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Liban : information indiquant la situation des personnes atteintes du sida et si elles sont persécutées ou font l'objet de discrimination; recours possible; risque d'être tué pour des crimes d'honneur en raison de relations avec des filles

Publisher Canada: Immigration and Refugee Board of Canada
Author Direction des recherches, Commission de l'immigration et du statut de réfugié, Canada
Publication Date 26 April 2004
Citation / Document Symbol LBN42540.F
Reference 1
Cite as Canada: Immigration and Refugee Board of Canada, Liban : information indiquant la situation des personnes atteintes du sida et si elles sont persécutées ou font l'objet de discrimination; recours possible; risque d'être tué pour des crimes d'honneur en raison de relations avec des filles, 26 April 2004, LBN42540.F, available at: https://www.refworld.org/docid/41501c2b23.html [accessed 6 June 2023]
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Initiatives gouvernementales contre le VIH et le sida

Le premier cas de VIH au Liban a été rapporté en 1984 (Kaiser Network 19 juin 2003; Liban s.d.b; M2 Presswire 28 juin 2001). Depuis ce temps, le gouvernement libanais a créé un organisme national doté de programmes de prévention et de traitement du sida (ibid.). En 1989, un an après que le VIH et le sida aient été reconnus comme un [traduction] « sérieux danger public », le gouvernement a fondé le Programme national de contrôle du sida (Liban s.d.c). Depuis 1994, le gouvernement réserve une fraction du budget national pour appuyer ce programme (Liban s.d.c), et tous les coûts associés au combat contre le VIH et le sida sont assumés par l'État (M2 Presswire 28 juin 2001). La lutte contre le sida était l'une des huit priorités du rapport libanais sur les objectifs du millénaire, publié en novembre 2003 (L'Orient-Le Jour 27 févr. 2004).

Selon le Daily Star, [traduction] « le ministère de la Santé offre des médicaments gratuits à tous les citoyens séropositifs, et distribue souvent des préservatifs dans les boîtes de nuit » (5 déc. 2003). Quant au Programme national de contrôle du sida, il prévoit une stratégie nationale sur cinq ans pour combattre la maladie (Daily Star 5 déc. 2003).

M2 Presswire a rapporté, à l'été 2001, que le Liban n'avait pas suffisamment de ressources pour faire passer un test aux centaines de milliers de travailleurs étrangers qui habitent le pays afin de voir s'ils étaient séropositifs (28 juin 2001). Selon l'Africa News Service, parmi les 15 000 à 17 000 éthiopiennes qui travaillent au Liban (la plupart comme domestiques), celles que l'on sait séropositives sont déportées (23 févr.2001).

Statistiques quant au VIH et au sida

Il existe plusieurs estimations du nombre de personnes atteintes du sida ou porteuses du VIH au Liban : officiellement, le chiffre est de 745 (L'Orient-Le Jour 2 déc. 2003), mais on l'estime aussi à 0,09 p. 100 des adultes libanais (CIA World Fact Book 2003 1er janv. 2003), 765 (Daily Star 5 déc. 2003), 1 951 (OMS 2003), 2 000 (dont la majorité ignore qu'elle est séropositive) (L'Orient-Le Jour 2 déc. 2003), 2 500 (AFP 20 févr. 2003), ou même jusqu'à 3 000 (IPS 22 juin 2001).

Les groupes pour lesquels la croissance du taux de contraction du VIH est la plus inquiétante sont les jeunes hétérosexuels de Beyrouth et les jeunes homosexuels (pour qui la situation est plus grave) (Daily Star 5 déc. 2003). En raison de l'illégalité de l'homosexualité et de la prostitution au Liban, le personnel des services d'approche visant les homosexuels et les prostitués doit faire face à plusieurs obstacles, notamment la crainte des personnes à risque d'être arrêtées par la police (ibid.).

Services de santé offerts aux personnes séropositives

Selon un article du Daily Star, l'un des plus sérieux problèmes dont souffrent les personnes séropositives est la difficulté à trouver des hôpitaux et des médecins qui sont prêts à leur donner des soins (5 déc. 2003). Le journal a aussi rapporté que l'intolérance touche toutes les personnes séropositives, et qu'elle vient même parfois de professionnels de la santé (Daily Star 5 déc. 2003). Selon le docteur Jacques Mokhbat, spécialiste en maladies infectieuses et expert du VIH et du sida :

Au 20e siècle, nous nous trouvons encore dans l'impossibilité [d'hospitaliser une personne séropositive] car certains hôpitaux, y compris ceux gouvernementaux, refusent d'accepter les patients prétendant n'avoir pas les moyens de les prendre en charge. Ce qui est insensé. Car il n'existe pas des moyens spéciaux. Il suffit de porter des gants. J'espère d'ailleurs qu'ils le font avec tous les patients et non seulement avec les sidéens (L'Orient-Le Jour 2 déc. 2003).

Ce même médecin dit avoir passé trois jours à chercher un hôpital qui allait recevoir un de ses patients (ibid.). Pour être finalement admis dans un petit hôpital, il a fallu que le patient dissimule sa séropositivité (Daily Star 5 déc. 2003).

