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Yémen : information sur le groupe religieux bohra, y compris le traitement que la société et les autorités réservent à ses membres (janvier 2015-décembre 2015)

Publisher Canada: Immigration and Refugee Board of Canada
Publication Date 16 December 2015
Citation / Document Symbol YEM105389.EF
Related Document(s) Yemen: Information on the Bohra religious group in Yemen, including treatment of members by society and authorities (January 2015-December 2015)
Cite as Canada: Immigration and Refugee Board of Canada, Yémen : information sur le groupe religieux bohra, y compris le traitement que la société et les autorités réservent à ses membres (janvier 2015-décembre 2015), 16 December 2015, YEM105389.EF, available at: https://www.refworld.org/docid/56af15394.html [accessed 8 June 2023]
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Direction des recherches, Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada, Ottawa

1. Aperçu

Au cours d'un entretien téléphonique avec la Direction des recherches, un chercheur universitaire dont la spécialité est le Yémen et qui est affilié au Centre national de la recherche scientifique (CNRS), un établissement public français à caractère interdisciplinaire (CNRS 4 déc. 2015) qui emploie plus de 11 100 chercheurs (ibid. juill. 2015), a déclaré que « [l]es bohras font partie d'une minorité ismaélienne au Yémen, installée depuis plusieurs siècles » (chercheur universitaire 4 déc. 2015). Des sources affirment que les ismaéliens constituent une secte musulmane chiite au Yémen (Reuters 29 juill. 2015; National Yemen [2015]). On peut lire dans un article publié sur Scroll.in, un site Internet de nouvelles indépendant portant sur les affaires politiques et culturelles (Citizen Media Network s.d.), que [traduction] « selon les fidèles du groupe, la secte bohra, issue de la branche tayyibite de l'islam chiite, aurait été créée au 12e siècle au Yémen » (Scroll.in 9 avr. 2015). Par contre, selon le National Yemen, un journal yéménite de langue anglaise (ABYZ News Links s.d.), qui cite un homme âgé vivant à Haraz, [traduction] « la secte bohra (ou al-mkarma, comme la désigne en argot les Yéménites), est apparue en Égypte au cours de la période fatimide, à la fin de laquelle les bohras ont migré de l'Égypte vers le reste du Moyen-Orient et de l'Asie jusqu'à ce qu'ils s'établissent dans le Sud de l'Inde » (11 févr. 2014).

Selon Scroll.in, il y a 10 000 bohras au Yémen (ibid.). Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n'a trouvé aucun autre renseignement allant dans le même sens.

On peut lire dans un article publié par la Strategic Culture Foundation (SCF), un forum de recherche et d'analyse portant sur les affaires mondiales et eurasiennes (SCF s.d.), que [traduction] « les ismaéliens au Yémen sont essentiellement membres des sectes dawoodi [daudi, da'ud] (de David) et sulaimani [sulaymani, suleymani] (de Salomon) de l'ismaélisme mustalien [musta'lien] qui se sont éloignés de la branche plus importante des ismaéliens nizarites » (Strategic Culture Foundation 31 mars 2015). Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, l'auteur d'un livre et d'articles sur la communauté bohra a fait état de la présence de bohras dawoodi et sulaimani au sein de la communauté bohra du Yémen (auteur 10 déc. 2015). Minority Rights Group International (MRG) signale que les branches suleymani et dawoodi sont nées au 16e siècle, à la suite d'une [traduction] « dispute en matière de succession » chez les ismaéliens mustaliens (MRG s.d.). Selon cette même source, la plupart des ismaéliens mustaliens au Yémen sont sulaimani (ibid.). L'auteur a souligné que [traduction] « [c]es deux branches ismaéliennes bohra ont un héritage commun, y compris sur le plan religieux, mais vivent séparément depuis leur rupture il y a environ 500 ans » (auteur 10 déc. 2015). De même, il est écrit dans l'Encyclopedia Britannica [traduction] « [qu']il n'existe pas de différences dogmatiques importantes » au sein de la communauté bohra entre « [l]es fidèles de David et ceux de Salomon » (2015).

L'auteur a expliqué que les ismaéliens bohra et nizarites [traduction] « croient en […] différentes lignées de dirigeants (imams) » (auteur 10 déc. 2015). On peut lire dans le Huffington Post que le dirigeant des ismaéliens mustaliens, appelé da'i almutlaq, appartient à une sous-hiérarchie d'imams, puisque les bohras croient que [traduction] « leur imam actuel est caché à la vue de ses fidèles depuis le 12e siècle » (24 mars 2014).

