Le chef de l'ONU appelle à davantage de solidarité avec les déplacés de Mossoul
Lors de sa visite au camp de Hasansham dans le nord de l'Iraq, le Secrétaire général António Guterres demande à la communauté internationale d'intensifier sa réponse.
CAMP de HASANSHAM, Iraq - Le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, a appelé aujourd'hui la communauté internationale à faire davantage pour venir en aide aux populations « en grande souffrance » à Mossoul, parmi lesquelles des centaines de milliers de personnes sont déracinées par les combats en cours pour le contrôle de la deuxième ville iraquienne.
« Ces personnes ont déjà profondément souffert et elles continuent de souffrir. Nous avons besoin de davantage de solidarité de la part de la communauté internationale », a déclaré António Guterres lors d'une courte visite au camp de Hasansham U3 dans le nord de l'Iraq, qui abrite plus de 9000 personnes forcées de fuir leurs foyers à Mossoul.
« Un énorme effort est produit par le Gouvernement régional [du Kurdistan], un énorme effort est produit par les ONG tout comme par les agences des Nations Unies. Mais nous n'avons pas les ressources nécessaires pour venir en aide à ces personnes », a-t-il ajouté.
António Guterres a servi pendant une décennie, de 2005 à 2015, en tant que Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés et il se trouve aujourd’hui en Iraq, alors qu’un nombre record d’habitants ont été chassés de leurs foyers par le conflit à Mossoul.
« Ces personnes ont déjà profondément souffert et elles continuent de souffrir. Nous avons besoin de davantage de solidarité de la part de la communauté internationale. »
Plus de 350 000 personnes, dont quelque 76 000 d’entre elles sont déjà revenues, ont été déplacées en provenance de la ville et ses environs depuis le début des opérations militaires, le 17 octobre dernier. Parmi les personnes actuellement déplacées de Mossoul, près des trois quarts - soit un peu plus de 286 000 - ont été déplacées en provenance de l'ouest de Mossoul depuis les opérations pour la reprise de contrôle dans la partie occidentale de la ville, le 19 février.
Alors qu’une « profonde solidarité » avec l'Iraq est nécessaire de la part de la communauté internationale, António Guterres a également indiqué que les opérations des Nations Unies dans le pays ne sont financées qu’à hauteur de huit pour cent. « Cela montre combien nos ressources sont limitées par rapport à la tragédie à laquelle ces personnes sont confrontées », a-t-il déclaré.
L’intensification des combats dans l’ouest de Mossoul et les pénuries alimentaires extrêmes ont entraîné une hausse du nombre des familles ayant fui la ville. Un grand nombre d’entre eux n’ont rien emporté à part les vêtements qu'ils portaient ce jour-là.
En réponse à la crise des déplacements, le HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, accélère la construction de plusieurs nouveaux camps et agrandit d'autres sites en prévision d'un afflux massif d'environ un quart de million de personnes dans les prochaines semaines.
Un nouveau camp ouvrira ce week-end, à Hammam al-Alil 2, pour aider à alléger les conditions de surpeuplement dans un camp existant, qui avait été construit par le gouvernement. Le site est également le principal centre de transit et de contrôle des familles ayant fui l'ouest de Mossoul. Après son ouverture, le camp accueillera 10 000 personnes et sa capacité d’accueil sera de 30 000 habitants. Un autre camp, Hasansham U2, sera ouvert à la mi-avril et 9000 personnes y seront abritées.
En conclusion de sa visite, Guterres a souligné qu’il faut faire preuve de solidarité à la fois avec ceux qui libèrent Mossoul et aussi avec les civils « en grande souffrance », tout en « coopérant afin de garantir la protection de ces civils, en étant solidaire avec les victimes et en créant les conditions pour la réconciliation.»
« Tout ceci nécessite, de la part de la communauté internationale, un engagement beaucoup plus important et qui ne soit pas seulement généreux. C'est plutôt dans l'intérêt éclairé de tous car les menaces terroristes que nous voyons à Mossoul sont les mêmes que celles que nous observons partout dans le monde. »