Déplacés par la guerre, des Yéménites font face à la misère et à la famine
Alors que les familles en arrivent à la mendicité pour lutter contre la faim, le HCR se prépare à l'éventualité d'une nouvelle vague de déplacés en provenance de Hudaydah.
AL HUDAYDAH, Yémen – Lorsque les combats sont arrivés à leur porte l’an dernier dans la ville de Hajjah, située à 130 kilomètres au nord-ouest de la capitale yéménite de Sanaa, Mohammed Saeed et ses quatre enfants ont fui vers le gouvernorat voisin de Hudaydah pour y trouver la sécurité.
Depuis la mort de son épouse, avant le début du conflit en 2015, l’ancien ingénieur électricien âgé de 60 ans élevait ses enfants seul. Mais même s’ils sont parvenus à échapper aux balles et aux bombes, la misère profonde qui a suivi leur déplacement forcé a eu des conséquences tragiques pour son plus jeune fils âgé d’à peine 10 ans.
« À cause de la situation, l’un de mes enfants est mort de malnutrition », explique Mohammed. « Nous n’avons simplement pas assez à manger. Parfois on a de la nourriture et parfois pas. Nous sommes très pauvres, nous n’avons aucun moyen de subsistance et nous dépendons entièrement de ce que nous recevons des organisations humanitaires. »
« L’un de mes enfants est mort de malnutrition. »
Le calvaire de Mohammed est malheureusement trop fréquent dans ce pays où 2 millions de personnes sont actuellement déplacées et où on estime à 17 millions le nombre de personnes en situation d'insécurité alimentaire à cause du conflit qui dure depuis trois ans.
Hudaydah accueille actuellement plus de 109 000 déplacés yéménites qui font face à un seuil critique d’insécurité alimentaire au même titre que la population locale affectée par le conflit.
Suite aux craintes d’intensification des combats à Hudaydah même, le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, a récemment lancé un avertissement estimant que près d’un demi-million de personnes pourraient être déplacées par une aggravation des hostilités dans cette région. Réagissant à cette situation, l’agence coordonne ses efforts avec ses partenaires humanitaires pour répondre à tout nouveau déplacement.
Au cours d’une conférence de presse tenue à Genève le mardi 16 mai, William Spindler, porte-parole du HCR, a annoncé que le HCR prépositionne actuellement des fournitures afin de pouvoir intervenir en cas de déplacement massif et que l’agence participera à la mise en place de centres humanitaires tout au long des routes principales de déplacement pour offrir des espaces de répit aux personnes fuyant les violences.
Il fournira également des kits de secours, des services de protection, des abris d’urgence et une assistance aux familles à la destination finale des déplacés, sous forme de matériaux de protection, coupons, aide financière ou de subventions en espèces pour un loyer, en fonction des besoins.
Fatima, âgée de 35 ans et mère de cinq enfants, originaire de Hajjah, a fui vers Hudaydah peu de temps après le début du conflit en 2015. Ils ont fui suite à l’explosion qui s’est produite près de leur maison et qui a gravement brûlé Fatima ; elle souffre encore de douleurs terribles provoquées par ses blessures, car elle n’a pas les moyens de payer les soins médicaux dont elle aurait besoin.
« Nous n’avons simplement pas assez à manger. »
Le mari de Fatima, ancien ouvrier du bâtiment, ne trouve pas de travail à Hudaydah et ils vivent actuellement dans un immeuble désaffecté qu’ils partagent avec 20 autres familles. Pour survivre, ils ont dû se résoudre à récupérer de la nourriture dans les poubelles des restaurants et à envoyer leurs enfants mendier dans la rue.
À Hudaydah, de nombreux déplacés comme Fatima s’inquiètent de la possibilité d’une recrudescence des hostilités et ils ne savent ni où aller, ni comment fuir.
« Ce qui se passe nous fait peur, mais que faire ? », demande Fatima. « Même là où nous vivons maintenant, une bombe est tombée tout près de notre immeuble. On a très peur. »
Les stocks en fournitures humanitaires du HCR atteignent un niveau critique et l’agence a annoncé un appel de fonds d’un montant de 99,6 millions de dollars US afin de répondre au déplacement actuel et anticipé au Yémen, mais elle n’a pour le moment réuni que moins d’un quart des fonds requis.