« Nous allons dans la bonne direction, c’est maintenant qu’il faut soutenir nos efforts »
Tel que souvent décrit sur ce blog le Guichet Unique est un espace physique au cœur de Niamey au sein duquel sont regroupés l’ensemble des acteurs engagés auprès des réfugiés urbains. La création du Guichet Unique en 2013 visait à améliorer pour les réfugiés l’accès aux services dont ils ont droit en réduisant leurs frais de transport et en créant des dynamiques communes entre l’ensemble des partenaires réunis au sein de mêmes locaux. Handicap International (HI) est en charge du Guichet Unique depuis mai 2015 ; Madame Hannatou HASSAN est la responsable de l’intervention pour l’ONG. Petit bilan de ces six derniers mois.
Madame Hannatou, alors que le Guichet Unique est un lieu fixe, Handicap International a mis de la mobilité dans son approche. Pouvez-vous nous expliquer pourquoi et comment?
Il était important que le Guichet Unique soit également mobile pour pouvoir toucher les ménages des refugiés les plus vulnérables qui ne peuvent pas se déplacer en raison du peu de moyens financiers, d’une maladie, ou d’un handicap. C’est la raison pour laquelle HI a innové une approche territoriale et de proximité. Des agents sociaux sont répartis dans les cinq communes que compte Niamey et disposent de motos et de deux véhicules prêtés par l’UNHCR afin d’atteindre les ménages. Ils réalisent des visites à domicile afin de vérifier le degré de vulnérabilité des ménages et les aider à trouver des solutions. Les victimes de violences basées sur le genre et les cas de traumatisme suite au conflit bénéficient à domicile de counseling à travers l’agent psychosocial et dans le respect des principes de confidentialité et du non nuire.
A côté des agents sociaux, sur quel maillage communautaire vous appuyez vous ?
Notre intervention s’appuie sur les volontaires communautaires, eux-mêmes réfugiés, qui assurent le relais et constituent l’interface entre l’équipe du projet et leur communauté. Nous collaborons aussi avec d’autres structures communautaires telles que les comités de représentants des réfugiés maliens et d’autres nationalités, les comités de protection, les clubs de jeunes et les leaders traditionnels. Ces structures qui travaillent étroitement avec l’équipe du projet et l’ensemble des partenaires du Guichet Unique jouent un rôle très important dans la mobilisation, le partage d’informations et la sensibilisation.
Après ces 6 mois, quels sont les principales réussites de votre approche ?
Cette double approche, un Guichet Unique fixe, combinée à l’approche de proximité territoriale a permis aux réfugiés de mieux connaître tous les services offerts par les différents partenaires. Cette approche a aussi permis de mettre en place un dispositif d’accompagnement social personnalisé qui permet d’ajuster notre réponse en fonction de situations automatiquement diverses. C’est-à-dire que notre accompagnement peut aller de l’appui vers l’autonomisation à l’identification et la réponse pour des personnes à risque qu’ils soient des enfants, des personnes handicapées ou autres personnes à besoins spécifiques. Pour ces personnes à risque nous travaillons au besoin avec des structures externes pour le référencement.
Niamey est une ville de plus en plus chère, et une enquête commanditée par l’UNHCR révélait que parmi les réfugiés maliens ceux de Niamey étaient les plus vulnérables. Comment travaillez-vous sur cette problématique de la vulnérabilité ?
Il est vrai que nous mesurons quotidiennement la vulnérabilité des réfugiés urbains de Niamey. Nous menons des enquêtes sociales qui informent sur toutes les dimensions de la vie des ménages c’est-à-dire leur composition, leurs sources de revenus, leur accès aux services de base ou encore leur sécurité alimentaire. A partir de cette évaluation assez précise des besoins, mais aussi des compétences, nous mettons en place notre appui s à travers la définition de projets personnalisés de réinsertion sociale. Nous avons pour cela un fond de « réinsertion sociale » qui a pour objectif de financer certaines activités personnalisées et établies par le réfugié avec l’appui de l’agent chargé de l’accompagnement personnalisé. Cet agent peut-être un agent social, un agent psychosocial ou un agent socio-économique. Nous avons aussi un autre fond, le fond « d’appui direct au cas par cas » qui a pour objectif d’apporter un appui individuel et ponctuel aux personnes les plus vulnérables ayant d’importantes difficultés à répondre à leurs besoins de base notamment dans les domaines du logement ou de l’alimentation.
