Plus d'un million d'enfants fuient la violence au Soudan du Sud

D'après les chiffres les plus récents des Nations Unies, les enfants représentent près de 62 pour cent des 1,8 million de personnes déracinées depuis trois ans par l'escalade du conflit au Soudan du Sud.

Une petite fille sud-soudanaise d'un mois dort sur une natte dans le village de réfugiés de Bidibidi, en Ouganda.   © HCR/David Azia

INSTALLATION DE RÉFUGIÉS DE BIDIBIDI, Ouganda – Quand des hommes armés sont venus marauder autour de sa maison à Yei, au Soudan du Sud, Aïcha, mère de deux enfants, s'est enfuie à pied, en portant son plus jeune fils sur le dos.

En route vers la frontière, ils ont été arrêtés par des hommes en armes. Quand on lui a donné l'ordre de s'agenouiller, Aïcha a pensé qu'ils allaient être exécutés.

« Ils nous ont attaqué, ils avaient même l'intention de nous tuer, mais je portais un jeune enfant, » raconte Aïcha, convaincue que son petit Jonathan de quatre ans leur a sauvé la vie en fixant l'un de leurs attaquants.

« Quand ils m'ont vu comme ça, ils m'ont juste dit de m'en aller. »

Lorsqu'ils ont été attaqués, son aîné Godwin, 13 ans, a été terrorisé par l'extrémité de leur situation. Aïcha ne cessait de le rassurer en lui disant que tout irait bien et a tout fait pour que ses enfants gardent espoir pendant qu'ils cheminaient à travers la brousse vers l'Ouganda.

« Ils nous ont attaqué, ils avaient même l'intention de nous tuer, mais je portais un jeune enfant »

« J'ai encouragé les enfants en leur disant que tout serait pour le mieux. Comme les choses se sont aggravées à la maison, nous sommes venus ici pour nous mettre en sécurité. Avec le temps, tout ira bien. »

Comme l'ont annoncé aujourd'hui l'UNICEF et le HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, Godwin et Jonathan — qui sont maintenant en sécurité dans l'installation de réfugiés de Bidibidi en Ouganda — font partie du million d'enfants ayant fui plus de trois ans de conflit au Soudan du Sud.

Les enfants représentent près de 62 pour cent des 1,8 million de réfugiés du Soudan du Sud. La plupart sont arrivés en Ouganda, au Kenya, en Éthiopie et au Soudan.

  • Au centre de réception d'Imvepi, un jeune réfugié sud-soudanais se trouve dans un camion qui va le transporter vers l'installation récemment établie d'Imvepi récemment établie, dans le district d'Arua, région du Nord, Ouganda.
    Au centre de réception d'Imvepi, un jeune réfugié sud-soudanais se trouve dans un camion qui va le transporter vers l'installation récemment établie d'Imvepi récemment établie, dans le district d'Arua, région du Nord, Ouganda.  © HCR/David Azia
  • La réfugiée sud-soudanaise Gire Karyot, âgée de sept mois, dont la famille a été déracinée depuis Kajo Keji, au Soudan du Sud, sourit dans les bras de sa Maman au centre de réception d'Imvepi, dans le district d'Arua, dans la région du Nord, en Ouganda.
    La réfugiée sud-soudanaise Gire Karyot, âgée de sept mois, dont la famille a été déracinée depuis Kajo Keji, au Soudan du Sud, sourit dans les bras de sa Maman au centre de réception d'Imvepi, dans le district d'Arua, dans la région du Nord, en Ouganda.  © HCR / David Azia
  • Au centre de réception d'Imvepi, des réfugiés sud-soudanais dans un camion qui va les transporter vers l'installation d'Imvepi récemment établie, dans le district d'Arua, région du Nord, Ouganda. L'installation d'Imvepi a été ouverte en février 2017 pour faire face à l'afflux massif de réfugiés depuis le Soudan du Sud.
    Au centre de réception d'Imvepi, des réfugiés sud-soudanais dans un camion qui va les transporter vers l'installation d'Imvepi récemment établie, dans le district d'Arua, région du Nord, Ouganda. L'installation d'Imvepi a été ouverte en février 2017 pour faire face à l'afflux massif de réfugiés depuis le Soudan du Sud.  © HCR / David Azia
  • Un réfugié du Soudan du Sud repose sur des matelas placés sur le sol au centre de réception d'Imvepi, district d'Arua, région du Nord, en Ouganda. Les matelas font partie des objets personnels que les réfugiés ont transportés à travers la frontière avec l'Ouganda.
    Un réfugié du Soudan du Sud repose sur des matelas placés sur le sol au centre de réception d'Imvepi, district d'Arua, région du Nord, en Ouganda. Les matelas font partie des objets personnels que les réfugiés ont transportés à travers la frontière avec l'Ouganda.  © HCR / David Azia
  • Des réfugiés du Soudan du Sud font la queue pour s'inscrire au centre de réception d'Imvepi, district d'Arua, dans la région du Nord, en Ouganda.
    Des réfugiés du Soudan du Sud font la queue pour s'inscrire au centre de réception d'Imvepi, district d'Arua, dans la région du Nord, en Ouganda.  © HCR / David Azia
  • La réfugiée sud-soudanaise Opani Lilias, 28 ans, au centre, avec sa fille unique, Brenda, 21 mois, reçoit une bâche de la part d'un employé de la Société de la Croix-Rouge d'Ouganda, l'un des articles de secours de première nécessité fournis aux réfugiés à leur arrivée à l'installation d'Imvepi récemment établie, district d'Arua, Région du Nord, Ouganda.
    La réfugiée sud-soudanaise Opani Lilias, 28 ans, au centre, avec sa fille unique, Brenda, 21 mois, reçoit une bâche de la part d'un employé de la Société de la Croix-Rouge d'Ouganda, l'un des articles de secours de première nécessité fournis aux réfugiés à leur arrivée à l'installation d'Imvepi récemment établie, district d'Arua, Région du Nord, Ouganda.  © HCR / David Azia
  • La réfugiée sud-soudanaise Aïcha Christie, âgée de 28 ans, devant son abri dans l'installation de réfugiés de Bidibidi, district de Yumbe, région du Nord, en Ouganda. Aïcha Christie a deux enfants, Jonathan et Godwin, âgés de treize ans. Elle s'occupe aussi des deux enfants de sa soeur - les jumeaux Godfrey et Phillip, âgés de six ans. De plus, elle est récemment devenue tutrice d'un enfant abandonné dans le village et qu'elle a nommé Mercy. Elle pense que Mercy a environ quatre ans.
    La réfugiée sud-soudanaise Aïcha Christie, âgée de 28 ans, devant son abri dans l'installation de réfugiés de Bidibidi, district de Yumbe, région du Nord, en Ouganda. Aïcha Christie a deux enfants, Jonathan et Godwin, âgés de treize ans. Elle s'occupe aussi des deux enfants de sa soeur - les jumeaux Godfrey et Phillip, âgés de six ans. De plus, elle est récemment devenue tutrice d'un enfant abandonné dans le village et qu'elle a nommé Mercy. Elle pense que Mercy a environ quatre ans.  © HCR/David Azia