Des sources affirment que le dirigeant actuel des bohras dawoodi est Mufaddal Saiffudin (auteur 10 déc. 2015; Huffington Post 24 mars 2014). L'auteur a précisé que Mufaddal Saiffudin vit en Inde, comme la plupart des bohras dawoodi (auteur 10 déc. 2015). La même source a également signalé que le [traduction] « centre » religieux actuel des sulaymani est situé à Najran, en Arabie Saoudite, qui faisait initialement partie du Yémen (ibid.).

Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, un consultant en développement social qui a travaillé pendant plus de dix ans au Yémen et qui publie régulièrement des articles sur ce pays a fait état de la présence de bohras à Manaka, dans la région de Haraz (9 déc. 2015). Selon le chercheur universitaire, les bohras yéménites sont « concentrés dans la région de Haraz », et un petit nombre d'entre eux vivent à Sanaa, la capitale du pays (4 déc. 2015). L'auteur a précisé que les bohras dawoodi vivent essentiellement dans les montagnes de Haraz, mais que de nombreux autres vivent à Sanaa, à Al Hudaydah et à Aden (10 déc. 2015). On peut lire dans un article publié en 2012 sur India Real Time, un site Internet de nouvelles généraliste, que quelque [traduction] « 3 000 à 4 000 bohras yéménites [vivaient] à Haraz, selon les dirigeants locaux » (24 sept. 2012). Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n'a trouvé aucun autre renseignement allant dans le même sens.

L'auteur a fourni les renseignements suivants sur les bohras au Yémen :

[traduction]

Les bohras ne présentent pas de caractéristique faciale ou ethnique particulière permettant de les distinguer des autres Yéménites. Toutefois, les hommes portent souvent une calotte blanche dont la bordure est tissée d'un fil d'or, et les femmes portent souvent des robes colorées et à motifs qui leur vont de la tête aux pieds, ce qui, dans les deux cas, peut permettre de les distinguer. Il convient de souligner que les bohras […] ne portent pas tous des vêtements traditionnels yéménites (10 déc. 2015).

Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n'a trouvé aucun autre renseignement allant dans le même sens.

2. Traitement réservé aux bohras

2.1 Traitement que la société réserve aux bohras

L'auteur a affirmé que [traduction] « [g]énéralement, les bohras sont traités comme n'importe quel autre Yéménite » par la société yéménite (10 déc. 2015). Toutefois, selon le chercheur universitaire, les bohras ne sont pas toujours considérés comme étant des Yéménites « "purs" » en raison de leurs liens avec l'Inde et le Pakistan (4 déc. 2015). Il a ajouté qu'ils sont considérés comme « non représentatifs de la culture et de la société yéménites » (chercheur universitaire 4 déc. 2015). De même, le consultant en développement social a affirmé que [traduction] « les bohras sont perçus comme étant légèrement différents » par la société (consultant 9 déc. 2015).

L'auteur a déclaré ce qui suit :

[traduction]

Il y a beaucoup d'ignorance concernant [la] religion [des bohras], ce qui mène à des idées fausses relativement à ce que les bohras peuvent faire [par exemple] dans leurs mosquées et mausolées, etc. Mais ce n'est pas suffisamment important pour donner lieu à des cas de mauvais traitement (10 déc. 2015).

Le consultant en développement social a souligné que les bohras [traduction] « sont généralement plus aisés financièrement que les "pauvres" yéménites moyens », ce qui crée une certaine envie au sein de la société yéménite (consultant 9 déc. 2015). Selon cette même source, les bohras ne sont toutefois pas [traduction] « victimes de discrimination » (ibid.). De même, le chercheur universitaire a signalé que [traduction] « les villages dans la région de Haraz [sont] mieux que d'autres » et que « malgré leur statut, les bohras ne font pas l'objet de discrimination systématique » (4 déc. 2015).

2.2 Traitement que les autorités réservent aux bohras

On peut lire dans un article publié en 2014 dans le National Yemen que [traduction] « les bohras constituent une secte […] pacifique qui n'intervient pas dans les affaires politiques » (30 mars 2014). Selon le chercheur universitaire, « les bohras n'ont pas adopté de position politique en tant que groupe, ces dernières années, qui légitimeraient une discrimination systématique de la part de l'État » (4 déc. 2015). De même, l'auteur a précisé ce qui suit :

[traduction]

Les bohras n'ont pas pris position au cours de la guerre civile [actuelle]. Au cours des deux ou trois derniers siècles, ils ont délibérément évité toute agitation politique, tout particulièrement celle de nature violente. Ainsi, même s'ils ont des opinions en faveur d'un côté ou d'un autre, ils ne prennent pas position en tant que groupe. Au niveau personnel, toutefois, les bohras du Yémen s'opposent avec véhémence aux bombardements saoudiens qui ont lieu au pays et qui causent de grandes souffrances. Ils estiment qu'il s'agit d'une invasion étrangère, même s'ils ne s'opposent pas au gouvernement que les Saoudiens essaient prétendument d'aider (auteur 10 déc. 2015).

