Le nombre de personnes fuyant le Burundi vers les pays voisins dépasse 300 000
Les capacités d'accueil dans les pays comme la Tanzanie, le Rwanda, l'Ouganda et la République démocratique du Congo sont totalement débordées, prévient le HCR.
GENÈVE – Le nombre de personnes fuyant la violence, les menaces, les exécutions extrajudiciaires, les enlèvements, la torture et la persécution au Burundi a passé la barre des 300 000, a annoncé aujourd’hui le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés.
Ce triste cap est atteint quelque 18 mois après que la crise politique a éclaté dans ce pays d’Afrique centrale en avril 2015.
Bien que le nombre de départs ne soit, de manière générale, pas aussi élevé qu’en 2015, il y a eu un flux constant cette année, dont plus de 20 000 en juillet et août. La majorité des personnes fuit les provinces de Kirundo, Makamba, de Cibitoke, de Rumonge et la ville de Bujumbura en quête d’asile ou de protection internationale.
Le HCR s’attend à ce que le nombre d’arrivées augmente encore au cours des mois qui viennent. Il est cependant à craindre que les pays voisins, la Tanzanie, le Rwanda, l’Ouganda et la République démocratique du Congo, de même que les organisations humanitaires comme le HCR, rencontrent des difficultés pour continuer à fournir des abris, une protection et des services essentiels suffisants.
« Les capacités d’accueil de ces pays sont totalement débordées et la situation reste très difficile pour de nombreux réfugiés qui comptent une majorité de femmes et d’enfants », a déclaré le porte-parole du HCR William Spindler lors d’un point de presse à Genève vendredi (23 septembre).
Ces tendances inquiétantes continueront tant qu’une solution à la crise politique au Burundi reste hors d’atteinte, a-t-il ajouté, avec des conséquences humanitaires considérables au Burundi et dans la région.
« Afin d’assurer que les réfugiés bénéficient de l’aide et de la protection dont ils ont besoin, le HCR appelle la communauté internationale à poursuivre ses efforts de paix et à renforcer son soutien aux pays d’asile, en particulier dans les domaines des abris, des services de base, de l’éducation, de la santé et des moyens d’existence », a précisé William Spindler.
La Tanzanie accueille actuellement 163 084 réfugiés burundais, soit le nombre le plus élevé de la région. Alors que l’afflux continue, le HCR est en pourparlers avec le gouvernement pour identifier d’urgence un quatrième site pour établir un camp à l’ouest du pays afin d’alléger l’engorgement des autres camps. Des ressources sont toutefois indispensables pour fournir une protection et une assistance de base.
Au Rwanda, environ 70% des 81 000 réfugiés burundais vivent dans des abris d’urgence qui commencent à se détériorer.
« La moitié des réfugiés burundais au Rwanda sont des enfants, dont beaucoup sont arrivés non accompagnés ou séparés de leur famille », a indiqué William Spindler. « Le HCR et ses partenaires concentrent leurs efforts pour rechercher les membres de famille, organiser la réunification familiale et trouver des mécanismes alternatifs de prise en charge pour ces enfants ».
Ailleurs, les ressources sont également sous pression en Ouganda, qui accueillait 41 938 réfugiés fin août. Chaque mois, 1 000 à 3 000 nouveaux réfugiés arrivent et il faudrait d’urgence davantage de cliniques de santé.
Une vague de Burundais, presque 4 000, est arrivée en République démocratique du Congo entre juillet et mi-septembre, principalement des femmes et des enfants. Avec le début de la saison des pluies fin septembre, un grand nombre d’abris d’urgence construits dans le camp de Lusenda depuis 2015 nécessitent une rénovation urgente.
Le camp de Lusenda accueille aujourd’hui plus de 21 000 personnes, ce qui dépasse de loin sa capacité de 18 000. Le HCR coopère étroitement avec les autorités congolaises pour identifier un site supplémentaire.
Un nombre plus limité de Burundais a fui vers la Zambie, soit un total de plus de 1 700 depuis avril 2015. La plupart sont à Lusaka, la capitale, en attente d’une réponse à leur demande d’asile. Dès qu’ils obtiennent le statut de réfugié, les réfugiés burundais sont transférés dans l’une des deux installations pour réfugiés où ils se voient allouer un lopin de terre par le gouvernement et bénéficient d’une aide de la part du HCR et de ses partenaires.
Cependant, sans financements et sans soutien, le HCR et ses partenaires vont se démener pour continuer à aider ceux qui ont fui leur foyer, en leur fournissant au moins une aide élémentaire.
Le HCR a demandé 175,1 millions de dollars pour la réponse humanitaire au Burundi en 2016 et n’a, à ce jour, reçu que 4,7 millions de dollars, soit environ 3%. L’agence des Nations Unies pour les réfugiés remercie les donateurs pour la générosité manifestée jusqu’à présent tout en appelant d’urgence à des financements supplémentaires.