaire de protestation […] composé en grande partie de jeunes gens de la classe moyenne » qui utilisent les médias sociaux et d'autres « outils de communication de pointe pour exprimer leurs revendications à l'égard du régime et leur mécontentement relativement à la vieille génération d'hommes politiques et aux divisions ethniques et raciales de plus en plus marquées au sein de la société » (Medani 2013).

Des sources affirment que le SCN a été fondé en 2010 (Nations Unies 12 juill. 2012; SCN 20 nov. 2012). Toutefois, d'après un blogue administré par le SCN, les activités du mouvement se sont amorcées [traduction] « à l'intérieur de partis politiques d'opposition déjà établis et remontent jusqu'à 2008 » (ibid.).

2. Objectifs

D'après la page Facebook officielle du SCN, le mouvement a pour objectif [traduction] « [d]e renverser le régime [soudanais] et d'établir une solution de rechange démocratique, civile et plurielle » (SCN s.d.). De même, des sources affirment que le SCN [traduction] « souhaite un soulèvement populaire contre le règne [du président] Bashir » (Dow Jones Newswires 15 oct. 2015) ou [traduction] « la chute du parti au pouvoir, le Congrès national [National Congress Party - NCP] » (Sudan Tribune 26 sept. 2012). Sur le blogue du SCN, on peut lire que le mouvement s'est fixé [traduction] « 13 buts précis se rapportant à la période suivant le changement de régime et aux façons d'assurer une transition pacifique au moyen de mécanismes appropriés qui garantissent la mise en place d'un cadre institutionnel pour une société démocratique » (SCN 20 nov. 2012). Une copie des buts et de la charte du SCN, tirés du blogue du mouvement, est annexée à la présente réponse.

Par ailleurs, il ressort du blogue du SCN que [traduction] « la ligne politique » du mouvement est la poursuite de « [l]a transformation démocratique, pacifique et non violente du Soudan » (ibid.). Dans un article publié dans Sharnoff's Global Views, [traduction] « un site Internet indépendant » qui se décrit comme étant « un forum d'opinion mondial qui présente du contenu original préparé par des internationalistes » sur la politique, l'économie et « d'autres questions pertinentes » (Sharnoff's Global Views s.d.), Amgad Fareid El Tayeb [ou Amjed Farid Eltayeb], porte-parole du SCN, déclare que le SCN rejette [traduction] « fermement » l'adoption de tactiques violentes ou militaires en vue de mener à bien le changement politique au Soudan, mais choisit plutôt « les méthodes de la résistance civile pacifique comme modèle […] [car] il s'agit de la seule voie pour le Soudan que nous souhaitons et dont nous rêvons » (ibid. 10 mai 2013).

Dans ce même article, Amgad Fareid El Tayeb affirme également que, depuis sa création, le SCN [traduction] « a pris part à plusieurs manifestations et grèves, en a coordonné et en a organisé » (ibid.). Dans une lettre ouverte au sujet de la campagne « Pas en notre nom » du SCN visant à appuyer les victimes de la guerre au Soudan, lettre publiée sur son site Internet, le mouvement signale qu'il [traduction] « a travaillé très fort avec d'autres militants qui protestent contre les conflits et les atrocités au Darfour, dans le Kordofan du Sud et la région du Nil Bleu » (SCN 18 mars 2012). Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n'a trouvé aucune autre information sur les activités du SCN.

3. Dirigeants et structure

Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches a trouvé peu d'information sur les dirigeants et la structure du SCN.

Selon des sources de 2013, Khaled Omer Yousif était un porte-parole du SCN (FIDH 29 mars 2013; Sudan Tribune 28 mars 2013). Le 14 janvier 2014, le Sudan Tribune, un site d'informations parisien consacré au Soudan, a publié un article d'opinion d'Amjed Farid Eltayeb, qui se désignait comme un porte-parole du SCN (ibid. 14 janv. 2014). Des sources en date de 2015 signalent également qu'Amjad Farid est un porte-parole du SCN (The Guardian 13 avr. 2015; BBC 13 avr. 2015). Selon un article de CNN de 2012, le porte-parole du SCN [traduction] « prend le pseudonyme d'Ahmed Samir pour des raisons de sécurité » (29 juin 2012). D'après une déclaration du groupe publiée sur le compte Twitter du SCN, Khalid Omer Yousif est [traduction] « un dirigeant » du mouvement SCN et le vice-président des affaires extérieures au parti du Congrès soudanais (Sudanese Congress Party - SCP) (SCN 5 août 2015). De même, d'autres sources signalent qu'il est un dirigeant au sein du SCP (AI 17 août 2015; Human Rights Watch 28 août 2015), parti qui, selon Human Rights Watch [traduction] « dispose d'une aile étudiante et jeunesse active et organise des rassemblements et des événements publics » (ibid.).

