Un repas syrien au menu d'un restaurant lyonnais pour le lancement du Refugee Food Festival
Après son succès de l'an dernier, le festival passe à l'échelle internationale avec des manifestations prévues dans 13 villes d'Europe, à commencer par la capitale de la gastronomie française.
LYON, France - Hubert Vergoin, chef renommé, a ouvert jeudi les cuisines du Substrat, un restaurant lyonnais réputé, à Mohammad Elkhaldy, un chef syrien, pour inaugurer le second Refugee Food Festival qui démarre dans la capitale française de la gastronomie.
Après les succès rencontrés l'an dernier à Paris et à Strasbourg, l'édition 2017 du festival migre vers six pays européens où des manifestations culinaires sont prévues dans 13 villes différentes entre le 15 et le 30 juin.
Le restaurant lyonnais est le premier d'une série de 84 restaurants où des chefs réfugiés originaires de pays tels que l'Afghanistan, l'Érythrée, l'Iran, la Somalie, la Syrie et l'Ukraine viendront tenter les gourmets européens avec les couleurs et les saveurs des mets de leur pays natal.
Cette initiative française a débuté l'an dernier grâce à un partenariat entre l'association Food Sweet Food et le HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, avec l'appui de partenaires, de citoyens, des collectivités locales, de restaurants et d'entreprises privées.
« Il nous reste encore beaucoup à apprendre l'un de l'autre et nous prendrons le temps de le faire. »
L'édition 2017 entraînera le festival à Paris, Bruxelles, Madrid, Athènes, Amsterdam, Florence, Rome, Milan, Bari, Marseille, Bordeaux, Lyon et Lille et compte parmi les multiples manifestations qui marqueront la Journée mondiale du réfugié le 20 juin.
À cette même époque l'an dernier, plus d'un millier de personnes ont pu savourer les mets préparés par des chefs réfugiés d'Inde, d'Iran, de Côte d'Ivoire, de Russie, du Sri Lanka et de Syrie dans les 11 restaurants parisiens qui avaient ouvert leurs cuisines et changé leurs menus pour l'occasion.
En décembre, le festival s'est déplacé à Strasbourg, dans l'est de la France, où six restaurants ont proposé des plats afghans, syriens et tibétains ainsi que des recettes inédites.
Mohammad Elkhaldy, chef et restaurateur réputé à Damas, était l'une des stars du festival de l'an dernier où il a exercé ses talents aux côtés du chef français, Stéphane Jégo, à l'Ami Jean, un restaurant de la rive gauche.
« Les réfugiés pourront montrer leur talent et promouvoir leurs traditions culinaires. »
Depuis son arrivée en France, Mohammad Elkhaldy a dirigé les services de restauration lors de plusieurs manifestations de haut niveau, notamment au défilé de mode du couturier Kenzo et à une réception organisée par la Ville de Paris à laquelle a pris part Anne Hidalgo, maire de Paris.
À Lyon, Mohammad Elkhaldy et Hubert Vergoin se sont rencontrés un jour plus tôt dans les cuisines du Substrat pour partager leurs expériences culinaires et discuter des préparatifs du dîner de six plats qui sera offert jeudi pour donner le coup d'envoi du festival.
Les deux chefs proposeront un menu à six plats : cailles, cœurs de canard, veau, légumes épicés, baklava et crème glacée façon Damas.
« Hier, nous avons pris le temps de nous poser pour discuter et apprendre à nous découvrir, » a confié Hubert Vergoin au HCR. « « Il nous reste encore beaucoup à apprendre l'un de l'autre et nous prendrons le temps de le faire après le service de ce soir. »
Marine Mandrila, l'une des fondatrices du festival, relate le beau succès de l'édition 2016 que des personnes du monde entier ont eu envie de transposer dans leur pays.
« Le festival est aujourd'hui étendu à plusieurs villes européennes pour répondre au vœu de nombreux citoyens qui veulent s'ouvrir aux réfugiés et les accueillir dans les pays de l'Europe tout entière, » explique-t-elle. « Les réfugiés pourront montrer leur talent et promouvoir leurs traditions culinaires et des gens comme vous et moi pourront découvrir une culture nouvelle au travers de sa gastronomie. »
Pour Vincent Cochetel, chef du Bureau du HCR pour l'Europe, le festival est une belle expérience culturelle qui repose sur « la joie simple » de préparer un repas et de le déguster.
« Il favorise également une prise de conscience de la situation des réfugiés et contribue à ouvrir des débouchés aux chefs réfugiés, favorisant ainsi la promotion de leur talent et leur intégration, » a-t-il ajouté.
Le festival a permis aux chefs réfugiés d'exploiter leur talent pour démarrer de nouvelles carrières culinaires en France et a ouvert des portes à tous ceux qui y ont participé.