Quels sont les principaux défis que vous allez devoir surmonter dans les mois à venir?
Dans une dimension collective, du travail reste à accomplir pour améliorer l’accès des réfugiés aux services existants dans la ville de Niamey qui sont ne l’oubliant pas limités tant en termes de quantité que de qualité. Au niveau individuel, l’accompagnement personnalisé suppose de toujours améliorer tant le ciblage que la définition des besoins pour au final aller autant que possible vers l’autonomisation. Nous avons déjà enregistré des résultats plus qu’encourageant mais aujourd’hui la difficulté à laquelle font face tous les acteurs engagés auprès des réfugiés maliens est celle de la réduction constante des financements. Nous allons dans la bonne direction, c’est maintenant qu’il faut soutenir nos efforts.
Le bureau des plaintes du Guichet Unique : un outil pour améliorer les services à destination des réfugiés
En avril 2014, dans le cadre du Guichet Unique de Niamey, l’UNHCR a mis en place un mécanisme de gestion des plaintes. Ce mécanisme vise à permettre aux réfugiés de formuler une plainte sur les services qui leur sont offerts et de disposer en retour d’une réponse appropriée. Il permet aussi d’augmenter la redevabilité de toutes les structures à l’égard des réfugiés.
La troupe de théâtre participatif du Guichet Unique de Niamey s’équipe
Accompagnée depuis plusieurs mois par l’ONG Search For Common Ground grâce au soutien financier de BPRM (Gouvernement des Etats Unis), la troupe de théâtre participatif des jeunes leaders réfugiés maliens de Niamey prend aujourd’hui une nouvelle dimension. En recevant un appui en matériel (instruments de musique, générateur, sono, matériels de délimitation de l’espace scénique) cette troupe de jeunes acteurs dynamiques s’émancipe progressivement pour pouvoir se produire de manière autonome et se rapprocher encore plus de leur communauté. Cette dotation est avant tout le fruit du sérieux et de l’engouement de ces jeunes réfugiés cherchant à être à la fois acteur sur scène et acteur dans la vie de leur communauté en utilisant le théâtre pour questionner et transformer, à travers le rire, les situations à risque et les conflits.
La troupe de théâtre participatif du Guichet Unique de Niamey.@SFCG
Improving Client Satisfaction: Urban Refugees Given the Right to Complain
Refugees can express their grievances and formally lodge a complaint against the staff and the agencies operating in the Guichet Unique (Cadev, CNE, Save the Children, UNHCR). Three independent legal workers are in place to register the complaints and transmit them to special committees that will examine and find a resolution to each individual and collective case presented to them. The objective of the complaints mechanisms is to prevent and respond to potential abuses that affect the rights of the refugees. The new initiative aims at improving the delivery of services in the Guichet Unique and monitoring the quality of partnerships as well as the level of satisfaction of refugees to our programme.
Les réfugiés urbains à Niamey ont enfin un espace qui leur est consacré. Emmenée par Save the Children, la Cadev, la CNE et l’ UNHCR, l'ouverture du Guichet Unique permet désormais aux réfugiés urbains d’accéder à de nombreux services. Le Guichet Unique est un lieu d’accueil, d’information et d’orientation où tous les réfugiés à Niamey peuvent accéder à des services pour défendre leurs droits et améliorer leurs moyens de subsistance.
Save the Children International y est responsable de la protection des enfants, des violences basées sur le genre, des personnes à besoins spécifiques et des moyens de subsistance. Ainsi, après une évaluation rapide des besoins, l'ONG a identifié les ménages les plus vulnérables afin de procéder à une distribution de 1.120 kits de bien non-alimentaires qui s'est achevée le 16 septembre. Les ménages bénéficiaires ont été individuellement contactés par téléphone et invités à retirer leur kit.
La Cadev, également partenaire de ce projet, fournit une assistance dans les domaines de l’éducation et de la santé.
L'enregistrement régulier et continu est lui assuré par les équipes de la CNE et de l’ UNHCR.
Lors de sa visite au Guichet Unique, le 10 septembre dernier, l'Ambassadeur du Mali au Niger, Monsieur Alhamdou Ag Ilyène, s'est félicité de cette initiative et a chaleureusement remercié les travailleurs humanitaires de leurs efforts au profit des réfugiés.
Mais le guichet unique ne compte pas en rester là. La prochaine étape ? Une distribution mensuelle de cash pour les réfugiés et familles d'accueil les plus vulnérables ainsi que l'ouverture prochaine d'une ligne verte !