Au cours d'un entretien téléphonique avec la Direction des recherches, un professeur agrégé à l'Université McGill qui se spécialise dans la politique africaine et soudanaise a affirmé que le SCN est [traduction] « très gros […] et constitue le plus important mouvement d'opposition au Soudan » (professeur agrégé 21 nov. 2016). La même source a déclaré que le SCN compte [traduction] « beaucoup » de membres au Soudan et en Égypte et qu'il a une section locale de la diaspora soudanaise à Washington (ibid.). Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n'a trouvé aucun autre renseignement allant dans le même sens.

4. Marche à suivre pour adhérer au mouvement

Sans fournir davantage de précisions, le blogue du SCN informe les personnes qui souhaitent appuyer le mouvement ou s'y joindre qu'elles peuvent le faire [traduction] « en communiquant directement avec le SCN » (SCN 20 nov. 2012). Selon la même source, l'adhésion au SCN [traduction] « vise les citoyens soudanais de toutes les régions, ethnies et appartenances religieuses qui souffrent en raison du régime actuel », et « parmi les membres actuels, il y a des Soudanais qui vivent à Khartoum, dans les autres États ainsi qu'à l'étranger » (ibid.). Selon Khalid Mustafa Medani, le SCN et Girifna [2] [traduction] « maintiennent des liens étroits avec l'Université de Khartoum, bien que les dirigeants du mouvement prennent soin d'exercer leurs activités clandestinement sur le campus pour éviter que les services de sécurité exercent une pression accrue sur les étudiants » (Medani 2013). Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n'a trouvé aucune autre information allant dans le même sens, ni aucun renseignement additionnel.

5. Traitement réservé par les autorités

Khalid Mustafa Medani fait état de l'information fournie par un membre de Girifna qu'il a interrogé aux États-Unis dans le cadre d'un voyage de recherche, à savoir que les membres du SCN et de Girifna sont de la génération qui a grandi [traduction] « presque entièrement sous les islamistes [… et qui] a vécu non seulement la baisse de l'emploi, mais aussi l'augmentation des mesures de répression de l'État, dont la surveillance renforcée, les détentions extrajudiciaires, les agressions sexuelles de dirigeants et de dirigeantes, ainsi que la torture » (2013). Dans son rapport Freedom in the World 2015 portant sur le Soudan, Freedom House signale que :

[traduction]

[l]a loi de 2010 sur la sécurité nationale confère au [Service national de la sûreté et du renseignement (National Intelligence and Security Services - NISS) du Soudan] de vastes pouvoirs visant la saisie de biens, la surveillance, la perquisition et la détention de suspects pour une période pouvant aller jusqu'à quatre mois et demi sans contrôle judiciaire. Les forces de police et de sécurité outrepassent régulièrement ces vastes pouvoirs, effectuant des arrestations arbitraires et détenant des personnes dans des lieux secrets sans accès à un avocat ou à leur famille. Des groupes de défense des droits de la personne accusent le NISS de détenir et de torturer de manière systématique les opposants au régime, y compris des militants darfouriens, des journalistes et des membres de mouvements de jeunes tels que Girifna et Changement pour le Soudan maintenant (Freedom House 2015).

Selon le professeur agrégé, le SCN :

[traduction]

est l'organisation la plus ciblée au Soudan. Ses membres sont torturés et détenus, l'organisation est vandalisée et il y a eu deux cas d'agressions sexuelles contre des femmes pour que leur famille les oblige à cesser leurs activités au sein du SNC. Il y a également eu six cas de torture infligée à des dirigeants principaux, et au moins 100 personnes risquent la détention et sont tenues de se présenter aux forces de sécurité tous les jours. Il y a de nombreux cas de personnes ayant perdu leur emploi au gouvernement ou faisant l'objet d'une surveillance de l'État. Ces mesures ont commencé lorsque le SNC a commencé ses activités et elles se poursuivent encore aujourd'hui (21 nov. 2016).

Des sources affirment que le NISS a arrêté Khalid Omer Yousif à Khartoum le 5 août 2015 (SCN 5 août 2015) ou le 6 août 2015 (AI 17 août 2015; Human Rights Watch 28 août 2015). D'après Human Rights Watch, les autorités ont détenu Khalid Omer Yousif pour l'interroger au sujet d'un discours qu'il a donné lors d'un événement (ibid.). Selon Amnesty International (AI), Khalid Omer Yousif a été libéré plus tard le même jour [version française d'AI] « sans avoir été officiellement interrogé ou inculpé » (AI 17 août 2016). Des sources signalent que le NISS a ordonné à Khalid Omer Yousif de se présenter tous les jours au bureau du NISS (ibid.; Human Rights Watch 28 août 2015), où lui et d'autres militants détenus ont été interrogés sur les activités du SCP, et [version française d'AI] « on leur demand[ait] parfois d'identifier des personnes dans des vidéos ou sur des photos » (AI 17 août 2016). D'après la déclaration du SCN publiée sur son compte Twitter, Khalid Omer Yousif [traduction] « a été détenu à plusieurs reprises dans le passé et a subi des mauvais traitements et la torture » (5 août 2015). Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n'a trouvé aucune autre information sur le traitement réservé par les autorités aux membres et aux partisans du SCN.

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l'aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais fixés. Cette réponse n'apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile. Veuillez trouver ci-dessous les sources consultées pour la réponse à cette demande d'information.

