Buenaventura: Une réalité brutale
Pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale, le nombre des personnes déracinées à travers le monde a franchi la barre de 50 millions de personnes, parmi lesquelles environ 10,7 millions de nouveaux déracinés durant la seule année 2013, y compris 2,5 millions de réfugiés et 8,2 millions de personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays — le chiffre le plus élevé qui ait jamais été enregistré par le HCR.*
Si de nouvelles crises humanitaires sont sous les feux de la rampe, bon nombre de crises en cours ne font plus la une de l’actualité. La Colombie en serait un exemple parmi les plus frappants, car elle continue de faire face à un déplacement massif de populations, avec 5,7 millions de déplacés internes enregistrés en juillet 2014. Depuis près de cinq décennies, le conflit a provoqué l’un des déplacements les plus importants de notre temps.
80% des déplacés internes en Colombie sont des femmes et au moins 50% des femmes déplacées ont connu la violence sexuelle et liée au genre. C’est à la fois une cause directe de déplacement et une arme de guerre employée par les groupes armés pour ten ter d’imposer un contrôle sur les communaut.
Nulle part ailleurs dans le pays, les ravages du conflit en cours ne sont ressentis de façon plus aigüe qu’à Buenaventura. Dans cette cité portuaire sur la côte Pacifique, les quartiers sont contrôlés par des groupes armés illégaux qui luttent pour le contrôle des territoires et des circuits de trafic de drogue. Les risques de déplacements de populations se présentent au quotidien et, pour bon nombre, ce n’est pas la première fois qu’ils sont obligés de fuir pour préserver leur vie. Partout règne la peur de la violence armée, du recrutement d’enfants, de la violence sexuelle, de la disparition et du meurtre. Les femmes et les jeunes filles sont particulièrement vulnérables d’autant plus que les groupes armés illégaux usent de la violence sexuelle pour propager la peur et maintenir leur contrôle. Toutefois, à cause de la peur profonde des représailles, les cas d’abus sont peu signalés et les survivants reçoivent rarement l’aide psychosociale dont ils ont besoin.
Le lauréat de la distinction Nansen 2014 du HCR pour les réfugiés, Red Mariposas de Alas Nuevas Construyendo Futuro (Papillon aux ailes nouvelles construisant l’avenir), est un réseau de femmes qui aident, éduquent et luttent pour les droits des femmes. Face à la violence et à l’intimidation, les membres de ce réseau dénoncent courageusement ces fléaux et mettent leur vie en danger pour assurer un avenir meilleur aux femmes de Buenaventura, en Colombie.
* Source : Rapport statistique du HCR sur les Tendances mondiales en 2013.