Médicaments offerts aux personnes séropositives

Pour chaque patient séropositif, les traitements coûtent très cher, soit environ 1 200 dollars américains par mois (ibid.). Afin d'être efficaces, les traitements doivent être administrés de façon continue (L'Orient-Le Jour 2 déc. 2003). Cependant, en raison d'une « mauvaise gestion du stock et des achats » de la part du ministère de la Santé, les médicaments, quoique gratuits, ne sont pas toujours disponibles (ibid.); si un patient « manque » une dose, il est en général préférable qu'il arrête le traitement (ibid.). Toutefois, les négociations avec des sociétés pharmaceutiques pour réduire le prix des traitements pourraient bientôt permettre d'éviter le manque de médicaments (ibid.).

Législation portant sur le VIH et le sida

Bien qu'aucune législation portant sur le VIH et le sida n'ait pu être trouvée parmi les sources consultées par la Direction des recherches, le site Web du ministère de la Santé énumère plusieurs catégories de lois et de décrets touchant cette maladie, notamment [traduction] des décrets et des lois sur le « sang sans risques, la divulgation obligatoire, la confidentialité, la non-discrimination, les tests de dépistage obligatoire pour certains groupes à risque (prostitués, etc.) » (Liban s.d.c). Lambda Legal, un site Web offrant de l'information sur le VIH et le sida, signale qu'avant de pouvoir obtenir un permis de résidence au Liban, il est nécessaire de passer un test pour le VIH (juin 1997).

Initiatives non gouvernementales contre le sida

Le ministère de la Santé publique a publié la liste suivante d'ONG dont le travail vise VIH et le sida : l'Association libanaise de la planification familiale (Lebanese Family Planning Association), Soins infirmiers et développement communautaire, Caritas Liban, Dar al-Amal, la Croix-Rouge libanaise (Lebanese Red Cross), la Croix arménienne de secours (Armenian Relief Cross), la Société libanaise contre le sida (Lebanese AIDS Society), la Société Oum el-Nour (Oum el-Nour Society), Jeunesse anti-drogue, l'Union des scouts libanais (Lebanese Scounts Union), l'Association Amel (Amel Association), le Forum des ONG, l'Association islamique pour le santé (Islamic Health Association), l'Association Imam Sader (Imam Sader Association), Jeunesse contre la drogue, la Société libanaise pour la santé (Lebanese Health Society), le Bureau Makassed des soins de santé communautaires (Makassed Communal Health Care Bureau) et l'Association de protection humaine (Human Protection Association) (Liban s.d.a).

Parmi les services offerts par ces ONG, il y a notamment des campagnes de sensibilisation et de prévention du VIH et du sida, du counseling, des services de liaison avec les hôpitaux, de l'aide à la famille d'une personne séropositive, de la réadaptation aux groupes à risque, des campagnes de financement pour aider les personnes sidéennes et de la recherche scientifique (Liban s.d.b).

Parmi les 25 000 jeunes volontaires qui suivent une formation en secourisme avec la Croix-Rouge libanaise chaque année, environ 120 devraient avoir suivi une formation portant précisément sur le VIH le sida, d'ici la fin de 2002 (Fédération 8 mai 2002).

En 2001, l'ONG française Sidaction a subventionné la création d'un groupe de soutien pour les personnes séropositives au Liban (Daily Star 5 déc. 2003). Selon une travailleuse sociale de Soins infirmiers et développement communautaire, l'ONG qui gère le groupe de soutien est [traduction] « le seul endroit où [les personnes séropositives] peuvent parler du sida librement et sans honte » (ibid.). Mustafa al-Nakib, directeur du Programme national de contrôle du sida, affirme que, dans tout le Moyen-Orient, le Liban est un des pays les plus « proactifs » quant aux stratégies anti-sida (ibid.).

Soins infirmiers et développement communautaire, qui offre gratuitement des soins de santé aux pauvres, a créé le premier service d'écoute téléphonique en 1994 (IPS 22 juin 2001). Selon un article paru dans le Daily Star, il y a six services d'écoute téléphonique au Liban et plus de 15 ONG qui mènent une campagne de sensibilisation sur le VIH et le sida (Daily Star 5 déc. 2003). Certaines ONG visent des groupes qui pourraient être particulièrement à risque, tels que les prostitués, les consommateurs de drogue et la population homosexuelle (ibid.; OMS 3 oct. 2002).

Le Programme national de contrôle du sida, en partenariat avec plusieurs ONG, a déjà organisé plusieurs activités de sensibilisation (Liban s.d.d); par exemple, un forum télévisé auquel ont participé 2 000 jeunes et des personnes clés dans la lutte contre le sida, ainsi que plusieurs politiciens libanais (ibid.). Il convient également de signaler les affiches placées aux arrêts d'autobus du grand Beyrouth afin de faire de la publicité pour trois services d'écoute téléphonique en matière de VIH et de sida ainsi que des chansons encourageant la prévention composées par des artistes populaires libanais (ibid.). Un autre exemple, qui remonte à l'été 1998, est l'importante vente aux enchères financée par la femme du premier ministre libanais et dont les profits ont été versés à des personnes sidéennes gagnant un faible revenu (OMS déc. 1998).