Notes

[1] Le Middle East Report est un périodique consacré au Moyen-Orient qui est publié par le Projet de recherche et d'information sur le Moyen-Orient (Middle East Research and Information Project - MERIP), une ONG à but non lucratif de Washington, dont le conseil d'administration, le comité de rédaction et l'équipe rédactionnelle sont composés d'universitaires, de chercheurs et de journalistes (MERIP s.d.).

[2] Girifna est un mouvement pro-démocratie, ancré dans le militantisme étudiant, que des étudiants de l'Université de Khartoum ont fondé en octobre 2009 (Medani 2013). Pour de l'information sur le mouvement Girifna, veuillez consulter la Réponse à la demande d'information SDN105025, datée de décembre 2014.

Références

Amnesty International (AI). 17 août 2015. « Urgent Action: Three Opposition Members Harassed by NISS ». [Date de consultation : 17 nov. 2016]

British Broadcasting Corporation (BBC). 13 avril 2016. « Sudan Votes Amid Opposition Boycott Against Bashir ». [Date de consultation : 17 nov. 2016]

Cable News Network (CNN). 29 juin 2012. Nima Elbagir et Faith Karimi. « Hundreds Tear Gased Amid Clampdown on Sudan Protests ». (Factiva)

Dow Jones Newswires. 15 octobre 1015. Yaroslav Trofimov. « Mideast Turmoil Strengthens Sudan's Regime ». (Factiva)

Fédération internationale des ligues des droits de l'homme (FIDH). 29 mars 2013. « Sudan: Incommunicado Detention of Hatim Ali Abdalla and Police Harassment Against Khalid Omer Yousif ». [Date de consultation : 1er déc. 2016]

Freedom House. 2015. « Sudan ». Freedom in the World 2015. [Date de consultation : 17 nov. 2016]

The Guardian. 13 avril 2015. James Copnall. « Sudan: 'The Election will Not Change Anything' ». (Factiva)

Human Rights Watch. 2015. « Sudan: Wave of Opposition Arrests ». [Date de consultation : 21 nov. 2016]

IHS Markit. 1er octobre 2013. Natznet Tesfay. « Escalation of Protests in Sudan Heightens Risks of Forced Removal of President ». (Factiva)

IHS Markit. S.d. « About Us ». [Date de consultation : 23 nov. 2016]

Medani, Khalid Mustafa. 2013. « Between Grievances and State Violence: Sudan's Youth Movement and Islamic Activism Beyond the 'Arab Spring' ». Middle East Report. No 267. [Date de consultation : 17 nov. 2016]

Middle East Research and Information Project (MERIP). « About MERIP ». [Date de consultation : 1er déc. 2016]

Nations Unies. 26 juillet 2012. Réseaux d'information régionaux intégrés (IRIN). « Who's Who in the Opposition ». [Date de consultation : 17 nov. 2016]

Professeur agrégé, McGill University. 21 novembre 2016. Entretien téléphonique.

Sharnoff's Global Views. 10 mai 2013. Amgad Fareid El Tayeb. « An Interview with Sudan Change Now ». [Date de consultation : 17 nov. 2016]

Sharnoff's Global Views. S.d. « About ». [Date de consultation : 17 nov. 2016]

Sudan Change Now (SCN). 5 août 2015. Twitter. « Statement from Sudan Change Now on Today's Arrest of Khalid Omer Yousif a Leading Figure in the Movement: The Arrest of Khalid Omer Yousif ». [Date de consultation : 21 nov. 2016]

Sudan Change Now (SCN). 20 novembre 2012. « Frequently Asked Questions about Sudan Change Now Movement ». [Date de consultation : 17 nov. 2016]

Sudan Change Now (SCN). 18 mars 2012. « Sudan Change Now Open Letter to George Clooney ». [Date de consultation : 17 nov. 2016]

Sudan Change Now (SCN). S.d. Facebook. « About ». [Date de consultation : 23 nov. 2016]

Sudan Tribune. 14 janvier 2014. Amjed Farid Eltayeb. « Sudan's Votes and Violence; Is It Really a Complicated Question? ». (Factiva)

Sudan Tribune. 28 mars 2013. « Khartoum Youth Activist Detained Incommunicado ». [Date de consultation : 1er déc. 2016]

Sudan Tribune. 26 septembre 2012. Sudan Change Now. « Analysis: The Winds of Change in Sudan ». (Factiva)

Autres sources consultées

Sources orales : Sudan Change Now.

Sites Internet, y compris : Africa Confidential; AllAfrica; Chr. Michelsen Institute; ecoi.net; États-Unis - Central Intelligence Agency, Department of State; Institute for War and Peace Reporting; International Crisis Group; Nations Unies - Refworld, ReliefWeb; Political Handbook of the World; Radio France internationale; Sudan News Agency; Sudan Vision.

Document annexé

Sudan Change Now (SCN). 17 novembre 2012. « Let Us Strive for Change Now (SCN Charter) ». [Date de consultation : 23 nov. 2016]

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