Journal Liberation du mercredi 12 mars 2014
Par JEAN-LOUIS LE TOUZET
Envoyé spécial à Bosso et Diffa (Niger)
Les villages du Niger proches de la frontière accueillent de milliers des personnes qui fuient les tueries des islamistes ou les représailles des militaires au Nigéria.
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Au milieu des vastes étendues de sables qui tapissent le camp de réfugiés de Mangaize apparait un coin de verdure : un site maraicher de 1 ha. En y rentrant, la fraicheur tranche avec la chaleur précoce qui commence à frapper le Niger et annonce une saison chaude particulièrement rude.
Plus de 100 personnes, représentant presque autant de ménages, mettent en valeur ce site maraicher. L’appui au maraichage est l’un des axes d’intervention de l’UNHCR au Niger au sein de sa stratégie d’autonomisation et d’autogestion des communautés réfugiés. Il est aussi un levier important pour résoudre le problème de l’inactivité dans les camps et de ses effets sur l’auto-estime, voire sur le développement de comportements déviants.
Ibrahim Iwakane, réfugié et président du site, est maraicher depuis 1979. Ibrahim compare la situation actuelle à celle qu’il a connu en 1984 lorsque la sècheresse est venue frapper le sahel : dans les deux cas le maraichage a été ‘’une bouée de sauvetage’’. Rares sont les réfugiés de Mangaize qui ont pu venir au Niger avec leur bétail. Certains ont dû l’abandonner rapidement à cause des combats. D’autres n’ont pas risqué de prendre leurs bêtes dans une zone connue pour son manque de pâturages et son déficit fourrager structurel.
Ibrahim et son ami Mahamane Solbar, puisatier expérimenté et lui aussi réfugié, s’affairent tous deux à organiser les activités du site. Au-delà de l’accompagnement des ONG (Oxfam et Islamic Relief dans une première phase, ACTED aujourd’hui) et des services déconcentrés de l’Etat Nigérien, l’entraide est forte entre les personnes dotées d’une réelle expérience en maraichage, comme Ibrahim et Mahamane, et celles dont les premiers pas dans cette activité coïncide avec leur arrivée au Niger.
L’espace se sous-divise en 5 parties : une pour chacun des quatre quartiers qui composent le camp et une cinquième pour les habitants du village attenant, le village de Mangaize, preuve de la démarche inclusive mise en place par le HCR et les ONG partenaires mais surtout de la coexistence pacifique entre les réfugiés et la population hôte. Le site maraicher se caractérise d’ailleurs par une démarche résolument tournée vers la communauté : les écoles avoisinantes y viennent pour la réalisation d’Activités Pratiques et Productives permettant aux enfants, réfugiés et non réfugiés, de venir apprendre les techniques de base du maraichage; les plants issus de la pépinière sont disponibles gratuitement pour les réfugiés souhaitant réaliser des jardins de case. Pomme de terre, oignon, carotte, tomate, courgette, salade et chou sont les principales cultures produites. La salade et le chou sont en partie vendus sur le marché hebdomadaire de Mangaize. Les autres cultures sont essentiellement orientées vers l’autoconsommation. Le maraichage joue un rôle important sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle des réfugiés. Il l’est tout autant pour limiter le risque de surendettement qui accompagne souvent la vie d’un refugié : ce qui est autoconsommé n’est pas acheté, et ce qui est vendu permet de limiter la recherche de crédit difficilement remboursable. La pratique du maraichage vient en complémentarité à l’aide alimentaire fournie par le PAM, laquelle à Mangaize se réalise à travers la distribution de coupons (cash voucher) permettant aux refugies de s’approvisionner en vivres de leur choix directement au niveau des commerçants locaux.
Durant la saison des pluies (juin à septembre), les ‘’réfugiés maraichers’’ prévoient de continuer leur activité. A Mangaize, les producteurs nigériens abandonneront le maraichage pour se concentrer essentiellement sur la culture du mil. Chaque année, leur sécurité alimentaire repose sur le niveau des récoltes. Le maraichage d’hivernage, bien que rentable, est une activité complexe et risquée car soumise à des attaques parasitaires nombreuses. Les refugies eux n’ont plus accès à leur terre pour la culture céréalière. Ils espèrent donc pouvoir écouler leur production maraichère sur des marchés locaux qui n’en propose pas. Le HCR et l’ONG ACTED vont les appuyer en ce sens.
Après une première phase d’urgence, l’important aujourd’hui est de consolider les acquis et d’accompagner les réfugiés vers l’autonomisation tout en maintenant une attention accrue sur la population hôte afin de limiter les effets non désirés au niveau local.
DAKAR, Feb 25 (Thomson Reuters Foundation) - Gremah Umara was hoping for a refuge when he, his wife and their two-year-old daughter fled an Islamist militant attack on their village in northern Nigeria and headed over the border into Niger.
Read more ….. www.reuters.com/article/2014/02/25/us-niger-refugees-idUSBREA1O10R20140225