L'auteur a fourni l'information suivante concernant le traitement réservé par la police :

[traduction]

Les bohras sont perçus et traités comme n'importe quel autre citoyen yéménite par les autorités, y compris par la police. Ils ne sont pas victimes de discrimination. Toutefois, il subsiste un sentiment « d'exclusion », puisque les bohras ne sont pas considérés comme appartenant à la société dominante.

[…]

Les bohras peuvent s'adresser à la police pour les motifs habituels - ce qu'ils font -, notamment lorsqu'ils sont victimes de violence tribale. La police suit la procédure normale, sans égard au fait que les bohras ont des traditions ou des pratiques religieuses différentes (ibid.).

Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n'a trouvé aucun autre renseignement concernant le traitement que la police réserve aux bohras.

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l'aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais fixés. Cette réponse n'apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile. Veuillez trouver ci-dessous les sources consultées pour la réponse à cette demande d'information.

Références

Abyz News Links. S.d. « Yemen Newspapers & News Media Guide ». [Date de consultation : 9 déc. 2015]

Auteur. 10 décembre 2015. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.

Centre national de la recherche scientifique (CNRS). 4 décembre 2015. « Overview ». [Date de consultation : 10 déc. 2015]

_____. Juillet 2015. « Key Figures ». [Date de consultation : 10 déc. 2015]

Chercheur universitaire, Centre national de la recherche scientifique (CNRS). 4 décembre 2015. Entretien téléphonique.

Citizen Media Network. S.d. « Directory ». [Date de consultation : 10 déc. 2015]

Consultant en développement social. 9 décembre 2015. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.

Encyclopedia Britannica. 2015. « Bohra ». Encyclopedia Britannica Inc. [Date de consultation : 7 déc. 2015]

Huffington Post. 24 mars 2014. « The Bohras: Understanding Shi'a Succession in a Muslim Community ». [Date de consultation : 7 déc. 2015]

India Real Time. 24 septembre 2012. Nafeesa Syeed. « Learning Gujarati in Yemen ». [Date de consultation : 7 déc. 2015]

Minority Rights Group International (MRG). S.d. « Yemen ». [Date de consultation : 7 déc. 2015]

National Yemen. [2015]. Fakhri Al-Arashi. « Who Are The Seven Minorities In Yemen? » [Date de consultation : 16 déc. 2015]

_____. 30 mars 2014. Tamjid Alkohali. « Bohra Sect: Marked Emergence Around Yemen ». [Date de consultation : 7 déc. 2015]

_____. 11 février 2014. Tamjid Alkohali. « A Piece from Heaven: Al-Hutaib Village ». [Date de consultation : 16 déc. 2015]

Reuters. 29 juillet 2015. « Islamic State Claims Car Bomb in Yemen Capital, Four Dead ». [Date de consultation : 9 déc. 2015]

Scroll.in. 9 avril 2015. Aarefa Johari. « India's Bohra Muslims are Back Safely from Yemen but Have Many Reasons to Still Be Anxious ». [Date de consultation : 8 déc. 2015]

Strategic Culture Foundation. 31 mars 2015. Mahdi Danus Nazemroaya. « The Geopolitics Behind the War in Yemen: Do the US and Saudi Arabia Want to Divide Yemen? ». [Date de consultation : 7 déc. 2015]

_____ . S.d. « About Us ». [Date de consultation : 7 déc. 2015]

Autres sources consultées

Sources orale : codirecteur, Institute of Ismaili Studies; professeur agrégé, California State University Long Beach; professeur agrégé de sciences politiques, Hobart and William Smith Colleges.

Sites Internet, y compris : Al Jazeera; Altomar.net; British Broadcasting Corporation; Carnegie Endowment for International Peace; Chatham House; Council on Foreign Relations; dawoodi-bohras.com; ecoi.net; États-Unis - Commission on International Religious Freedom, Department of State, United States Congressional Research Service; Factiva; Freedom House; The Guardian; Human Rights Watch; International Crisis Group; IRIN; Ismaili.net; Jane's Intelligence Review; Jane's Terrorism Watch Report; Middle East Institute; Nations Unies - Haut-Commissariat aux droits de l'homme, Refworld; The New York Times; The Rab Weekly; Tony Blair Faith Foundation; The Washington Institute for Near East Policy; The Washington Post; Yemenonline.info; Yemen News; Yemen News Agency [SABA]; Yemen Times.

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