Au Soudan du Sud, plus d’un millier d’enfants auraient été tués ou blessés depuis l'éclatement du conflit en 2013 et, selon les estimations, environ 1,14 million d’enfants auraient été déplacés à l'intérieur du pays.

Près des trois quarts des enfants du pays ne vont plus à l'école, soit la plus forte proportion d'enfants déscolarisés dans le monde.

Les traumatismes, les bouleversements physiques, la peur et le stress vécus par tant d'enfants ne sont qu'une partie du lourd tribut prélevé par cette crise. Les enfants risquent sans cesse d'être recrutés par des militaires et des groupes armés et, vu l'effondrement des structures sociales traditionnelles, ils sont aussi de plus en plus vulnérables à la violence, aux abus sexuels et à l'exploitation.

Plus de 75 000 enfants réfugiés en Ouganda, au Kenya et en Éthiopie ont passé les frontières du Soudan du Sud seuls ou après avoir été séparés de leur famille. 

Un million d'enfants ont désormais fui le Soudan du Sud

En plus de ses propres enfants, Aïcha s'occupe également de ses neveux, Godfrey et Pilip, des jumeaux de six ans qui ont été séparés de sa sœur lorsqu'ils ont pris la fuite. Récemment, elle a aussi pris sous son aile une fillette handicapée de quatre ans, Mercy, qui a été trouvée abandonnée dans le camp.

Aujourd'hui, elle vit avec les enfants dans une nouvelle case en torchis, appelée tukul, construite avec de la paille et des briques de boue qu'elle a fabriquées elle-même.

Aïcha rêve que les enfants aillent à l'école et aussi de recevoir l'appui dont elle a besoin pour les nourrir afin qu'ils deviennent grands et forts pour étudier et s'occuper d'elle quand elle sera vieille.

« Je passe mon temps à rêver qu'ils trouvent le moyen d'étudier et que je puisse les nourrir. Ou que quelqu'un nous vienne en aide parce que je sais que seule, je n'y arriverai pas. Je prie le Seigneur pour qu'il trouve une autre voie et que mes enfants puissent à leur tour m'aider à l'avenir. »

« Je passe mon temps à rêver qu'ils trouvent le moyen d'étudier et que je puisse les nourrir. »

Le HCR fournit un abri à plus d'un demi-million de réfugiés sud-soudanais dans le nord de l'Ouganda et s'emploie à préparer au plus vite de nouveaux campements pour abriter 30 000 nouveaux arrivants. Il faudrait un soutien financier bien plus important pour que chaque famille réfugiée puisse vivre en lieu sûr et bénéficie d'urgence d'une assistance humanitaire.

Les familles réfugiées qui fuient pour retrouver un logement ou vivre en sécurité sont doublement en danger avec la saison des pluies qui s'annoncent. Particulièrement vulnérables aux risques sanitaires et aux périls rencontrés dans des campements de fortune, les enfants ont d'urgence besoin de votre soutien.