Société et séropositivité

Le fait que le VIH et le sida soient toujours un sujet tabou tant au niveau religieux que culturel au Liban rend le combat encore plus difficile (Daily Star 5 déc. 2003). Malgré la confidentialité garantie des résultats, plusieurs Libanais sont [traduction] « gênés de subir des tests de dépistage du VIH » (Kaiser Network 19 juin 2003). De plus, dans plusieurs communautés, il est [traduction] « interdit » d'informer les gens sur la sexualité (ibid.).

Le problème de discrimination sociale contre les personnes séropositives s'étend au milieu de travail. Selon le docteur Mokhbat :

[...] plusieurs personnes séropositives sont renvoyées de leur travail alors que leur emploi n'expose à aucune forme de contamination [...]. Certains patrons sont conscients de cette vérité scientifique et gardent leurs employés, alors que d'autres ne peuvent pas accepter l'idée d'avoir un porteur de virus au sein de l'équipe. Croyez-moi, l'éducation ne joue aucun rôle dans cette mentalité. Les personnes atteintes ne peuvent malheureusement pas cacher leur maladie car elles sont obligées de passer par l'administration de la société où elles travaillent pour que la Caisse nationale de la Sécurité sociale leur rembourse le prix des traitements médicamenteux (L'Orient-Le Jour 2 déc. 2003).

Un sondage effectué auprès de 1 000 Libanais qu'a réalisé le Programme national de contrôle du sida [traduction] « a révélé que 60,6 p. 100 de la population était en faveur de la publication du nom de tous les patients séropositifs afin de permettre à la population de mieux se protéger » (Daily Star 5 déc. 2003).

Risque de crimes d'honneur

Aucune information sur le risque d'être tué dans le cadre d'un crime d'honneur pour une personne séropositive ayant eu des relations avec des filles au Liban n'a pu être trouvée parmi les sources consultées par la Direction des recherches dans les délais prescrits pour la réponse à cette demande d'information.

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l'aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais prescrits. Cette réponse n'apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile. Veuillez trouver ci-dessous la liste des autres sources consultées pour la réponse à cette demande d'information.

Références

Africa News Service. 23 février 2001. « IOM Launches Study on Trafficking in Ethiopian Women ». (NEXIS)

Agence France Presse (AFP). 20 février 2003. Assaad Abboud. « Propagation alarmante du sida au Proche-Orient ». (NEXIS)

CIA World Fact Book. 1er janvier 2003. « Lebanon ». [Date de consultation : 14 avr. 2004]

Daily Star [Beyrouth]. 5 décembre 2003. Rhonda Roumani. « Coming Clean on AIDS is Key to Preventing Epidemic ». [Date de consultation : 8 avr. 2004]

Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge. 8 mai 2003. « Moyen-Orient et Afrique du Nord - Activités ». [Date de consultation : 8 avr. 2004]

Inter Press Services (IPS). 22 juin 2001. Reem Haddad. « Health-Lebanon: Sex and AIDS Hotline Cuts Across Cultural Taboos ». [Date de consultation : 8 avr. 2004]

Kaiser Family Foundation. 19 juin 2003. « Lebanon's HIV/AIDS Awareness "Still Rudimentary," Lebanese AIDS Society Founder Says » [Date de consultation : 8 avr. 2004]

Lambda Legal. Juin 1997. « HIV-Related Testing Requirements and Restrictions for Entry into Foreign Countries ». [Date de consultation : 8 avr. 2004]

Liban. S.d.a. Ministère de la Santé. « List of NGOs ». [Date de consultation : 8 avr. 2004]

_____. S.d.b. Ministère de la Santé. « AIDS Program - Background ». [Date de consultation : 8 avr. 2004]

_____. S.d.c. Ministère de la Santé. « AIDS Program - Background ». [Date de consultation : 8 avr. 2004]

_____. S.d.d. Ministère de la Santé. « AIDS Program - Activities ». [Date de consultation : 8 avr. 2004]

M2 Presswire. 28 juin 2001. Selim Tadmoury. « Lebanon ». (NEXIS)

Organisation mondiale de la Santé (OMS). 2003. « World AIDS Campaign 2003: Fact Sheets ». [Date de consultation : 8 avr. 2004]

_____. 3 octobre 2002. « Progress Report on Acquired Immunodeficiency Syndrome (AIDS) in the Easter Mediterranean Region ». [Date de consultation : 8 avr. 2004]

_____. Décembre 1998. Eastern Mediterranean Region AIDS News. « Auction Sale in Lebanon ». [Date de consultation : 8 avr. 2004]

L'Orient-Le Jour [Beyrouth]. 27 février 2004. « Développement - Un document sur le sujet a été publié en novembre dernier ». (NEXIS)

_____. 2 décembre 2003. « La grande misère des malades du sida au Liban ». (NEXIS)

Autres sources consultées

Sites Internet, y compris : Amnesty International, Bureau du coordonnateur global sur le sida, Département d'État des États-Unis, European Country of Origin Information Network (ECOI), Human Rights Watch, World News Connections (WNC)

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